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REVÊTIR JÉSUS OU ÉCHANGE DE NOS VÊTEMENTS.

RETRAITE-THÈME: REVÊTIR JÉSUS

  2ième CAUSERIE :  ÉCHANGE DE NOS VÊTEMENTS

 INTRODUCTION :

Le baptême est le sacrement de la transformation de nos vies en celle de Jésus. « En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ » (Gal 3, 27). « Revêtir le Christ ». Sur ce terrain, nos « ondes » affrontent de violentes tempêtes. Je note rapidement que dans Ep6, 10 et 17 Paul parle de revêtir l’armure du Christ et au v. 17 d’ « être revêtu de l’armure du Christ ». Celui qui vit « dans la dépendance du Christ »  comme l’exprime la règle du Carmel doit lutter pour s’appliquer à revêtir le Christ et en même temps à être revêtu par le Christ.

Qu’est-ce que cela veut dire revêtir le Christ ? Benoît XV1 nous offre une piste de réponse en ouverture de son homélie du jeudi saint 2007. « L’écrivain russe Tolstoï raconte l’histoire d’un roi exigeant qui demanda un jour à des sages et à des prêtres de lui montrer Dieu afin qu’il le voit. Ils en furent incapables. Un berger (gens simple)  se proposa à la tâche. Il dit au roi qu’il n’est pas suffisant de voir Dieu. Il faut faire ce qu’Il fait. Questionné sur savoir ce que fait Dieu, le berger suggère au roi de changer ses vêtements royaux pour revêtir un simple habit de pauvre. Le roi accepte. Le berger lui donna alors cette réponse. C’est cela que fait Dieu ». Quelle belle image !

Revêtir le Christ, c’est changé de vêtements. C’est sortir du « pays de l’ombre »,  pas seulement des ténèbres de notre monde, mais surtout sortir de ce « pays de l’ombre » qui existe au cœur de notre cœur. C’est nous comporter autrement. C’est devenir un humain à la manière de « ce seul homme qui n’a pas marcher au coté du chemin » (juif). Jésus a été un parfait humain pour nous suggérer de devenir parfaitement divin… par grâce. Pour nous suggérer de changer de vêtements, Jésus a changé ses vêtements royaux pour les nôtres. « Il s’est abaissé, vidé de lui-même, a pris notre condition de serviteur (Phil 2,8) » Pourquoi s’est-il dépouillé de sa divinité, a-t-il abandonné sa splendeur divine pour se faire l’un de nous s’interroge Grégoire de Nazianze ? Il en donne cette réponde émouvante : « Dieu voulait se rendre compte de ce que  peut signifier pour nous l’obéissance. Il a voulu directement connaître en lui-même ce que nous ressentons, combien il nous est demandé, combien d’indulgences nous méritons (Discours 30; Disc. théol. IV, 6) ».

JÉSUS A CHANGÉ DE VÊTEMENT : ( Jésus est devenu humain)

Dieu en Jésus voulait connaître par Lui-même ce que nous vivions, ce que nous supportions. Il voulait éprouver ce que pouvait signifier cette distance que nous vivions avec Lui depuis notre sortie du Paradis.  « Il s’est fait chair ». Il a changé sa divinité pour notre humanité. Il a revêtu nos vêtements de misérables. Par son baptême sur le bord du Jourdain, Jésus déclarait ouvertement – et je paraphrase Paul aux Galates – « ce n’est plus moi, Dieu qui vit mais l’homme qui vit en moi ». La voix du Père lui a confirmé cela. Dieu s’est rapetissé, devenu petit.

Ce chemin signifiait comme pour le roi tantôt, devenir quelqu’un d’autre. Il lui a fallu apprendre à marcher avec des vêtements qui ne lui convenaient. Qui ne convenait pas à son être profond. Pouvons-nous un instant nous imaginer ce qu’a bien pu éprouver ce Roi qui demandait de voir Jésus et qui a accepté de se changer ses vêtements pour celui d’un pauvre ? Il a fallu ce geste pour l’aider à comprendre Dieu qu’il ne pouvait voir.

