2025-C- jeudi de la 32e semaine ORDINAIRE (litco32j.25)
Lc 17, 20-25 : discrétion étonnante.
Le règne de Dieu vient sans qu'on puisse le remarquer. On ne dira pas : Le voilà, il est ici, ou bien là. Cette re-marque de Jésus est capitale. Le règne de Dieu est le trésor caché dans un champ, la perle fine pour l’achat de laquelle le négociant vend tous ses biens (Mt 13, 44-46). Il est le bon grain qui pousse avec l’ivraie. Il est espé-rance. Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin de l’âge (Mt 28, 20). Sa discrétion étonne.
Il y a un abîme insurmontable entre la culture moderne et le chemin-révélation emprunté par Jésus, celui de serviteur, celui de ne pas occuper le haut du pavé. Jésus ne souffre pas d’un manque de propagande idéologique . Le tapage publicitaire, la visibilité et la gloire ne sont pas dans l’ADN de Jésus.
La marginalisation actuelle de notre foi, nous la vivons avec souffrance. L’abolition possible de la prière dans la rue n’en est que la pointe de l’iceberg. Nous sommes habitués à mesurer le succès de la foi au nombre de participants aux messes du dimanche. Ce chemin est une fausse piste. Parmi toutes les grandes choses que l'on peut dire du Christ, sa plus grande œuvre, sa plus grande merveille fut de ne pas s’imposer. Il s’est fait homme pour ne pas nous effaroucher par sa divinité. Ce qui est petit peut croître et avoir une répercussion immense (Mt 13, 31-32). L’effacement est l’attitude choisie par Jésus comme signe de l’arrivée de son royaume. Que nous aimerions qu’il n’en soit pas ainsi !
Lui qui est de condition divine n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu (Ph 2,6). Un Dieu qui ne serait que tout-puissant, écrit le théologien Ch. Duquoc, ne serait pas un Dieu. Un Dieu écrasant ne serait pas le Dieu manifesté en Jésus. Qui donc est Dieu, si démuni, si grand, si vulnérable (hymne).
Ce n’est pas à une foule que Jésus a fait connaître qu’il est dans le Père et que le Père est en lui (Jn 14, 10). C’est presque dans l’intimité, à voix basse qu’il a confirmé à Pierre qu’il était fils de Dieu.
Notre culture favorise le paraître. Nous sommes tellement entourés d’influenceurs habiles, ratoureux que nous oublions cette remarque de Jésus : nous avons des yeux et nous ne voyons pas, des oreilles et nous n’entendons pas (Mc 8, 18). Nous ne voyons pas grandir la graine de sénevé. Après des décennies où notre Église fut assise dans les plus hautes sphères de la société, nous vivons l’heure de l’effacement qui résonne faussement pour plusieurs d’entre nous comme l’effondrement de la foi.
La bonne nouvelle à retenir est renversante. Elle ouvre sur une nouvelle sagesse, une folie. Il y a un écart entre ce qu’affirme Jésus et la culture actuelle, entre la visibilité et celle de serviteur empruntée par Jésus. Saint Paul ouvre les yeux des Philippiens (4,8) quand il leur demande que tout ce qui est vrai, honorable, juste, pur, aimable, digne de louanges, soit l’objet de vos pensées. C’était nouveau à l’époque et ça le demeure au-jourd’hui.
Question : avons-nous trahi l’évangile en ne regardant seulement que du côté d’une plus grande visibilité ? Un dicton populaire mentionne que pour vivre heureux, vivons cachés. Facile !
Ouvrons les yeux. Cherchons sa trace et son visage. Découvrons-le qui est caché au cœur du monde comme un feu (hymne). Discrétion suprême. Je vous dis la vérité, il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur (l’Esprit-Saint) ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai (Jn 16, 7).
Le règne de Dieu, c’est son Esprit qui nous habite. Quelle discrétion !

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