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2013- Lc 12, 35-40 Funérailles- Choisis pour servir

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La mort, c’est la vie qui se recueille, recueillons-nous.

Le but de notre existence n'est pas la mort, mais le Paradis déclarait la 1 novembre dernier le Pape François. Gilles arrive chez lui chez Dieu.  La lecture nous dira tantôt nous lui serons semblables parce que nous le verrons tel qu’il est (1 Jn 3, 2). Il y a des moments difficiles dans la vie mais la mort est un jour de sérénité, de joie tranquille ajoutait le pape François.

Nous sommes ici, regroupés autour de cette grande espérance que la vie n'est pas détruite mais transformée.  Nous sommes ici, formant Église, formant famille autour Marie-Claire, de Marie dirait Gilles, de ses enfants, Louise, Marie-France, Daniel, de ses frères et sœurs, ses amis, pour entendre des paroles presque inaudibles tant elles dépassent nos capacités d'entendement, des paroles que Saint Grégoire le Grand a ramassé dans ces mots inouïs: toi qui es terre, né de la terre, tu montes maintenant au ciel avec le Christ.

Nous sommes ici en chrétiens, en croyants, en mal-croyants, en non-croyants peut-être, invités par Gilles a posé sur lui un dernier geste de grand sens : celui de le conduire à la table de l’eucharistie sans fin. Nous entendrons des paroles mystère de foi. Des paroles que le frère Christophe, moine martyr de Tibhirine, exprimait un peu avant sa mort je suis déjà ressuscité avec le Christ, je peux donc mourir. 

Devenons prière. Devenons recueillement. Implorons pour Gilles, le pardon de Dieu en sachant qu’il est plus facile de nous sauver que de nous perdre, tant est grande, répétait le Saint Curé d’Ars, la miséri-corde de Dieu.  

CHOISIS POUR SERVIR

Dieu dit ...quitte ton pays, tes parents...pars vers le pays que je t'indiquerai (Gn 12,1). Mots-commencement d'un exode vers une terre neuve ; mots-départ des trois grandes religions monothéistes de l'humanité ; mots- passage d'un monde à un autre ; mots promesse d'un ailleurs meilleur.

Aujourd'hui Dieu dit, ce Dieu dont nous parlons plus que nous le connaissons, ce Dieu dont nous nous contentons le plus souvent disait François le pape, de connaître par ouï-dire plutôt que par le coeur, ce Dieu qui a mis en marche Abraham et par lui, l'humanité toute entière, croyants et incroyants, ce Dieu fait entendre à Gilles l'appel à quitter son pays vers le pays que je t'indiquerai.  À entrer dans un terre semblable et dépassant à la fois le premier jardin du monde, ciel nouveau et une terre neuve (Ap 17).

La mort n'est qu'un exode qui après une vie plus ou moins longue, ouvre sur la réalisation d'une promesse que le Nouveau Testament appelle une terre paradisiaque, le ciel de Dieu, là où les mites ne viennent plus ronger nos corps (cf. Mtt 6, 11), où la souffrance n'a pas droit d'accès.

Quand je regarde les dernières années de Gilles monte en moi ce cri de l’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains, un cri-remède, un cri pascal : qui nous délivrera de ce corps mortel, de ce corps de souffrance  (Rm. 7, 24) ? Pour Gilles, comme l’exprimait ce même apôtre : mourir est un avantage (Phi. 1, 21). Sa mort est une pâque, une délivrance tant sa vie ces derniers temps, fut vécue dans un corps de douleurs. Un avantage la mort ? Pour affirmer cela, il faut croire que nos vies ont été rachetées par la mort d’un seul homme Jésus.

Questionné sur le sens de la mort, un enfant qui suivait les cours de catéchèse de sa paroisse, a donné cette réponse inouïe : la mort, c’est ce que l'on donne quand on a tout donné. Il y a tout l’Évangile là-dedans. 

Gilles a signé de sa vie ce que cet enfant disait. Il vient de donner, de nous donner ce qu’il restait à donner : sa vie. Le marxiste Roger Garaudy disait : Si la mort n’existait pas, il nous serait impossible de choisir de faire le don de sa vie. Gilles vient de faire don de sa vie au Dieu de sa foi. Il vient de passer de ce monde à son Père. Il connait maintenant la grâce des grâces, le bonheur des bonheurs : une vie sans souffrance, une vie de plénitude. Tel est notre foi. Tel était sa foi.

Gilles vient d’entrée dans cet « espace neuf » - peu importe où, mais « neuf » - dans cet espèce de vie nouvelle disent les Pères de l’Église, que sa foi lui assurait de rejoindre. Il vient de changer d’adresse, de citoyenneté. Il devient citoyen du ciel,  membre de la famille de Dieu (Ep. 2, 20).

À la veille de sa Passion, Jésus a légué en actes et en vérité deux gestes qu’Il a explicitement demandé à ses disciples de « faire » au sens fort du mot : l’un à son exemple, Je vous ai donné l’exemple. C’est celui du lavement des pieds, signe du service; l’autre en mémoire de lui, faites cela en mémoire de moi. C’est celui de l’eucharistie, signe d’une vie nourriture.

Ces deux gestes photographient tout l’itinéraire de ce que Gilles a été pour Marie-Claire, ses enfants, ses amis. Il a exécuté toute sa vie, ce testament de Jésus, ce « service par en bas » et le « service par en haut ». Il entend le Dieu de Jésus-Christ lui dire : serviteur fidèle, entre maintenant dans la joie de ton Maître.