C’est cette même expérience qu’a connue Jésus. Il a changé de vêtement. Il a voulu pour un temps devenir ce que nous sommes. Il a assumé la douleur et la joie de l'être humain, la faim, la soif, la fatigue, les espérances et les déceptions, la peur de la mort, toutes nos angoisses jusqu'à la mort. «Il est descendu aux enfers» (Credo), dans nos enfers intérieurs. Il a assumé ce qui était nous jusqu’au bout. Il en porte dans son corps les stigmates. « Ce sont nos souffrances qu'il portait ». Il a voyagé « en humain » jusqu’aux profondeurs extrêmes de la terre, dans l’abîme de la mort. Jésus aurait pu faire sienne la prière de Jonas : «  Du ventre des enfers, j’appelle, tu écoutes ma voix (Jonas 2,3)». Il dégageait des « ondes » pleinement humaines. A ce point humain « qu’il n’était que le Fils du Charpentier (Mtt13, 55; Lc 6, 23) » Tellement humain qu’il fut L’HUMAIN par excellence, tant il était vrai avec lui-même, tant il n’y avait pas de fausseté, d’hypocrisie dans sa vie. « Voici l’homme (Jn 19,5) ».

Le paradoxe : devant cette fragilité de Dieu l’incréé qui s’unit à nous, créée, nous percevons bien que nous sommes en présence de Quelqu’un de très fort.  Il faut avoir de l’étoffe pour vivre avec succès tout ce qui est humain : échec,  trahison, etc. Jésus était ravi de bonheur de savoir qu’il vivait pleinement nos vies.   Nous étions «son Tout». Nous étions TOUT  pour Lui. Il ne vivait que pour nous. 

(faire la volonté du Père)

Il faut aller plus loin. Jésus s’est appliqué à lui-même l’appel à tout quitter.  Non seulement Il a changé de vêtements mais il a aussi changer de Volonté : « Je suis venu pour faire sa volonté ». « Que ton règne vienne. » Il n’existait plus pour lui-même.  Jésus n’avait pas de « volonté propre ». C’était celle de son Père. Il n’avait pas d’identité à Lui. Il n’était qu’un « envoyé du Père » « il montrait le Père ». «  SI je n’accomplis pas les œuvres de mon Père, continuez à ne pas croire en moi. Si je les accomplis, croyez les œuvres (Jn10 37-38) ».  Jésus s’est occupé de son Père et non de Lui. Il s’est soucié d’être content de faire Sa volonté plutôt que de rechercher la sienne. Il est passé de lui-même à son Père. De la recherche soi et à celle de son Père. C’est le Père qui est au centre de l’Évangile. Jésus est second et non secondaire. Il en est le chemin.  Ses ondes dégageaient avec clarté qu’il n’était que fils du Père. Il est né pour vaguer aux occupations de son Père. Tellement un « envoyé » que les vignerons s’empressèrent de Le faire disparaître pour s’accaparer de la plantureuse vigne (Mtt 21,23s)

Ce qu’Eloi Leclerc fait dire à François dans son dialogue avec Frère Léon, s’applique aussi à Jésus : « Ne te préoccupe pas tant de ton âme. Tourne ton regard vers Dieu. Admire-le. Réjouis-toi de ce qu'il est ».  Il ajoute ensuite : «  Ne te demande pas où tu en es avec Dieu. Elève ton regard toujours plus haut, beaucoup plus haut... Accepte d'être pauvre de toi. Dieu est, cela suffit » (LECLERC Eloi, Sagesse d'un pauvre, 13ed, Paris 1984, p.113s)

 SAINT ÉCHANGE

Mais ce mouvement de Dieu qui voulait habiter de l’intérieur nos vies, notre être, n’était pas à sens unique. Il accomplissait ainsi disent les Pères de l’Église un « saint échange ». Jésus en recevant le baptême s’est habillé de nos vêtements. Nous, en recevant le baptême, nous « revêtons le Christ » (Gal 3,27) Nous revêtons  des vêtements de ressuscité. Nous sommes déjà « ressuscité avec Lui (Col 2, 12-14)» si précise Paul, « nous savons plonger dans sa mort ». Mgr Roméro à une très belle formule quand il dit que le baptême nous « ordonne à la Résurrection », la nôtre et celle de notre monde.

