Année C : mercredi de la 16e semaine ORDINAIRE(litco16me.22)
Mt 13, 1-9 : et si tout n’allait pas si mal.
J’ouvre cette brève réflexion estivale par cette observation d’Etty Hillesum : Il ne suffit pas de te prêcher, mon Dieu, pour te transmettre aux autres, pour te mettre au jour dans le cœur des autres. Il faut dégager chez les autres la voie qui mène à toi, mon Dieu, et pour ce faire, il faut être un grand connaisseur de l’âme humaine.
Je paraphrase : il ne s’agit pas de reconnaître qu’il y a plusieurs sortes de terrain, il faut dégager les obstacles qui empêchent de donner un bon fruit. Cela n’est possible qu’en percevant qu’au-delà de la boue visible, se cache un courant d’eau qui appelle à abreuver la terre.
Résonne souvent en nous cette voix qui nous rappelle les échecs et les insuffisances, qui nous dit : regarde, encore une chute, encore une déception, tu n’y arriveras jamais, tu n’en es pas capable[1]. Nous nous souvenons toujours de ce qui ne va pas. La vision catastrophiste des médias nous influence beaucoup. Elle semble s’aligner pour comploter avec le sensationnel, le négatif. Qui se souvient d’une bonne nouvelle à la fin du téléjournal ? Qui songe qu’une bonne nouvelle se terre dans le sous-sol de chaque sorte de terrain ?
Cette parabole lance le défi de ne pas porter sur les événements, les terres, un pessimisme radical qui contredirait celui du semeur. Et Dieu vit que cela était bon. Il est vrai qu’une situation peut ne pas être très encourageante. Ce n’est pas une fatalité. Et si tout n’allait pas si mal ! Un proverbe africain dit que l’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse. La réalité est que tout ce qui pousse ne fait pas de bruit.
Il faut oser la bienveillance (Lytta Basset), être proactif afin de voir émerger des signes de vie au milieu des catastrophes ou sécheresses. Un regard positif guérit bien des maux. Voir qu’il y a de la bonté humaine dans tous les cœurs, dans tous les terrains, accroît notre degré d’espérance.
S’il est difficile d’effacer les souvenirs de personnes et de situations qui nous ont fait du mal, il est encore plus difficile d’y projeter le regard authentique de Jésus sans le trahir. Jésus ne s’arrêtait pas aux distractions très humaines de ses apôtres, il y semait une graine qui portera un beau fruit[2].
Le geste du semeur nous pose une série de questions : quel est notre regard sur l’homme, sur l’humanité ? Comment nous représentons-nous les êtres humains ? Plutôt négativement ou plutôt positivement, plutôt avec méfiance ou plutôt avec confiance ?
Le message est simple, limpide. L’Évangile se transmet par des personnes aux yeux capables de découvrir la braise sous la cendre. AMEN.
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