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2021-B-Lc 6, 43-49-samedi de la 23e semaine ORDINAIRE- du liquide solide

Année B : samedi de la 23e semaine ordinaire (litbo23s.21) 11 sept.    

Lc 6, 43-49 ; 1 Tm 1, 15-17 : du liquide, c’est solide.      

Le danger en écoutant ce texte comme tous les autres d’ailleurs est de l’enfermer dans ce qu’appelle Maurice Bellet, un texte inerte dont la compréhension est coulée à jamais dans du béton. L’Évangile n’est pas un livre à interprétation unique. Ce n’est pas un « savoir » intellectuel ni une « érudition » intimidante. C’est une Parole vivante qui n’a jamais le même goût, une Parole qui bouge, non statique, en mouvement comme la vie. Depuis deux mille ans, elle rouspète d’être mise en cage. Aucun vaccin n’est capable d’en contrôler ou d’en ralentir sa croissance.  Au commencement était la Parole (Cf. Jn 1,1).   

Nous venons de l’entendre, ce qui est bon est bon qu’il soit planté en terre chrétienne ou pas. Il faut se garder de nos préjugés sur qui sont les bons et les mauvais ou comment classifier le solide du liquide. Tout repose sur la manière dont nous entendons ce qui est bon ou mauvais, solide ou liquide. Nos oreilles n’entendent pas la même chose. Il n’y a pas si longtemps, une parole solide avait le visage du petit catéchisme de notre enfance qui donnait toutes les réponses avant d’entendre les questions. Ce solide ne tient plus la route.

Alors qu’est-ce que le solide, le roc aujourd’hui ? Ma réponse, je l’emprunte à Maurice Bellet, ce prêtre psychanalyste, théologien : ce qui est solide, c’est d’être en chemin, en mouvement. C’est prioriser la personne avant l’institution, bâtir de bonnes relations avec les étrangers en dehors de nos églises.

Une société solide, écrit Arnaud Join-Lambert, privilégie les institutions et la stabilité sociogéographique [alors] qu’une société liquide se caractérise par le primat des relations, de la communication, de la logique de réseau[1]. Autre manière de dire qu’est solide ce qui repose sur des relations toujours fragiles. Ne dit-on pas que le provisoire est une garantie de stabilité ? Ma force est ma faiblesse, dit Paul.

Le roc, une Église solide, a le visage de ce qui est fragile. Dans une lettre ouverte à la presse religieuse de France[2], les auteurs observent que les médias donnent beaucoup de place aux ensoutanés, ces tenants d’une pratique cultuelle vue comme le roc de la foi et peu à ceux qui pressentent ou comprennent l’urgence de sortir de la répétition et de l’enfermement actuel. Pour les tenants d’un christianisme d’avenir, le solide a le visage des fragiles relations humaines et l’abandon du critère qu’on a toujours fait ainsi (Cf. EG no 33).   

L’enjeu majeur de ce nouveau visage du solide est de soigner la rencontre, d’être Église-hôpital de campagne comme le souhaite le pape, de privilégier les personnes plutôt que de « sauver » l’institution. La première caractéristique de cet enjeu est d’être liquide. Bâtir un couple, tisser des liens, prioriser une communication ouverte, favoriser la création de réseaux de solidarité n’est jamais acquis une fois pour toutes. Bref, une Église solide, c’est une Église liquide. 

Le solide ne consiste plus à répéter des formules de foi. C’est d’entrer dans cette grande vision humanitaire que Jésus appelle son Royaume et dont il est le prototype. Quiconque écoute mes paroles qui comme toute parole est fragile, liquide, et les met en pratique […] bâtit sa vie sur du solide et sa fondation est posée sur le roc. Une Église roc est une Église de la rencontre qui sera toujours quelque chose de fluctuant, de liquide parce que le primat est la relation plutôt que la structure organisationnelle.

À votre contemplation. Malgré la laideur du temps, on peut faire beaucoup (Pape François aux jeunes) Il faut désormais, hors sol, sans le sol de l’institution sous nos pas, embrasser une complète précarité comme garantie de durabilité, pour devenir et demeurer solides. Va vers le pays que je te montrerai (Cf. Gn 12, 1). Cette promesse permet de dépasser le désenchantement actuel. C’est en nous appuyant sur le roc de la fragilité relationnelle qu’est assurée la pérennité de l’Église. Jésus est venu, dit la lecture, sauver ce qui est fragile. Saint Bernard écrit que la seule perfection est de se savoir imparfait, fragile. Mais nous souhaiterions qu’il en soit autrement. AMEN.

Autres réflexions sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2020-luc-6-43-49-samedi-23e-semaine-ordinaire-vivre-ou-avoir-la-foi

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2017-lc-6-43-49-samedi-23e-semaine-ordinaire-nous-souvenir-du-roc-jesus

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2016-c-lc-6-43-49-samedi-23e-semaine-ordinaire-avance-en-profondeur

 


[1] Join-Lambert, Arnaud. « Vers une Église « liquide » », Études, vol., no. 2, 2015, pp. 67-78. Le texte se trouve sur le site CAIRN.INFO, puis chercher vers une Église liquide.

 

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Date: 
Mercredi, 1 septembre, 2021

Commentaires

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Tout à fait vrai.
Merci pour ce liquide,cette fragilité à vivre!MA7ZRbXP

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