Rendre service a été sa manière de voyager dans la vie, sa règle d’or et en or. Pour lui, servir était autre chose que de « faire quelque chose », autre chose que « d’agir ». C’était son être profond. Il n’attendait pas qu’on lui demande quelque chose, il devançait nos demandes. C'était monsieur dépanneur. Il ne vivait que pour rendre service sans préciser toutefois le moment de sa réalisation, ce qui exigeait une dose de patience. Il a pris au sérieux la réponse du catéchisme de son enfance. Nous avons été crée pour Le connaître, L’aimer, Le servir

Permettez-moi une anecdote. Sa rapidité légendaire à me devancer pour « tout faire » à ma place, m’a valu ainsi qu’à Marie Claire l’une des scènes les plus mémorables, celle de le voir un jour descendre les marches de son patio avec ma voiture. Empressé à me devancer, il avait tout simplement oublié qu’elle était manuelle.

Cette vie vécue en état de service, en état de course pour dépanner, toujours avec joie, s’est transformée ces dernières années en une vie offrande de sa souffrance de plus en plus pénétrante, insupportable aussi. Dieu voulait qu’il termine sa vie dans son sacerdoce. C’est la mission que je lui confiais en 2006, au terme d’un week-end de ressourcement choisis pour servir. Je lui confiais d'offrir sa souffrance au service de l'Église. Des pépites d'or tombèrent alors de ses yeux et de ceux de Marie-Claire. On écrivait suite à son décès- et cela confirme qu'il a assumé cette mission: Il a beaucoup souri pendant ses heures d'agonies.

Nous sommes ici maintenant pour lui offrir « le salut par en haut » qu’est cette célébration.  Ce «salut» qu’il a tellement goûté, recherché. Alors que beaucoup ont l’intuition vaque qu’il y a un « après » à la mort sans trop pouvoir en préciser la nature, Gilles croyait que cet « après » était d’être assis à la table de l’eucharistie sans fin. Cet «après» pour Gilles, était cette invitation d’être dans un face à face amoureux avec Dieu, auprès de Marie, sa mère dont il a porté tout au long de sa maladie, le chapelet à son doigt.   

Pour certains, présents ici, la mort est une porte qui se referme définitivement, elle n'ouvre sur rien. Ce n'était pas la vision, l'espérance de Gilles.

Gilles croyait que Jésus est venu du grand jour de l’Éternité pour introduire dans notre temporel un grand jour éternel (Saint Augustin, lecture du 24 décembre au bréviaire).  Il croyait que de nos pauvres jours qui s’envolent, Dieu les introduit dans la vie éternelle (Augustin Guillerand). Il croyait qu'aujourd'hui dans notre monde est né la vie. Aujourd’hui dans notre mort est semée la vie ( 1ière vêpres de Noël). Il croyait que Dieu se sert de notre condition mortelle pour nous affranchir de la mort (Préface des dimanches #3). Il croyait que nous sommes appelés à renaître, que la vie n’est pas détruite mais transformée (Préface). Il croyait qu’un jour, avec la grâce de Dieu, il obtiendrait les biens du monde à venir auprès de Marie, la Mère de Dieu et de tous les saints (prière eucharistique #3). A bien entendre ces textes, la  mort n’existe pas. Bien sûr, il y a la mort corporelle qui fait pleurer, mais la mort est comme une porte, un passage vers le pays de la liberté.

Comme j’aimerais  que nous soyons en état de foi, en état d’espérance, en état de charité mutuelle, capable d’humer que cette fin de vie amorce un commencement nouveau !

Dans l'Apocalypse, ce livre non de catastrophes mais dévoilement d'un avenir prolifique, il est écrit – et c’est Dieu qui parle par la bouche du prophète - : Un jour  il n'y aura plus de mort ; il n'y aura plus ni deuil, ni lamentations, ni douleur .... je fais toutes choses nouvelles (Ap 21, 4-5). Je ne veux pas vous imposer ces paroles. Je les dépose dans cette corbeille commune où se trouvent mélangés questions, espoirs, peurs et espérance... 

Je termine par ces mots d’un poète dont j’ai oublié le nom : Quelqu'un meurt et c'est comme des pas qui s'arrêtent. Mais si c'était un départ pour un nouveau voyage ? Quelqu'un meurt et c'est comme une porte qui claque. Mais si c'était un passage s'ouvrant sur d'autres passages ? Quelqu'un meurt et c'est comme un arbre qui tombe. Mais si c'était une graine germant dans une terre nouvelle ? Quelqu'un meurt et c'est comme un silence qui hurle. Mais s'il nous aidait à entendre la fragile musique de la vie ?

Merci Gilles pour ta vie donnée. Et je ne crois pas trahir sa pensée si j’ajoute en son nom, merci à Marie-Claire,  ta Marie, d’avoir été pour toi épouse, physiothérapeute, ergothérapeute, infirmière, préposée aux malades, disponible en tout temps parce qu’elle était réponse et présence de Dieu à tes nombreux besoins de fin de vie.  Pour Gilles qui arrive à la Lumière, à l’Amour, à la Vie (Élisabeth de la Trinité), maintenant devenons eucharistie. Amen
 

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Vendredi, 1 novembre, 2013

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