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2019-C-Mc 2,13-17- Samedi 1 ière semaine ordinaire- Lévi, touché droit au coeur

Année C : samedi de la 1re semaine ordinaire (Litco01s.19) 19 janvier 

Mc 2,13-17 : Lévi, le voyage qui va du cœur à la main 

Notons d’abord ceci: on ne doit  pas penser que celui qui se nomme Lévi, dont il est question ici, est de fait  l'évangéliste qu'on nomme Matthieu[1], l’auteur de l’évangile. Les exégètes disent que Matthieu, l’évangéliste, était beaucoup plus instruit que Lévi. Lévi n’était pas un intellectuel. Ni André, ni Pierre (Mt 4, 18-19) ne l’étaient aussi.   Il appelle des gens à la notoriété pas tellement noble : des pêcheurs, des collecteurs d’impôt.  Il n’appelle pas des parfaits parce qu’il n’en trouve pas sur sa route.

Une chose est certaine, cette invitation résonne en Lévi comme le plus beau jour de sa vie. Il entend Jésus lui dire qu’il est quelqu’un de précieux à ses yeux. Jésus n’a pas peur de salir sa réputation en s’approchant de Lévi. Il ne passe pas outre comme le lévite et le prêtre de la parabole (cf. Lc 10, 25-37). Passer outre est une tentation toujours actuelle de fermeture à ceux à qui on refuse le droit et la capacité de se reprendre en main. Jésus crée des ponts plutôt que des murs. Le vrai visage de Jésus se voit dans l’appel de Lévi. Dans notre appel à l’épouser. C’est le visage de l'Évangile.

Jésus ne demande pas à Lévi son C.V. S’il a été baptisé ou pas, marié ou pas, bon catholique, chrétien-athée ou athée-chrétien. Il ne lui pose aucune question gênante sur ses antécédents familiaux, s’il est un transgenre, s’il travaille ou pas. Jésus dépasse les catégories sociales usuelles d’embauche. Aucune barrière sociale ne l’indispose. Il s’arrête pour rencontrer un humain avec ses failles et ses forces. Son appel redonne à Lévi une dignité de bienvenue. Désormais, on le regardera comme un voleur repenti. 

Ressentons la joie de Jésus à descendre dans les bas-fonds du cœur pour y apporter la miséricorde de Dieu. Jésus est allé à la rencontre de toutes les pauvretés de l’humanité : matérielle, spirituelle;  et à la rencontre de tout ce qui bafoue la dignité humaine. Humons la joie de Lévi:  il s'est retrouvé sur le chemin de Jésus.

Par son regard sur Lévi, son appel à le suivre, Jésus fait entendre une autre mélodie que celle de l’exclusion. Pour Jésus, un homme couvert de crimes est toujours intéressant, c’est une cible pour la miséricorde (Léon Bloy). La vie toute croche pousse Jésus à s’arrêter. Pour lui, l’erreur et le mal doivent être combattus, mais  l’homme qui tombe ou se trompe doit être aimé  (cf. Jean Paul II, 1978)[2].   

Que Lévi soit regardé par Jésus, c’est un peuple, c’est notre monde, notre Église qui sont regardés par Jésus. C’est nous. Le pape François redit que c’est son sentiment d’être pécheur qui l’a amené au sacerdoce. Jésus n’a pas honte de se faire proche, ami, de ceux qui ont des comportements honteux. Il sait que personne n’est un ange.  Une question surgit en permanence en nous : comment se fait-il que nous tombions si bas dans le non-humain ? Comment se fait-il que nous soyons rendus à des comportements, genre  Daech ?  

Ceux qui sont tombés très bas ont besoin d’être regardés avec cette compassion et compréhension qui abattent et font disparaître toute résistance. Que de personnes ont besoin de compassion et attendent notre compassion envers elles !  Jésus entre en nous avec finesse par la porte de nos failles.  

Aujourd’hui, cette façon de vivre comme celle de Lévi est partout. Elle n’est pas réservée exclusivement à la politique. Songeons à la collusion si décriée, à toutes ces formes de manigance pour obtenir tous les contrats disponibles, récemment déjoués. La façon de vivre de Lévi est omniprésente. La banqueroute d’un vivre ensemble dans le respect d’une justice sociale minimale est observable sans lunettes spécialisées.  Que ferait Jésus aujourd’hui ?

Je donne cette réponse du Pape François : il offrirait un voyage qui va du cœur à la main[3]. Un voyage de démaquillage qui rend beau l’humain. Aujourd’hui, il est plus facile de se maquiller que de rendre beau[4]. Sans accuser ses interlocuteurs, Jésus suggérerait de passer d’un comportement nocif à un comportement humain. De passer du pays de la loi au pays de l’amour. Jésus n’a cessé d’être fasciné par la capacité à se relever que manifestent tant d’hommes et de femmes dans des situations souvent inimaginables (Guy Aurenche).

À votre contemplation : cherchons le diamant qui brille au fond de chaque cœur aux allures les plus repoussantes. AMEN.

[1] Deremble, Colette et Jean, Jésus selon Matthieu, héritage et rupture, Éd. Artège, 2017, p.15 et 168

[3] Wolton, Dominique, Pape François, Politique et société, Éd. l’observatoire, 2017, p.79

[4] Ibid., p. 113

 

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Date: 
Mardi, 1 janvier, 2019

Commentaires

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Comme Lévi,j’ai besoin du regard de Jésus,d’y croire et de savoir le dire aux enfants.

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