Dans une de ces infusions divines, Marie de la Trinité, entendit Jésus lui dire « que la fin de l’Incarnation n’était pas la Rédemption mais l’union au Père » (Marie de la Trinité, Carnet 9 avril 1944, in entrée dans la gloire p.16) Saint échange, admirable échange. Il s’est habillé de nos vêtements pour nous revêtir des siens. Cela exige une transformation de tout notre être. «Vous êtes ressuscités (habillés des vêtements du ressuscité), recherchez les réalités d’en haut, tendez vers ces réalités d’en haut et non pas vers celles de la terre (Col 3, 1-4) ». Passer des réalités d’en bas à ceux d’en haut. « Ce n'est plus moi qui vit, mais le Christ qui vit en moi (Gal 2,2)»  

Voir nos vies culbuter, plonger dans ce mystère «  saint échange » soulève des résistances. Sur ce terrain, les ondes que nous émettons risquent d’être embrouillées.    Ces résistances nous viennent du plus profond de nos personnes. Elles remontent à nos origines. De plus notre culture environnante, celle du « moi », du succès, du pouvoir, nous lance des « ondes » qui nous affectent. Il faut en prendre conscience pour les réduire au minimum ou si nous ne pouvons pas le faire, simplement les offrir à Dieu.

REVÊTIR LES VÊTEMENTS DE DIEU :

Deux chemins s’offrent à nous :

1ier :renonces-tu ?

Dans une de ces petites phrases dites apophtegmes des Pères du Désert, on y lit que « ce n’est pas une grande chose d’être avec Dieu dans la pensée mais c’est une grande chose que de te voir toi-même inférieur à toute créature. Cela conduit à l’humilité ».  L’un des signes que nous revêtons les vêtements de Dieu c’est  « lorsqu’on se déclare le dernier de tous, non de paroles seulement et comme du bout des lèvres mais dans un sentiment intérieur du cœur (Cassien) ».

Silouane à la suite des Pères du désert indique que la voie pour vivre l’Évangile est  de « se voir inférieur à toute créature. » Il ajoute : « il faut beaucoup d’effort pour garder l’Esprit du Christ ». Beaucoup d’effort pour vivre dans un état permanent d’humilité. Le mot n’a pas bonne odeur tant il est mal compris. Paul écrit aux Philippiens : « il faut regarder les autres comme étant au dessus de vous-même » (Ph2,3) »

Pour s’habiller des vêtements de Jésus, il faut cette capacité d’enfouissement dans un autre. Qu’est-ce que l’enfouissement ? Saint Silouane répond : « c’est se mettre au dessous des êtres sans raison » (cité par Jean Claude Larchel, saint Silouane d’athos ed. cerf, p.57)  Ici, nous sommes plus experts en paroles qu’en actes. Pour nous habiller des vêtements de gloire que nous offre Jésus, il faut descendre de plus en plus. Il y a une kénose, un dévêtir incontournable avant de nous revêtir du Christ.  Dans son homélie du Jeudi saint 2007, Benoît XV1 rappelait que le baptême nous donne les vêtements du Christ qui ne sont pas extérieurs.

Nous dévêtir du mal qui est en nous. Je sais que ce mot n’a pas bonne odeur. Nous avons du mal à reconnaître que le mal nous habite. Renoncez n’est pas évident. Renoncer à tout ce qui a pris dans notre vie la place de Dieu, la place de ce « merveilleux conseiller » dont parle Noël. Ce n’est plus le vieil homme qui vit mais le « nouveau ». Renoncez-vous ?  Renoncer à nous-mêmes, à « nos appétits (Jean de la Croix)», déposer, remettre nos vies entre les mains du Père. « Je vis mais ce n’est plus moi qui vit en moi (Gal 4,2) ». Dans le baptême, il y a un engagement à nous quitter, une acceptation d’une sorte de mort de notre moi.

