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2016-C-Mt 14 1- 12- samedi 17e semaine ordinaire -un martyr de la Vérité

Année C: samedi, 17e semaine ordinaire (litco17s.16)
Mt 14 1- 12 : Jean-Baptiste décapité

Une page-photographie de notre monde.  Une page évangélique qui colle parfaitement bien à notre quotidien. Autour de nous, que d’engouement à faire disparaître ceux qui dérangent. Il en était ainsi au temps de Jésus.   Dans nos mémoires, Jean est celui qui a été exécuté parce qu'il a eu le courage de se tenir debout devant des comportements inadéquats d'Hérode. Nous faisons mémoire dans les mots du pape Benoît, d'un martyr de la vérité (audience de  29 août 2012). 

On n'a pas demandé à Jean de renier Jésus. On lui ordonna uniquement, dit saint Bède, moine du IXe siècle, de taire la vérité. Ne pas taire la vérité, comme Jérémie dans la première lecture, est un appel valable pour tous.  Ne pas taire la Vérité parce qu'aucun compromis n'est possible.

Au nom de la vérité, quelqu'un a montré qu'il est le plus grand de tous les prophètes (Mt 11, 9). Le plus grand, né d'une femme. Le saint le plus grand, ainsi l'a canonisé Jésus, a dit dans une homélie le pape François. Plus grand, parce qu'il a baptisé dans les eaux du Jourdain celui qui est plus grand que lui. Plus grand, parce que dans le désert, il a reconnu l'agneau qui enlève le péché du monde. Plus grand parce qu'il a été jugé digne de désigner le Messie et de baptiser l'auteur du baptême. Et le plus grand fut jugé digne de lui rendre le plus beau témoignage (préface), celui d'annoncer le chemin que prendra Jésus. Ainsi s'est achevée la vie du plus grand.

Je note, et c'est significatif, cette finesse de Matthieu qui parle de circonstances atténuantes pour nous inviter à ne pas trop rapidement condamner Hérode qui a agi à cause de son serment, ni la jeune fille parce qu'endoctrinés  par quelqu'un d'autre. Un appel donc à porter un regard de miséricorde, ce même regard qu'il nous est si difficile à porter devant les atrocités dont nous sommes témoins. Le langage de la haine ne représente pas l'esprit de l'évangile. Ne haïssons pas les méchants, ne critiquons pas les fautes de voisins, cachons-les aussi discrètement que possible (Jean Chrysostome)

Cette fine observation de Matthieu que nous pouvons vite étouffer devant l'horreur de cette scène n'est pas une petite perle à mettre au musée, mais un appel évangélique à faire de même pour notre temps. Aujourd'hui, on tue sans pitié dans les rues du Liban, dans l'obscurité de la nuit, récemment dans une église.

Cette perle évangélique à ne pas étouffer, je la trouve dans ces mots étonnants écrits aux meurtriers de sa femme assassinée au Bataclan par le journaliste Antoine Leiris : vendredi soir, vous avez volé la vie d'un être d'exception, l'amour de ma vie, la mère de mon fils, mais vous n’aurez pas ma haine... Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur. Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Le texte ajoute: nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armés du monde.

Cette perle évangélique à ne pas étouffer se retrouve en ouverture de l'année jubilaire quand le pape François invitait de façon pressante hommes et femmes de toutes races, cultures ou religions à faire naître en nous le courage de regarder vers l'espérance.

Mais que devons-nous faire pour faire nôtre cette perle évangélique subtilement énoncée par Matthieu comme pour ne pas nous effaroucher ?   Et je donne le chemin qui nous dessinait notre Évêque en ouvrant l'année de la miséricorde et citant le pape François, en disant oui à faire de nos milieux des ilots de miséricorde dans une mer d'indifférence.  Quel défi évangélique il y a là-dedans !

Je termine par ces mots d'hier écrits par Jean Chrysostome en allusion à la demande de la tête de Jean-Baptiste et qui sont à entendre aujourd'hui : Dieu n’a pas lancé sa foudre. Il n’a pas ordonné à la terre de s’entrouvrir pour y engloutir les convives hideux. Dieu a préféré donner une plus belle couronne au juste et laissait une magnifique consolation à ceux qui dans l’avenir seraient victimes de pareilles injustices. Amen. 
 

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Vendredi, 1 juillet, 2016

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Je lisais ce matin, l'homélie de St Jean Chrysostome en commentaire à l'évangile de ce jour. Il met l'accent sur la modération de ton chez Matthieu qui ne lève pas un doigt accusateur, plein de colère et de ressentiment, mais éclaire ailleurs qu'en leurs auteurs les causes de leurs méfaits. Je crois bien que les auteurs de ces abominations qui s'étendent au travers du monde, perpétrées en grande partie par des musulmans dits islamistes, ne sont eux-mêmes que des jouets dans les griffes de Satan. Ils sont possédés par la haine qui est la marque de Satan. Il s'agit bien d'une possession. J'entendais récemment la mère d'un des assassins du Père Jacques Hamel, dire de son fils que rien ne l'avait prédisposé à passer du côté fanatique et qu'il était comme possédé. Je le crois.
Si nous voulons être disciples du Christ, oui, il faut détester le démon en l'homme et non pas l'homme lui-même. Jésus avait cet avantage divin de pouvoir chasser le démon.
Comment pouvons-nous, nous, le faire?

Il faut à St Jean Chrysostome ce regard de sainteté pour repérer cette modération salutaire chez l'évangéliste.
Car, par ailleurs, combien de fois avons-nous entendu nos prédicateurs nous dire que la cause de la mort de St Jean le Baptiste, c'est la lâcheté et l'orgueil d'Hérode qui n'ose pas de dédire devant ses convives ou plaire à Salomé ou ne pas se heurter à Hérodiade... que la cause est en lui-même son propre péché.

Là où l'un voit la marque de la sainteté et le chemin à suivre dans l'évocation de causes extérieures, d'autres voient celle des causes intérieures, les turpitudes d'Hérode et le chemin à ne pas suivre.

Dans la foi, tout est une question de regard.
Essayons d'élever le nôtre, en effet, comme le Chrysostome nous y invite "Si quelqu'un t'humilie ou t'insulte, tu t'emportes, tu n'hésites pas à traiter ton frère comme un étranger, sans pitié ? Les saints n'agissent pas ainsi : ils pleurent sur les pécheurs, au lieu de les maudire. Faisons comme eux : pleurons sur Hérodiade et sur ceux qui l'imitent."
Pleurons sur Hérodiade, pleurons sur notre humanité capable de monstruosité, demandons pardon au Seigneur comme notre Pape l'a fait hier quand il était au camp de Birkenau

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