2025-C- mardi de la 33e semaine ORDINAIRE (litbco33m.25)
Lc 19, 1-10- : voir et s’arrêter. Zachée
De tout temps, nous cherchons Dieu. Cela s’observe dans de nombreux psaumes : Seigneur, écoute mon ap-pel ; pitié réponds moi ; ne me cache pas ta face (Ps 26, 7-9). Dans toutes les religions, c’est le croyant qui cherche le Dieu de sa foi. Jésus en se faisant l’un de nous opère un renversement à 250 degrés. C’est Dieu qui nous cherche, incluant les moins désirables de la société.
Dès qu’il y a en nous une faille minuscule, presque microscopique à l’œil nu, Jésus y entre. Il le fit pour Barti-mée, devenu disciple de la dernière heure. Il le fit pour Zachée, dont le passé est loin d’être recommandable. Son geste de monter dans un arbre pour voir Jésus peut être jugé puéril. C’est un geste salutaire, un geste commencement d’une vie meilleure, un geste-résurrection.
Ce qui fait grimper Zachée, c’est sa curiosité de voir quelqu’un dont la réputation l’intrique au plus haut point. Tout le monde parlait de lui. On sortait dehors pour voir ce prophète tenant un langage nouveau, qui ne con-damne personne. Surprise, Zachée s’entend dire descend vite, il faut que j’aille demeurer dans ta maison. Jésus anticipe ce qu’il dira au larron : aujourd’hui, tu seras avec moi au paradis (Lc 23,43).
Jésus s’invite chez Zachée, un homme très riche et pourtant très pauvre et à mauvaise réputation. Il s’invite parce qu’il a quelqu’un à accompagner, à sortir d’une vie misérable, d’une vie où il est détesté par tout le monde. Moment salutaire. Je suis venu pour malades. Non seulement lui, collecteur d’impôt, mais toute sa maisonnée est devenue un paradis. Un voleur devient bienfaiteur. Un collecteur d'impôts devient disciple. Sa maison devient maison de Dieu (Ep 2,19).
Ce qui m’étonne dans ce passage et tant d’autres, c’est d’observer un Jésus qui déstabilise l’institution reli-gieuse et ses leaders. Un Jésus pour qui la personne avec ses failles est sa première préoccupation. Il est ce soleil levant pour ceux qui ne voient pas (Hymne). Ce geste est plus qu’un acte humanitaire. C’est un geste-résurrection qui fait de Zachée un homme nouveau. Un nouveau-né. Un geste-boussole pour tout évangélisa-teur. S’assoir, jaser, manger avec. François d’Assise embrasse un lépreux.
Se profile dans cet arrêt de Jésus chez Zachée toute la vie chrétienne. Nous sommes ordonnés à la résurrec-tion du monde, à éviter la mondialisation de l’impuissance dans laquelle nous risquons de devenir immobile, silencieux, tristes, en pensant que l’on ne peut rien faire face à la souffrance .
Ce geste de Jésus de s’asseoir à une table peu orthodoxe dérange et séduit. Il dérange parce qu’il questionne notre éducation insistant sur le « correct ». De nous tenir avec des gens « corrects » qui observent l’enseignement de l’Église. Il séduit parce qu’il montre ce qu’est l’évangile de Jésus. Ce chemin, s’arrêter, ja-ser, s’assoir, manger avec toutes les lèpres du monde est au temps de Jésus subversif. Il le demeure et en-gage tout chrétien à avoir du souci pour les autres. Notre foi en Jésus ne sera jamais une foi limitée à regarder le ciel. On peut voir et passer outre ou voir et ressentir de la compassion.
Je vous laisse en conclusion ces mots du pape Léon dans une homélie récente et qui est le programme-chemin de tous les croyants. Nous ne pouvons pas aimer Dieu, que nous ne voyons pas, tout en méprisant ses créatures. Nous ne pouvons pas non plus nous dire disciples de Jésus-Christ sans participer à son regard sur la création et à son attention pour tout ce qui est fragile et blessé. Dieu nous demandera si nous avons cultivé et pris soin du monde qu’il a créé […] et si nous avons pris soin de nos frères et sœurs. Quelle sera notre réponse ?"
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