2025-C- Jeudi de la 29e semaine ORDINAIRE (Litco29j.25)
Lc 12, 49-53 allumer quelque chose.
Quand on veut faire de Jésus le doux Jésus, on oublie plus de la moitié de l’Évangile. Jésus a tenu des propos dangereux qui lui ont valu l’exclusion tant il s’opposait au « Trump religieux » du monde de son temps. Jésus a mis le feu par ses vives réactions. Il a allumé quelque chose comme une étincelle d’espérance, comme une petite flamme de joie, d’enthousiasme, d’émerveillement, réponse à l’anxiété du monde. On demandait un jour à Jean Cocteau : Si la maison brûlait, qu’emporteriez-vous ? J’emporterai le feu. Jésus offre une parole de feu qui est impossible à éteindre.
Les sapeurs-pompiers le savent, c’est la braise qu’il faut éteindre. Mon regard se porte non sur ce qui se voit, le feu qui détruit tout sur son passage, mais sur ce feu invisible qui brûle les cœurs et qui ne se voit pas facilement. Là se trouve caché le feu apporté sur la terre.
Nous observons l’abandon d’une forme de pratique religieuse, d’un ensemble de règles à observer ou de choses à faire. Cela ne détruit pas le feu dans les cœurs. Nous ne percevons pas que le feu dont parle Jésus ne vient pas d’une pratique tout extérieure, il surgit du fond des cœurs. Il ne suffit pas de faire partie du peuple élu ou de l’adorer dans le temple. Par la pratique de la loi, personne ne peut être sauvé (Gal 2, 15). Il faut affirmer sans détour qu’il existe un lien inséparable entre notre foi et le service des pauvres (Dilixi te # 36)
La vie chrétienne, la saveur chrétienne ne repose pas uniquement sur ce qui se voit, sur ce que nous faisons. Ne va pas au-dehors, cherche en toi-même, le feu réside dans l’homme intérieur (Saint Augustin). Ne mettons pas l’Évangile dans un carcan (pape François) de choses à faire en lui enlevant son feu, sa force intérieure, son invisibilité.
Nous courons pour produire, pour prouver, pour ne pas perdre de terrain, mais la vie ne dépend pas toujours de ce que nous faisons[1]. Le pape Léon X1V ajoute il faut aussi savoir se détacher de ce que nous avons pu faire. Nous détacher de ne regarder que dans le rétroviseur du passé ; que de cultiver des nostalgies inutiles[2]. Le feu que Jésus allume prend sens, fermente à partir à partir du cœur comme une graine dans la terre. Il surgit de nos profondeurs, dans ce que nous sommes. Deviens ce que tu es. Ça prend du temps pour ressusciter à l’Évangile. Ça prend un simple coup de vent pour réanimer la braise qui court sous la cendre.
Notre première occupation humaine, notre première « mission » de croyant est de reconnaître ce feu de l’amour, de la charité en acte qui brûle dans tous les cœurs, même les plus blessés. L’ivraie peut devenir du bon grain (saint Augustin). Le feu apporté par Jésus se cache dans nos profondeurs humaines, là où l’espérance jaillit. Voici que je fais toutes choses nouvelles. Ne l’apercevez-vous pas (Is 43, 19) ?
Ce qui est détruit par le feu est le pouvoir de la force, de la richesse, de l’influence sociale et du nombre. Il n’y a plus ni Juif ni Grec ; ni esclave ni homme libre ; ni l’homme ni la femme ; vous n’êtes qu’un en Jésus Christ (Ga 3, 28). Ce qui ne sera jamais détruit par le feu, qui ne s’effacera pas des cœurs (Mt 24,35), c’est le pouvoir de l’amour qui s’abaisse pour servir, pour ne plus vivre que pour nous-mêmes. C’est le feu de la bonté qui unifie et non de la guerre qui divise. Ce que le feu ne détruit pas, c’est la braise sous la cendre.
Découvrons la cendre qui est cachée au cœur du monde comme un feu. Découvrons l’Évangile de la fraternité. AMEN.
Ajouter un commentaire