Aux Éphésiens, Paul en fait une exigence non négociable : «Il s'agit de vous défaire de votre conduite d'autrefois, de l'homme ancien qui est en vous. Adoptez le comportement de l'homme nouveau, créé saint et juste dans la vérité, à l'image de Dieu. Débarrassez- vous donc du mensonge, et dites toute la vérité à votre prochain, parce que nous sommes membres les uns des autres. Si vous êtes en colère, ne tombez pas dans le péché (Ep 4, 22- 26) ».

Le catéchisme  de l’Eglise #537 affirme que « le chrétien est sacramentellement assimilé à Jésus : il doit entrer dans ce mystère d’abaissement humble et de repentance, descendre dans l’eau avec Jésus pour remonter avec Lui ».

S’habiller des vêtements du Ressucité a un prix : nous dévêtir du vieil homme. De nos « moi ». Sans cela, nous émettrons des ondes qui risquent de distraire plutôt qu’invitation à devenir Évangile.

Dans son journal spirituel, le bonheur d’aimer Dieu, Jeanne Schmitz-Rouly (1891-1970), répète sans cesse «  c’est quand je n’existe plus qu’IL existe ». Qu’elle ineffable réalité que ce détachement du moi qui ouvre sur une union mystique, une union nuptiale! Quelle inexprimable bonheur dirait Jean de la Croix, que de « devenir vous-mêmes les bourreaux des contentements, vous mortifiant si d’aventure il reste quelque chose qui doivent mourir et qui s’oppose à la résurrection intérieure (Lettre 7) ».

Quand je m’exprime ainsi et que j’observe en même temps le degré actuel d’obsession de notre « moi », j’ai l’impression de me retrouver devant un Goliath qui appelle à être tué en nous. Et un tout petit David avec deux petits cailloux anodins qui réussira à l’abattre. C’est l’extrême vulnérabilité de David qui a tellement sécurisé Goliath qu’il n’a pas vu venir le coup. « Ma faiblesse est une force » disait Paul. Pour revêtir les vêtements de Ressuscité, il faut maintenir dirait Silouane « notre esprit en enfer », en état de combat permanent. Il ajoute «  ne désespère pas ». La victoire est certaine. Le plus grand exploit qui puisse nous arriver, c’est d’assumer pleinement que nous sommes imbus de nous-mêmes et que sur ce terrain, nos ondes ne transmettre que nous-mêmes.

  2ier nous revêtir de beauté.

Si vous êtes allergiques au mot «  renoncer » opter pour celui plus dynamique de choisir le Christ. Si je choisis, je renonce. Dans le Baptême nous choisissons de nous laisser « modeler sur le corps glorieux de son Fils » (Cyrille de Jérusalem). Nous avons été tiré de la terre pour nous revêtir, par grâce, de sa beauté.  Grain de poussière, nous sommes devenus grain de beauté. « Dieu nous a crée pour que nous vivions de sa Beauté » dit Saint Silouane. Le premier appel baptismal- avant celui du renoncement-  est de mener une vie de toute beauté. Beauté relationnelle. Beauté de communion. Beauté Trinitaire. Notre premier engagement baptismal est de vivre en état de beauté.

En route vers Cologne lors de son 1er voyage pastoral pour les journées mondiales de la Jeunesse, Benoît XV1 a répondu dans un échange spontané avec un journaliste qui lui posait la question : « qu’allez-vous dire aux jeunes ? » a donné cette réponse : « Je veux leur dire que c’est beau d’être chrétien ». Benoît voulait « affermir » -c’est sa mission de Pasteur- les jeunes dans leur recherche de la beauté de choisir le Christ. À des évêques en visite Ad limina, il leur disait que le catholicisme n’est pas une accumulation d’interdits.  Il ajoutait « il faut être courageux pour parler de la joie qui découle de la suite du Christ »

