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2014-A-Mc 7, 1-13 mardi 5e semaine ordinaire-: Jésus, inventeur d'un chemin royal ?

Année A: mardi 5e semaine ordinaire (litao5m.14)

Marc 7, 1-13 : Jésus, inventeur d'un chemin royal ?

Jésus serait-il l’inventeur d'une nouvelle manière de prier ? De vivre ? Serait-il ce passeur d'une attitude toute extérieure, toute superficielle, des lèvres seulement, à une prière vécue en profondeur, souvent appelée la prière du cœur. C'est la réflexion qui monte spontanément après une écoute attentive de ce passage de Marc. Inventer veut dire découvrir. Jésus indique une voie royale qui mène à la rencontre du Dieu vivant qui est celle du cœur et non des lèvres seulement. Le grand priant qu'est saint Bernard affirme que pour rencontrer Dieu, il faut avancer jusqu'en toi-même pour harmoniser lèvres et cœur. Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi.

Dit autrement, Jésus remet les pendules à l'heure. Il semble dire qu'on peut «négocier» la loi, la mettre à notre main, se servir d'elle pour tout justifier. Pour lui, une tonne de règles ne donnent pas nécessairement les meilleurs résultats. C'est en allant jusqu'en toi-même que nous sommes en mesure de mener une vie de cohésion entre paroles et attitudes, paroles et comportements, le dedans et le dehors, ce que nous croyons et clamons, le cœur et la voix, dit la règle de Benoît.

Aller vers nos profondeurs est l'ambitieux projet auquel nous appelle l'Évangile. C'est un travail jamais terminé. C'est une conversion permanente que de mener une vie cohérente avec ce que nous croyons et clamons, l'extérieur et l'intérieur. Non seulement être authentique mais être vrai dans tout notre être, une démarche à rafraichir sans cesse. 

Inventeur ou simplement perspicace ce Jésus qui affirme qu'il ne suffit pas de prononcer de belles paroles pour que nous en soyons transformés. Affectés. Il ne suffit pas de dire Père, de suivre la tradition des anciens (Mc 7, 5). Souvent, et Jésus observe cela dans son entourage et ferait la même observation aujourd'hui, il y a une mode tendance à chercher dans les Écritures plus de prescriptions morales qu'une vie en harmonie avec celle du Dieu de la foi.  Dans son exhortation sur la joie de l'Évangile, François déplore une trop grande insistance sur le secondaire. Cela fait du tort à l'Église, dit-il. Mettez, dit saint Jacques (1, 11), la Parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter, ce serait vous faire illusion.

Récemment, je lisais quelque chose que je trouve très beau. Un juif très croyant et pratiquant va trouver un rabbin pour lui avouer : On dit de moi que je suis un bigot ! Qu’est-ce que c’est qu’un bigot ? Et le rabbin de répondre : Un bigot, c’est celui qui fait passer l’accessoire avant le principal.  Jésus invite à privilégier le principal et non le secondaire plutôt que d'insister sur le secondaire pour atteindre le principal. L'Évangile ne dit que cela du début à la fin. François ne dit que cela et c'est ce qui fait toute sa renommée.

La perspicacité de Jésus, sa réaction devant l'insistance de son entourage à ce rituel sacré de se laver les mains, est de nous éveiller à entreprendre un pèlerinage intérieur qui conduit jusqu'au tréfonds de nous-mêmes, là où Dieu, l'abba Père (Mc 14,36), habite. Là où la source jaillit. Ce pèlerinage fait peur. Il oblige à traverser des couches de désordres qui y dorment alors que nous agissons en voulant les nier. Il faut éviter de nous cacher ces couches de détritus, éviter d'agir comme les premiers habitants dont parle la Genèse, ils se cachèrent (Gn 1, 31). Éviter de demeurer à la surface des mots que nous disons en priant.

Pour Jésus, et c'est très beau de réaliser cela, toute vie est une liturgie, comme l'exprimait un Père de l'Église du IIIe siècle, Clément d'Alexandrie. Toute la vie, et pas seulement les rituels de prière, englobe la prière. Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, dit l'apôtre Paul, quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu (1 Co 10,31).

À votre contemplation des mots bouleversants d'un soufi, mystique musulman, qui affirme que celui dont la maladie s'appelle Jésus ne peut pas en guérir. Celui dont la maladie est la prière du cœur ne peut pas en guérir tant elle fait partie de son identité. En nous, il n'y a pas d'un coté la prière et de l'autre la vie, d'un coté la foi et de l'autre la religion, il n'y a que la vie devenue prière, que la prière dans la vie. Invitation nous est faite à unir lèvres et cœur, extérieur et intérieur, le dehors et le dedans.  Jésus prévient ses contradicteurs et nous prévient en finale de l'évangile entendu ce matin, sans vie unifiée, vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous vous êtes transmise (Mc 7.13). AMEN.

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Date: 
Samedi, 1 février, 2014

Commentaires

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Merci pour cette vie devenue prière er prière dans la vie....avec toutes ces conversions,conversations,démarche à rafraîchir sans avoir peur.

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