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2023-Mt 11, 25-30 - Frère André

Année A : samedi 1ière semaine du temps de Noël (litan01.23)

Mt 11, 25-30 - Frère André.

Allez à Joseph. C’est cette joyeuse acclamation qui le frère André fait entendre à ceux qui s’approchent de lui. Allez. Le mot transforme le malade en marcheur. Il met en mouvement des gens écrasés par le poids de leur souffrance, les décentre d’une vie repliée, oriente leur souffrance vers un « ailleurs » meilleur pour eux, celui de toucher leur foi jusqu’à s’en remettre à la volonté de Dieu. Il ne cherche pas à enlever les épreuves des gens. Il les invite plutôt à bien les supporter, à les vivre à la manière de Joseph dont la vie ne fut pas facile.

Allez à Joseph. Invitation qui nous montre l’intensité de la vie intérieure du Frère André. Elle contient tout son génie prophétique de faire avancer les gens vers un mieux-être en vivant bien leur souffrance. Voyons-nous son génie prophétique en cela ? Pour lui, il n’y a qu’un seul chemin pour guérir les gens, c’est d’orienter les regards vers quelqu’un d’autre en n’excluant pas la souffrance. Il refuse que toute l’attention des gens soit sur lui. Son pouvoir de thaumaturge inclut en priorité son effacement. Ne me regardez pas, regardez Joseph.

Allez, pour utiliser un terme d’aujourd’hui, c’est le business principal du frère André. Sa foi profonde met en mouvement les foules le rencontrant sur la montagne. Ce « pauvre type », souvent malade, à la santé fragile, peu instruit, fait surgir en nos mémoires une nouvelle manière de vivre nos souffrances, celle de l’espérance. Pas évident quand la souffrance nous habite.

Son immense compassion pour les malades se manifeste plus dans ses actes que dans ses paroles. Frère André, imitant en cela Joseph, est un « taiseux » d’une discrétion telle que sans son œuvre, l'Oratoire, nous ne saurions rien de lui. Il gardait tout dans son cœur (cf. Lc 2,19.51). Sans l'Oratoire, rien qui ne vaille la peine d’être écrit sur lui et pourtant ce rien cache le Tout.

Lui, non-érudit, montre Dieu en parlant la langue du Christ, pour citer la belle formule de l'académicien Max Gallo. La langue de la miséricorde, celle de la proximité avec les souffrants, celle de la compassion en étant doux et humble de cœur.  Si quelqu'un a le don de parler qu'il parle. S'il a le don du service qu'il s'en acquitte avec la force que Dieu [lui] communique (cf. 1 Pi 4 9-10). Il sait s'arrêter avec empathie sur la souffrance existentielle de toutes ces personnes qui viennent à lui.

Allez. Le frère André entrevoit comme chemin de guérison, celui de la louange à demeurer en Dieu à la manière de Joseph, quelle que soit la lourdeur du poids que nous portons. C’est l’antidote à la tentation de se plaindre en permanence. Le meilleur remède de guérison. Sa priorité n’est pas de faire des miracles, c’est de rendre les autres capables de bien vivre leur situation douloureuse en prenant le chemin de la louange.

Retournez chez vous, leur disait-il de façon subtile, par un autre chemin que celui de vous emmurer dans une recherche de « solution miracle ». Il invite à un changement de regard qui change tout dans la vie.

Mine de rien, cet illettré anticipe ce qui sera un mot clé dans le message de François, sortir, cesser de se plaindre non seulement (parce que) cela fait du bien, mais transforme notre vie et notre espérance en un chant de louange (cf. EG # 87). Se plaindre est l’un des grands malheurs d’aujourd’hui alors que l’évangile appelle à la louange.  

Bénissons Dieu pour cet homme d’ici qui continue encore, à travers son Oratoire, de susciter le miracle de la confiance. AMEN.

 

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Date: 
Jeudi, 5 janvier, 2023

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