Choisir la beauté du vêtement du Ressuscité plutôt que de privilégier le « ne pas faire ». Il faut savoir présenter le visage de la beauté qu’est « revêtir le Christ ». Aucun d’entre nous n’est entièrement digne de s’habiller de son vêtement de Ressuscité. Nous sommes loin d’une véritable cohérence qui laisse voir que notre « OUI » est un OUI sans condition.  « Il ne faut pas attendre d’être parfait pour commencer quelque chose de bien » (Abbé Pierre). Jésus est justement venu appeler des « imparfaits », « je suis venu pour les malades ». Pas nécessaire d’être parfait parce que c’est justement cette prise de conscience de nos laideurs qui nous poussent à changer de vêtement. Si nous choisissons une vie en forme de beauté, nous devenons des « christs »… imparfaits mais en marche pour nous convertir à la beauté.

Mais qu’est-ce que vivre en état de Beauté ? En ce temps de tragédies omniprésentes, il peut sembler téméraire que de parler d’une vie menée en toute beauté. Tout baptisé a pour tâches de dévisager les deux extrêmes de toute vie humaine : le mal versus la beauté. Le mal, ne savons ce qu’il est. Mais la beauté, le savons nous ? Dostoïevski  disait que : « C'est la beauté qui nous sauvera. »

Dans notre être profond, nous recherchons cette beauté parce que « de par notre nature, nous désirons ce qui est beau » (Saint Basile). Parce que de par notre nature, non seulement nous sommes à la ressemblance de la beauté de Dieu mais nous manifestons cette Beauté. Saint Maxime le Confesseur précisait que nous recherchons « l’éclat fulgurant de la Beauté divine au-dedans de toutes choses ».  Le beau porte en lui le visage du Logos.  Jean de la Croix disait que la vision de la beauté le rendait aveugle. « Et moi, je ne vois plus, tant la vision de ta beauté me tue ». Si nous nions la beauté d’être chrétien, nous refusons Pâques, de vivre en état de Ressuscité.  

C’est encore Dostoïevski qui écrivait : « L'univers n'est pas obligé d'être beau, mais il est beau ; cela signifierait-il quelque chose pour nous ? La beauté ne serait-elle qu'un surplus, un superflu, un ajout ornemental, sorte de cerise sur le gâteau ; ou s'enracine-t-elle dans un sol plus originel, obéissant à quelque intentionnalité de nature plus ontologique ? » La beauté dont je parle s’enracine dans notre engagement baptismal à revêtir le Christ.

« Pourquoi sommes-nous baptisés, pourquoi Dieu s’est-il fait homme ? – s’interroge Maître Eckhart (sermon 38) .Il donne cette réponse hallucinante : «  pour que Dieu naisse dans l’âme et que l’âme naisse en Dieu. C’est pour cela que toute l’Écriture a été écrite, c’est pour cela que Dieu a créé le monde et toute la nature angélique ; afin que Dieu naisse dans l’âme et que l’âme naisse en Dieu »  Beauté suprême que cette beauté de naître en Dieu. Que de nous laisser choisir par Dieu. De laisser Dieu nous habiller, nous modeler comme de l’argile dans les mains du potier.

Cet appel a développer des comportements de sainteté n’est « ni dure ni pénible parce que celui qui commande aide à réaliser ce qu’il nous commande » (S.Augustin). «  Mon joug – celui de la beauté- est facile à porter et mon fardeau léger » Dire OUI a cette sainte aventure de rayonner de Beauté, de rayonner Sa beauté, vous le comprendrez oblige à l’effacement, à ce renoncement dont je parlais tantôt.

