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2021-B-Mt 6, 1-6.16-18 - mercredi 11e semaine ORDINAIRE- splendeur de l'effacement

Année B : mercredi de la 11e semaine ordinaire (litbo11me.21)       

Mt 6, 1-6.16-18 ; 2 Co 9, 6-11 :  la splendeur de l’effacement.   

 Sommes-nous certain  de vouloir signer cette page ? Le plus grand danger qui nous guette est de ne pas rechercher à se faire voir, admirer, louanger, apprécier. Cette page est martyrisante tant elle appelle à vivre effacer.

Nous sommes déchirés entre la logique du monde et l’appel à mener une vie au parfum de l’évangile, une vie sans prioriser le haut du pavé, déchirée aussi entre la recherche des honneurs et la splendeur de l’effacement.  L’évangile présente un Jésus qui resplendit d’effacement, de discrétion. Il n’est que le « fils de ».  Il n’y a pas si longtemps dans nos pays occidentaux, la femme se présentait comme « la femme de ». Le projet de Jésus se caractérise par l’effacement de son « moi ». Toi quand tu pries, toi quand tu fais l’aumône, toi quand tu apportes ton aide.

Cette page parle du resplendissement d’une vie effacement, le sommet de la perfection dit Denys le Chartreux. Jésus ne brique aucun titre officiel. Il est attentif et discret à la fois. Il ne revendique pas la première place dans les salons, sur les pavés, ni même auprès des enfants. Il n’a d’autre ambition que d’accompagner à habiter le monde en locataire attentif et discret et non en propriétaire bruyant, imposant et écrasant. Pour lui, la possession du monde et la domination sur les autres sont les tentations les plus recherchées.

Le poète suisse Philippe Jaccottet, récemment décédé à l’âge de 95 ans, écrit que seul peut entendre le cœur qui ne cherche pas la possession ni la victoire. L’attachement à soi augmente l’opacité de la vie et tue l’œil de l’émerveillement.

Jésus parcourt sa vie en mode mineur. Il refuse les trompettes de la renommée, les tambours militants, les banderoles triomphantes. Son langage, mieux sa Parole, s’affranchit de celui de tout le monde. Son « moi » n’est pas envahissant et sa parole exprime son expérience du Dieu de sa foi. Jésus ne méprise ni ne contrôle personne. Plus il grandit en âge et en sagesse, moins il impose sa présence. L’effacement est son identité première et non un épisode passager dans sa vie. Il dit l’identité même d’un Dieu qui n’est qu’abaissement, effacement. Marcel LEGAUT fait remarquer que la pensée théologique et spirituelle de l'Église a tellement accentué la mort et la résurrection du Christ qu'on a parfois l'impression que l’effacement de Jésus dans sa manière de vivre n'a pas d’importance.

Le paradoxe est qu’on parle beaucoup de quelqu’un qui ne s’impose pas. La fécondité de Jésus se trouve dans son effacement qui fait resplendir sa vie et qui le rend capable de ressentir ce que l’autre ressent sans se tromper. C’est dans l’anéantissement que l’on fait plus de bien (Charles de Foucauld).

Tellement effacé qu’Augustin dit que ma plus grande peur, c’est que tu passes sans que je te voie. Kierkegaard précise : Seigneur ne me laisse jamais oublier que tu parles quand tu te tais. Thérèse d’Avila dès la première demeure de son château intérieur, parle de l’épreuve de la gloire qui empêche d’entrer dans le château et qu’elle décrit comme la recherche des bestialités.

Et nous qui écoutons ce passage, sommes-nous séduits, attirés par une vie d’effacement comme chemin d’évangélisation ? Avons-nous vraiment besoin de nous faire voir ? Nous lisons dans un apophtegme, parole mémorable d’un Père du désert que ce n’est pas une grande chose d’être avec Dieu dans la pensée, mais c’est une grande chose que de te voir toi-même inférieur à toute créature. Cela conduit à l’humilité. Un autre grand priant, saint Cassien observe que l’un des signes de notre progrès dans la vie spirituelle est lorsque l’on se déclare le dernier de tous, non de paroles seulement et comme du bout des lèvres mais dans un sentiment intérieur du cœur.

Dans la lecture, Paul nous invite à une transformation radicale de nos vies. Il décrit qu’une mesure chiche est le signe d’un cœur replié sur lui-même, mesquin qui a peur de perdre ce qu’il possède d’honneur, de puissance. Cela concerne plus que nos biens, mais nos personnes. En retenant pour soi, en possédant pour se faire remarquer, on s’éloigne ainsi de l’esprit du christianisme (J. Moingt). L’effacement ouvre nos vies sur la générosité : donnez tout ce que vous pouvez, même votre « moi »

À votre contemplation : l’évangélisation exige le silence du moi envahissant pour laisser place à l’écoute des autres. La renommée de Jésus ne vient pas de ses prêches, mais de sa vie d’effacement comme chemin de promotion de l’autre. Entre savoir cela et en vivre, il y a parfait des kilomètres. AMEN

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Évangile: 
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Date: 
Mardi, 8 juin, 2021

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