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Mt 5, 20-26: une « pré-compréhension » de ce qu’est vivre ensemble.
Il est question dans ce discours sur la montagne d’un environnement pour créer une société où il soit plus facile d’être bon (Peter Maurin). Jésus dessine un projet humanitaire, une manière de vivre ensemble repoussant le chacun pour soi, le moi d’abord. Jésus décrit le contour d’un royaume particulier, d’une royauté à rebours de celle à laquelle nous sommes habitués. Moi je vous dis.
Ce « sermon » n’est pas un tracé plus pointilleux que l’ancienne loi. Il indique un idéal qui s’adresse à tout le monde et qui est comme une « pré-compréhension » de ce qu’est l’amour humain entre nous. Il vise à promouvoir ce dont nous ne sommes pas habitués à entendre. Si tu te souviens que ton frère à quelque chose contre toi. Dit autrement, cela signifie de ne pas hésiter à prendre chez soi celui que Jésus aime. De me réconcilier avec celui que j’ai blessé et non qui m’a blessé.
Ce « sermon » exige un démantèlement de nos manières de penser. Il s’agit de ne plus être des prédateurs (Léon X1V) des autres. Ce « discours » ressemble à celui qu’adressait l’évêque américain Mariann Budde au président nouvellement élu. Elle fut perçue comme une gauchiste radicale.
Plus qu’une conversion personnelle, Jésus propose son rêve pour toute l’humanité. Ce n’est pas un « discours » catholique. C’est un rêve pour notre humanité déchirée. Ce « discours » est un appel à se donner un cœur en paix pour bâtir des chemins de paix dans un monde de guerre ou l’individualisme est la priorité absolue.
Il est triste de constater que dans un monde où les occasions de socialiser se multiplient, nous risquons d’être davantage seuls, toujours connectés, mais incapables de “créer des réseaux”[1]. Ce n’est pas une liste de commandements que Jésus trace, c’est une mission, celle de faire entendre des paroles parfumées (François d’Assise) : jamais l’un sans l’autre, jamais Dieu sans l’homme, jamais l’homme sans Dieu.
La bonne nouvelle se transmet par la vie et non comme un code fixé une fois pour toutes.
Paul s’adressant aux Corinthiens les supplie de ne pas voiler la beauté de cet appel pour refléter la gloire du Seigneur. Bâtir un royaume d’entraide, d’égalité est révolutionnaire. Les exclus seront aux premières loges. Les étrangers ne seront plus des criminels à retourner dans leur pays. Nous oublions facilement que Jésus a pris la défense de la pécheresse qui lui baise les pieds, les arrose de ses larmes et répand un parfum d’un grand prix. Ceux que l’orthodoxie religieuse désignait comme impurs, Jésus en a fait ses amis privilégiés.
Celui qui agira ainsi sera grand (Mt 5,19). La morale nous dit ce qu’il faut faire, l’évangile nous dit ce qu’il faut être. Ce qui est premier, ce n’est pas l’accomplissement des routines religieuses, mais la mise en œuvre de ce grand projet de fraternité universelle que promeut Jésus pour que brille la lumière au milieu des ténèbres.
Faisons notre part. Sortons du souci excessif de nous-mêmes, de nos structures. Refusons une vie de maquillage toute centrée à nous montrer fidèle à une pratique tout extérieure de l’évangile. Moi je vous dis…cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît (Mt 6, 33).
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