Etty Hillesum, véritable fille d’Israël au destin tragique et bouleversé dont le terme s’appela Auschwitz, sans jamais avoir confessé la foi chrétienne, la rejoignait quand elle écrivait : « les quelques grandes choses qui importent dans la vie, on doit garder les yeux fixées sur elles, one peut laisser tomber sans crainte tout le reste. Ces quelques grandes choses, il faut apprendre à les redécouvrir sans cesse en soi pour s’en renouveler »

Apprendre durant cette retraite à nous demander si nous « gardons les yeux fixés sur elle », si nous veillons à dégager une « beauté qui sauve », qui ouvre à l’Évangile. Revêtir les vêtements du Ressuscité, nous avons peine à savoir ce que c’est. Mais nous vivons de ce merveilleux appel baptismal. Nous n’avons qu’une certitude : « Rien n’est plus froid qu’un baptisé qui ne s’applique pas à être chrétien » (S. Jean Chrysostome).   La beauté de suivre le Christ existe. Elle nous sauve de la désespérance. Elle est éternelle peut-être parce sa nature profonde c’est d’être « splendeur de la Vérité ».

La beauté d’accomplir la Volonté de Dieu

Cette beauté serait incomplète si nous excluons de nous dévêtir de notre volonté pour entrer dans la parenté de Jésus.  « Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux Cieux, celui-là est un frère et une soeur et une mère. » Saint Bernard aimait dire: « ôte ta volonté propre, il n'y aura plus d'enfer ». Il n’y aurait plus de laideur.  Le mystique Tauler (sermon V11) : « Si loin de suivre notre volonté propre, nous voulions systématiquement ce que Dieu veut, nous ne trouverions que des avantages à la vie car elles nous conduiraient à plus d'intimité avec Lui».  Il faut être « fort » « en santé » pour nous en remettre à un autre. Pour dégager une telle beauté.

(Je reviendrai dans la prochaine causerie #3 plus longuement sur cette mystique de remise de notre volonté au Père, de nous y abandonner.)

  PRODUIRE DES FRUITS

Je m’en voudrais avant de conclure d’exprimer que tous ces efforts pour nous revêtir du Ressuscité que sont le renoncement à soi-même, la remise de notre volonté dans la sienne, tout cela n’est pas l’essence de l’Évangile. C’est un moyen de nous purifier de tout désir, de tout attachement qui ternisse nos ondes et nous empêchent d’être des bons émetteurs de Dieu. « Celui qui est uni à Dieu est un même esprit avec Dieu (1 Cor 6,17) ».  Heureux ceux deviennent tellement béatitudes que leur seul présence transmet des ondes de bonheur parce qu’ils sont non seulement unis mais engloutis en Dieu.

CONCLUSION  

Devenir Évangile dans un monde où la haine pousse à la barbarie des dictatures, des massacres comme l’Arménie, les Balkans, la Tchétchénie, le Rwanda et tant d’autres encore passe par  notre capacité de reconnaître dans ces tragédies la présence de l’homme des douleurs. Dieu se tait aujourd’hui encore et dans les horreurs de notre siècle noir nous fait entendre la mélodie de la beauté qui   « n’a plus ni éclat ni beauté pour attirer nos regards, ni apparence pour séduire », dit Isaïe ( 53/2 ).

Le Cardinal Ratzinger avait placé à l’entête de l’un de ses livres cet épigraphe d’Hölderlin et qui ramasse cet appel à nous revêtir des vêtements de Jésus : « Ne pas être enfermé par ce qu’il y a de plus grand, se laisser enclore par ce qu’il y  a de plus petit, voilà ce qui est divin ».

Un chant liturgique « te ressembler » (Alpec) nous dit :

Refrain : te ressembler chaque jour un peu plus, te continuer dans nos maisons, nos rues;

  Être ton corps qui revit aujourd’hui, à chaque endroit ou servent tes amis

Couplets :

Devenir grand en se faisant petit, en s’abaissant pour mieux donner sa vie

En se penchant sur un malade ami, sur un enfant qui pleure dans la nuit.

Être servante à l’autel de la vie, donner son sang comme toi tu le fis,

En s’oubliant pour celui qui gémit, pour le souffrant ou celle qu’on oublie.

Donner son temps comme on donne le pain, en oubliant le geste de la main,

En s’arrêtant à celui qui le tient, reconnaissant les traits de Dieu qui vient.

Du temps maintenant pour Lui ressembler

causerie # 3 : tout quitter

causerie # 5  : les richesses de la pauveté

Autres: 
Date: 
Lundi, 1 juin, 2015

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