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2022-C-Mt 10, 7-13-samedi de la 10e semaine ORDINAIRE- n'emportez rien

Année C : Samedi de la 10e semaine ordinaire (litco10s.22)  

Mt 10, 7-13 n’emportez rien pour mieux se donner   

Nous partageons tous la conviction qu’il faut s’investir beaucoup quand une cause nous tient à cœur, qu’elle soit d’ordre politique, culturel, social, religieux. Tous, nous sommes d’accord pour donner un verre d’eau ou au moins un petit quelque chose aux personnes dans le besoin. C’est humain.

Mais l’évangile nous pousse beaucoup plus loin que d’exprimer nos convictions sur Dieu. Ça peut frôler l’arrogance que de penser savoir donner les bonnes réponses sur ce qui est Jésus, son royaume. Personne ne possède la totalité de la vérité sur Jésus. Affirmer le contraire est irrecevable aujourd’hui.   

Jésus n’envoie pas des gens bavarder sur lui ni d’essayer de convaincre, ni de vivre l’anxiété de ne pas être écouté. Au début de l’ère chrétienne, il n’y avait ni doctrines, ni œuvres à faire connaître, mais l’émerveillement de nous découvrir aimés avant toute compétence et connaissance.[…] c’est ça l’identité des disciples[1]. De Barnabé.

Il envoie des gens capables de savoir qu’ils ne savent pas ; émerveillés de se savoir aimés pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils font ; qui n’emportent ni connaissance, ni culture, ni désir de domination ; qui sont seulement inspirés par sa manière de vivre, sa proximité avec le Père et avec nous, son ouverture à tous les besoins. Et Jésus ajoute un précieux détail : ne vous inquiétez pas de ce que sera votre défense (cf. Lc 12 : 11). Ne vivez pas sur la défensive. Ne cherchez pas le succès. Tenez-vous debout dans l’échec total, voire dans l’humiliation du rejet et de la Croix.

Jésus exprime cela par la dépossession de tout : ni or, ni argent, ni pouvoir, ni autoritarisme, ni moralisme. Quand on n’a plus rien à donner, il ne reste qu’a se donner, qu’a écouter les gens. Entrez dans chaque maison, saluez les gens, dégagez un esprit de paix.

C’est en se faisant écoute des gens, en étant en état d’apprendre d’eux, état d’humilité par excellence, que Jésus parcoure les routes de la Galilée. Il ne manifeste aucun intérêt à avoir le dessus sur les autres. Il exprime seulement son point de vue sans l’imposer. Jésus fascine non par la puissance de ses connaissances, non en se posant en donneur de leçons, mais en s’enrichissant de ce petit quelque chose de ce que les gens lui partagent. 

N’emportez rien. Devant la grande humanité de Jésus, les mots se taisent. Ceux qui pensent savoir ce qu’est être humain réalisent qu’il leur reste encore un long chemin à parcourir. Jésus est inconnaissable, invivable dans sa totalité. Tout ce que nous pouvons faire, c’est être vrai, authentique, de ne pas cacher notre incapacité de trouver les mots.  

Dans ce n’emportez rien, Jésus définit son identité. Il n’est pas ce monarque, richissime, distant, statique. Il est comme l’exprime le père Richard Rohr, franciscain américain, dans une très riche réflexion spirituelle la danse divine[2], celui qui danse avec nous, l’amant et l’aimant qui ne nous quittera jamais.

Dieu n’est pas au sommet d’une pyramide et tout le reste en dessous. Il n’est pas enfermé dans un palais impérial, barricadé dans un monde splendide, complètement isolé de nos vies ni un spectateur critique. Il danse avec nous. Nous sommes des aimés de Jésus. Il suit nos pas dans notre danse avec lui. Tantôt, il fait un pas en avant, tantôt un pas en arrière, tantôt un pas de côté. Et c’est ça le cœur de l’évangile, un Dieu qui danse avec nous à notre rythme.

À votre contemplation : Dieu nous a estimés dignes de danser avec le monde en suivant le rythme des gens. L’évangéliste Matthieu, fort de son expérience de proximité avec Jésus, appelle toute la création à entrer dans cette danse divine. Impossible de défaire ce modèle éternel d’un Dieu entrant en relation d’amour avec nous et qui ne refuse jamais de danser avec nous malgré nos comportements « canaïstes », de tueurs de l’autre. Nous sommes tellement aimés de Dieu, tellement des amis de Dieu, qu’il nous invite à faire de nos vies une danse permanente avec Lui. Lève-toi, ma toute-belle et viens vers moi (Ct. 1,1) AMEN.

 


[2] Rohr Richard, the divine dance (la danse divine), Paperback, 2016,  

 

 

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Lundi, 6 juin, 2022

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