Année C : samedi de la 20e semaine ORDINAIRE (litco20s.22)
Mt 23, 1-12 : la moelle de l’Évangile.
À regarder la manière de vivre de François d’Assise, il faut conclure qu’il fut un fondamentaliste non pas des Écritures doctrinales, mais sur les Écritures d’un style de vie : ne prenez rien pour le voyage, mangez ce qui est mis devant vous ; travaillez pour votre salaire ; ne portez pas de chaussures. Cela demeure encore aujourd’hui une lecture fondamentaliste pour les chrétiens.
Pourtant, cette page, qui décrit l’agenda pauvre et humble de Jésus, est la moelle même de l’Évangile, pour reprendre l’expression de François d’Assise. Elle doit s’inscrire en tête de notre agenda quotidien. Elle parle de la priorité à être des pratiquants de l’Évangile au lieu de conservateurs de musée, pour citer le pape François. C’est ça, la révolution François d’Assise. Pratiquer au quotidien une forme de vie qui nous fait fondamentalistes non de dogmes, mais d’un style de vie qui met l’accent sur la pratique plutôt que sur la théorie.
Il y a beaucoup de fascination à pratiquer ce que nous croyons. Force est de reconnaître que ce radicalisme évangélique, que cette fascination, risque de ne pas durer longtemps, d’être de courte durée, de s’effacer rapidement de nos mémoires. Il faut éviter de laisser résonner cette page comme une vieille pièce de musique que nous n’entendons plus, parce qu’usée, trop chantée. Pourtant, à bien l’entendre, elle donne de la hauteur à notre quotidien. Elle nous fait vivre notre quotidien comme la quintessence même de l’Évangile.
L’histoire montre qu’un pourcentage assez important de chrétiens n’arrivent jamais aux implications pratiques de leur foi. Nous ne pratiquons pas ce que nous disons croire. Au cœur de l’orthopraxie se trouve la pratique de prêter attention à différentes petites et anodines choses plutôt que d’accumuler des connaissances sur la foi.
François d’Assise résume bien la portée de cette page quand il écrit dans son testament (# 39) qu’il faut pratiquer l’évangile sans glose, sans circonstance atténuante, sans accessoire, sans s’habiller d’un ensemble de mots, comme une boite de choses mortes (Benoît XV1, audience 3 mai 2006), sans se contenter de bien prêcher aux autres cette forme de vie tout en prenant place sur des chaires, haut en honneur et respectabilité. La révolution François fut de prêcher par contagion en vivant simplement le saint évangile sans fioritures. L’exigence d’annoncer Jésus était plus affaire de contagion que de proclamation.
Questions : comment nous connectons-nous à cet esprit, moelle de l’évangile ? Sommes-nous prêts à vivre au-delà des belles paroles, de beaux discours ? Nous voulons vivre l’évangile sans être disposés à lever le petit doigt au moment d’agir. En tant que chrétiens, nous nous contentons de rester des gens de bien sans nous demander si cela suffit. Confesser Dieu, ce n’est pas simplement savoir et dire qu’il existe. C’est aussi se compromettre en son nom (Adolphe Gesché). Il y aura toujours un écart entre appartenir à une religion et l’expérimenter en profondeur.
À votre contemplation : que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu. Nous entendons souvent cette question comme d’une manière légaliste de vivre. « L’œuvre de Dieu », c’est tout autre chose que les œuvres de la Loi. Jésus répond d’une manière inattendue. Non pas accomplir des œuvres pour accomplir la loi, seulement de croire en celui qu’il a envoyé (cf Jn 6, 29). Croire, voilà la plus haute activité qui fait naître en nous une forme de vie qui en elle-même porte des fruits d’évangélisation. AMEN.
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