Année A : dimanche de la 6e semaine de PÂQUES (Litap06d.23)
Jean 14, 15-21 : que faisons-nous ici ?
Semaine après semaine, une question monte en moi : que faisons-nous ici ? Que font les chrétiens en terre musulmane ? Que faisait Charles de Foucauld et tant d’autres à vivre dans des endroits hostiles ? L’évangile que nous venons d’entendre donne une piste de réponse : pour apprendre à aimer, pour apprendre à briser les frontières de race, de culture. Il n’y a plus ni Juifs ni Grecs (cf. Ga 3,28). Pour apprendre à vivre sans barrière entre croyants et incroyants, riches et pauvres.
Nous ne sommes pas ici chaque semaine pour bien pratiquer notre religion. Nous sommes ici, ensemble, avec nos différences pour apprendre à aimer, apprendre à nous accepter tel que nous sommes, apprendre à vivre comme Jésus, apprendre à écouter ce que nous dicte l’Esprit de Jésus. C’est plus facile à dire qu’à vivre.
Écouter la parole de Dieu chaque dimanche, pratiquer la religion de notre enfance peut nous aider. Il ne suffit pas d’avoir sous les yeux de bonnes règles et directives. Ce n’est pas en disant Seigneur, Seigneur. Ce qui est décisif, c’est d’agir de manière positive, saine et créative au quotidien. Jésus est pour nous le grand maître de la vie. Nous avons besoin de le savoir, de le sentir près de nous.
La qualité de notre foi, la profondeur de notre foi se laisse voir non par notre présence ici, mais dans notre humanité, dans la qualité de l’humain en nous. C’est la qualité et la profondeur de notre relation à Jésus plus que notre pratique religieuse qui se donnent à voir dans notre humanité, dans la qualité de l’humain en nous. Dieu se donne à voir dans l’humain devenu enfin pleinement humain.
Et être pleinement humain, parfaitement humain, Jésus en indique le chemin : ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à l’extrême (cf. Jn 13, 1). Je demanderai au Père de vous donner un autre Avocat qui sera toujours avec vous, l’Esprit de vérité.
Apprendre est le mode d’emploi du chrétien. Nous n’avons jamais fini d’apprendre à vivre comme Jésus, d’être bon comme lui, ouvert aux autres comme lui, capable de nous asseoir comme lui aux tables des centurions, des samaritains, des Lévi, de ce monde. Pas facile de rompre avec nos mentalités culturelles, tribales qui nous collent à la peau pour revêtir les attitudes de Jésus. Je répète ma question : que faisons-nous ici ?
Réponse de l’évangile : pour recevoir l’Esprit de Jésus. Je ne vous laisserai pas orphelins. C’est la capacité de bien vivre entre nous qui propulse la bonne nouvelle. Les premiers chrétiens ont été tellement ébranlés, interpellés par l’attitude d’ouverture, d’accueil de Jésus qu’ils ont voulu vivre comme lui rapportent les Actes des apôtres. Il ne s’agit pas de réveiller un souvenir du passé : sublime, émouvant, attachant, mais un simple souvenir. Ce que l’Esprit du Ressuscité fait avec nous, c’est d’ouvrir nos cœurs à une rencontre personnelle avec Jésus.
Cette manière de vivre de Jésus n’est pas réservée aux croyants. Les Actes des apôtres parlent d’Apollos, un non baptisé, homme éloquent, possédant bien les Écritures.... Il avait été instruit du chemin du Seigneur dans la ferveur de l’Esprit, il parlait et enseignait ce qui concerne Jésus (cf. Ac 18,24)
Que l’Esprit de Dieu nous rendre toujours de naviguer sur les eaux troubles de notre monde sans nous laisser abattre par les intempéries. AMEN.
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