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2022-C-Mc 8, 22-26- mercredi de la 6e semaine ORDINAIRE- voir progressivement

Année C : mercredi de la 6e semaine ordinaire (litco06me.22)     

Mc 8, 22-26 :  voir progressivement.

Jésus n’ignore pas que nous sommes attirés par la lumière. Il sait qu’elle risque de nous aveugler si elle devient trop brillante. L’évangile parle d’un mouvement vers la lumière. Il voyait les gens comme des arbres, puis il voyait clairement. Paul parle d’une connaissance progressive de Dieu (Cf. Rm 16.25-26). Je le connaîtrai.

Ce mouvement se retrouve dans tout sportif qui progressivement, lentement, petit à petit améliore sa performance. Il se trouve dans toute religion, toute spiritualité. Lentement, nous passons de l’éveil à l’illumination. Il faut une vie pour passer d’une vaque connaissance de Dieu ou du Réel comme on l’exprime aujourd’hui à une perception jamais terminée, toujours en mouvement vers une meilleure compréhension de qui il est pour nous.

Il faut du temps, laisse-le une année encore, pour passer d’un état d’obscurité, d’ignorance, de confusion à un état de fulguration lumineuse qui ne sera que rarement, sauf exception d’un Saint-Paul, foudroyant. C’est par étape lente que l’on « voit », qu’on expérimente Dieu. Ce geste de Jésus est précédé chez Marc d’un autre geste, celui de nourrir une foule dans le désert. Les disciples aussi sont aveugles. Jésus leur dit : avez-vous donc le cœur endurci, des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne point entendre (Mc 8, 18) ?

Chercher à connaître l’Éternel (Os 6.3), progresser dans la connaissance de Dieu, est le travail de toute une vie. Ce travail passe par une refondation, un changement de regard de nos images de Dieu. Changer de regard sur Dieu, c’est de « changer de Dieu ». Le Dieu de ma foi n’est plus le Dieu de ma jeunesse. Voir que Dieu n’est pas tout-puissant, le Pantocrator, observer qu’il est non-aligné sur l’empressement à condamner, reconnaître qu’il n’est pas dans un au-delà inatteignable, hors du monde, déclarer qu’il n’est pas celui que nous comprenons ou créons, réaliser qu’il n’est pas enfermé dans des dogmes au vocabulaire d’une autre époque, cela nous conduit à « changer de Dieu ».

Ce geste de Jésus redonnant la vue progressivement, lentement, par étape, exprime toute notre vie de foi, notre progrès dans la foi. C’est lentement, très lentement et par étape que nous nous approchons du mystère de Dieu ; que nous entrons, par grâce, dans son mystère. Changer de regard sur le Dieu de notre éducation, c’est entrer dans une vision nouvelle, dans une nouvelle connaissance, une nouvelle expérience. Ce changement n’est pas seulement mobilisateur, il crée en nous de l’homme nouveau. Il nous fait créature nouvelle, paradis de Dieu, le lieu où il demeure.  

Ce changement de perception de Dieu passe aussi par le style de grandeur nos liturgies. Récemment je recevais un courriel qui se lit ainsi : J'écoutais la messe à la cathédrale de… célébrée par Mgr...   Ma petite fille de 4 ans trouvait qu'il parlait longtemps. Son père n'avait aucun intérêt à ce .........charivari. Moi-même quand il s'est présenté à l'homélie avec sa houlette (crosse) qu'il a tenue tout le long, sa haute coiffe (mitre) et ses vêtements parsemés de décorations, de dorures.......il ne me semblait pas naturel ..... Que de lourdeur ! Que d'irréalité ! Elle ajoutait Jésus de Nazareth, j'ai besoin que tu sois fils d'un homme et d'une femme tout en étant Fils de Dieu. En [ton] Église, tu es uniquement Fils de Dieu. Ce courriel parle de l’urgence de nous désaveugler d’un Dieu qui ne semble pas naturel.

Mais ce « Dieu naturel », l’un de nous, nous ne le voyons pas dans un seul regard. Il faut regarder plusieurs fois une photo, une peinture pour en découvrir lentement sa beauté. Il faut du temps pour casser le mot Dieu, pour « changer de Dieu ». Nous ne voyons pas avec clarté qui est ce Dieu de notre foi et où loge-t-il.  Ce n’est que lentement que le « voyons ». Il voyait les gens comme des arbres, puis il voyait clairement.  

À votre contemplation ces mots du pape Jean XX111 : on a revêtu Jésus de tant de vêtements plus beaux les uns que les autres, qu’on ne voit plus Jésus. Il faut enlever tous ces vêtements, un à un, pour retrouver Jésus. Et François affirme dans son homélie du dimanche de la Parole que Dieu n’est plus un patron dans le ciel. C’est une mauvaise image de Dieu. Il n’est pas un observateur froid, détaché et impassible, un Dieu “mathématique. Il n’est pas un dieu neutre et indifférent”. Il est le Dieu avec nous, qui se passionne pour notre vie et s’implique jusqu’à pleurer de nos larmes[1]. AMEN.

 

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Date: 
Mardi, 8 février, 2022

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