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2022-C--Lc 18, 9-14- samedi de la 3e semaine du CARÊME-moi, un pharisien en prière ?

Année C : samedi de la 3e semaine du CARÊME (litco3s.22)26 mars

Lc 18, 9-14 ; Os 6, 1-6 : je ne prie pas comme. pharisien publicain 

 Première observation : quand quelqu’un a la prétention de se voir parfait, il est facile d’observer que les autres ne sont pas comme lui. Il pense en mode binaire, correct-non correct, blanc-noir. Le pharisien dégage une suffisance qui ne semble pas s’arrêter. Moi, moi, moi, je ne suis pas comme. Le publicain aussi a une certaine suffisance, quoique plus limitée. Lui aussi affirme  je ne suis pas comme

Mon attention se porte sur ce petit mot qui revient deux fois dans le texte : comme. Je ne suis pas comme le reste des hommes, comme ce publicain, comme ce pharisien. Personne n’a besoin de mépriser l’autre pour se valoriser. Personne ne s’innocente en ne s’affirmant pas comme l’autre. Ce comme autant chez le pharisien et le publicain cache une tendance idolâtrique de soi-même profondément enracinée en nous. Les apôtres eux-mêmes se sont disputés pour savoir lequel d’entre eux a le plus de valeur (Cf. Lc. 22,24). Même en présence de Jésus, ils ne parviennent pas à maîtriser cette tendance malsaine à se donner plus de valeur que les autres, à ne pas être comme les autres.

Deuxième observation : ce comme s’applique aussi à chacun de nous. Nos conversations sont parsemées de comme. Ce mot nous colle à la peau. Se comparer fait partie de notre nature. Comme hier, comme l’ancienne version des prières eucharistiques, je ne suis pas comme les autres. Je ne suis pas comme le Christ.

Une tendance commune à toute l’humanité est de se comparer les uns aux autres. C’est un comportement normal chez les humains. Nous avons tous tendance, de façon innée, à nous comparer aux autres. Cela peut réduire nos insécurités, nous aide à nous définir en tant que personne. Nous sommes des êtres de comparaison et de compétition. 

La prière chrétienne ne sera jamais et ne doit pas être non plus une occasion de se mesurer à un autre, de se positionner face aux autres, face à Dieu. Elle ne sera jamais un effort d’être ou de ne pas être comme ou  de se vanter d’être différent. Dans la bouche de nos deux priants, le je ne suis pas comme cache subtilement une sorte de glorification personnelle. Ce comme est une tentation réelle dans nos vies de prière, dans notre quotidien aussi.    

Personne ne prie comme un autre. Comme Jésus. Ce serait pur mimétisme. Personne ne vit la même profondeur de relation à un autre, avec la même intensité sa relation à Dieu. Prier sera toujours une expérience relationnelle que personne d’autre ne peut vivre comme moi. Mon aie pitié de moi ne sera jamais comme celui du publicain. C’est en s’expliquant avec soi-même, en se tournant vers l’intérieur (Etty Hillesum), en étant à l’écoute de soi-même, fidèle à soi-même et non en étant ou pas comme les autres, que mon cri aie pitié de moi, Seigneur, devient rencontre authentique avec Dieu. Personne d’autre ne peut vivre pour moi en présence du Seigneur pour l’écouter et l’adorer. Il n’y a pas de dangérosité plus morbide que ce comme. La dernière phrase de l’évangile est catégorique : Quiconque s’élève sera rabaissé et quiconque s’abaisse sera élevé.

Le message de Jésus dans cette parabole devrait nous apaiser. Il ne nous demande pas de prier comme. Prier comme Jésus est impossible. Il n’évalue pas notre prière en la comparant aux autres. Chacun de nous, au plus profond de lui-même, a cette tendance comme nos deux priants à s’auto-regarder. Je ne suis pas comme.  Abba Poemen dans un des apophtegmes, exprime bien cela : nous et nos frères sommes deux images : lorsque l’un se regarde lui-même et il se voit méprisable, il trouve son frère digne de louange ; mais quand il lui semble être bon, il trouve que son frère est mauvais par rapport à lui.

À chacun, de retourner vers le Seigneur. À chacun de s’efforcer à connaître le Seigneur. À chacun de s’exclamer, dans les mots du poète Giuseppe Ungaretti, contemplant un matin le lever du soleil au bord de la mer, je m’illumine d’immensité. Se laisser immerger dans l’abime infini de Dieu (Angèle de Foligno) sera toujours quelque chose qui m’est propre et ne pourra être jamais comme un autre. Qui ne comprend pas cela est sourd, qui ne voit pas cela est aveugle, précise le grand Bonaventure. AMEN.

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Date: 
Mercredi, 23 mars, 2022

Commentaires

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Merci pour cette réflexion COMME remplacé par "quelque chose qui m'est propre" avec ses hauts et ses bas.

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