2025-C- Dimanche de la 25e semaine ORDINAIRE (litco25d.25)
Lc 16, 10-13 : le Dieu des petits riens. Ou la beauté des petits gestes.
Nos sommes tentés par l’aveuglement des grandes choses. Jésus appelle à voir la beauté des petites choses de la vie. À voir des petites flammes (dimanche dernier). L’évangile parle de l’habilité d’un gérant qui, poussé au pied du mur par une vie corrompue, malhonnête, se reprend en se faisant inventif de petits gestes qui font l’éloge de son maître et lui évitent de sombrer dans le désespoir.
Ce qui est malhonnête, c’est de ne pas voir que les moindres choses attirent Jésus. De ne pas voir les sept corbeilles de pain qui restent (Mt 16, 9). De ne pas voir que le grand arbre naît de la petite graine, enfoui dans la terre. De ne pas voir des petits gestes à la portée de tous et qui ressuscitent ceux qui les reçoivent et ceux qui les donnent. Notre vraie richesse se trouve dans notre capacité à semer du beau autour de nous. Chaque jour, nous pouvons apporter un peu de lumière dans la vie de quelqu’un. Être des fils de lumière. Ne sous-estimons pas leur pouvoir.
L’attitude de Jésus devant son gérant malhonnête me dérange. Il ne voit pas l’escroc qu’il est. Il ne s’arrête pas à lui reprocher ses pratiques démoniaques (Ps 100, 3). Pour Jésus, l’ivraie peut devenir du bon grain (saint Augustin). Il se réjouit de voir son gérant se reprendre en main plutôt que de vivre complètement anéanti. Il lui fait miséricorde (1 Tm 1, 15). Parce que as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître (Mt 25, 23). Rien n’est petit quand l’enjeu est si grand.
Le style de Jésus est parsemé de petits gestes qui ont fait beaucoup de bien. Il a fait confiance à une femme samaritaine, doublement exclus à qui il lui révèle qu’il est ce je suis attendu (Jn 4, 3-42). Il redonne un fils à une mère écrasée par sa mort (Lc 7, 11-17). Il guérit le fils d’un centurion romain (Mt 8, 5-13), s’émerveille de sa foi alors qu’autour de lui on s’étonnait qu’il donne tellement d’importance à un non-croyant.
Retenons ceci. Dans un monde où le pouvoir de l'argent domine ou une certaine soif insatiable de grandeur régente l’espace public, nous sommes appelés à dire en paroles et en actes qu'un autre monde est possible au risque de se faire qualifier de rêveurs. Les petits riens comme un simple verre d’eau ne sont jamais insignifiants. La beauté se cache dans l’infime, dans le petit.
La vie chrétienne s’observe dans tous ces petits riens qui sont des moments ordinaires et qui redonnent d’espérer. Parfois, au cœur de ces instants, surgit un éclat de notre humanité partagée. Il n’y a pas de petit geste et si nos gestes nous paraissent petits c’est un signe clair que notre cœur s’est rétréci (Madeleine Delbrêl).
Thérèse de Lisieux a compris la valeur sans prix des petits gestes. Les œuvres éclatantes me sont interdites ; je n’ai pas d’autre moyen pour prouver mon amour que de jeter des fleurs, c’est-à-dire de ne laisser échapper aucun petit sacrifice, aucun regard, aune parole, de profiter des moindres actions et de les faire par amour[1].
Un poète écrit que la beauté des petites choses et autres gestes anodins, c'est un enfant qui court au milieu d'un jardin. C'est le chant d'un oiseau quand on ouvre sa cage. C'est se coucher dans l'herbe et compter les nuages. C'est d'aller comme le vent sans penser à demain. C'est l'appel d'un ami lorsqu'on a du chagrin […] C'est d'entendre ta voix, c'est de prendre ta main, c'est de voir dans tes yeux tous ces milliers de roses[2].
Que vais-je faire pour ne pas sombrer dans le découragement devant les horreurs de notre monde ? Faisons notre part. Posons des petits gestes pour rendre notre monde meilleur. J'ai une vie et quand je partirai d'ici, je veux m'assurer que ce monde soit un peu meilleur parce que j’ai fait du bien. AMEN.
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