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2020-A-Mt 23, 27-32 -mercredi de la 21e semaine ordinaire- quel est le centre de ma vie ?

Année A : mercredi de la 21e semaine ordinaire (litao21me.20) 26 aout   

Mt 23, 27-32 ; 2 Th 3, 6-10.16-18 :   quel est le centre de notre vie ?    

Ce passage de Matthieu soulève des questions urgentes à se poser : sommes-nous des êtres centrés ? Avons-nous une vie «orientée» vers l’intérieur ou l’extérieur, enracinée dans le roc immuable de nos cœurs ?  Actuellement, tout nous projette vers l’extérieur. Tout pousse nos cinq sens à vivre hors de nous-mêmes. Nous vivons dispersés dans une multitude de directions.

Pour désigner ce genre de vie «girouette», le pape parle de mondanité qu’il définit comme schizophrénie existentielle. Les personnes atteintes de ce virus pandémique vivent en mode zapping, ne sachant pas trop ce qu’elles cherchent et ne trouvant jamais ce qu’elles désirent. Sans point de repère, sans centre, elles vivent désorientées. Pour utiliser une image, ces personnes ont une vie liquide. Impossible de garder de l’eau entre ses mains.

Le besoin de se donner de la profondeur se lit en couverture des livres, dans la littérature de bien-être, dans les rayons de spiritualité ou de religion.  Une «soif de spiritualité» habite les uns. Une «quête d’intériorité» s’installe chez d’autres. Qu’elle soit présence à Dieu ou présence à soi-même, ouverture aux autres ou repli sur soi, (re)vivre de l’intérieur, pour citer un livre de Jean-Guilhem Xerri (Cerf, 2019), donne de la saveur à la vie. 

À une autre époque, beaucoup moins «éparpillée» que la nôtre, Augustin que Charles Taylor considère comme le père d’une attitude de retour sur soi[1], invitait ses diocésains à rentrer dans leur cœur tant ils étaient devenus étrangers à eux-mêmes. Il pose cette question : voulez-vous aller loin de vous ?   […]  Rentrez de votre vagabondage qui vous a conduit hors de la route ; retournez au Seigneur[2].

Le poids du restez chez vous de la récente pandémie est la meilleure démonstration que nous sommes inclinés vers l’extérieur. L’extérieur nous attire. Les médias aiguisent nos sens. Nous sommes éduqués, disait saint Paul VI, à la vie extérieure, qui fascine et accapare, et nous ne sommes guère formés à la vie intérieure dont nous connaissons peu les lois et les joies[3]. La dissipation, l’éparpillement est mortel. Pour éviter cet exode de l’exit de soi de notre culture, certains s’offrent des cours de yoga, d’autres consultent parce qu’ils ont mal à leur intérieur.  L’abandon de l’intériorité et la projection vers l’extérieur sont des aspects – et parmi les plus dangereux – du phénomène de sécularisation.

Dans les sept malheurs à vous, antithèses des sept béatitudes, Matthieu utilise des mots terribles pour décrire cette vie axée sur l’extérieur : hypocrites, sépulcres blanchis, aveugles, vous purifiez l’extérieur, mais l’intérieur est rempli de cupidité. Ce comportement est de toutes les époques. Le même Matthieu pour décrire la clé d’une vie heureuse, celle des béatitudes, change de ton, de langage. Heureux ceux qui portent attention à leur cœur, lieu de la paix, l’hésychia pour les Grecs, le shalom pour les juifs, la demeurance en Jésus pour les chrétiens. 

Dans la lecture, Paul à Timothée, son disciple bien-aimé, rejoint la liste des malheurs dont parle Matthieu.  Les gens seront égoïstes, cupides, fanfarons, blasphémateurs, ingrats, révoltés, amis du plaisir plutôt que de Dieu; ils auront des apparences de foi et rejetteront tout ce qui fait qu’une vie de croyant en belle. Il écrit que dans les derniers jours surviendront des moments difficiles à cause de la dégradation des mœurs. Il ajoute : toi, détourne-toi de ces gens-là, ne les suis pas, souviens-toi de la parole de Dieu.      

Aujourd’hui, un «château extérieur» nous tient enfermés hors notre résidence principale qui est  un véritable «château intérieur», celui dont parle la grande mystique Thérèse d’Avila. Nous sommes prisonniers de l’extérieur, incapable de trouver le chemin, de redécouvrir le chemin de l’intérieur. Passons, en utilisant une image biblique, de l’esclavage de nos terres d’Égypte à celle plus vaste et riche de notre Jérusalem intérieur. C’est une grande honte pour nous, serviteurs de Dieu […] de désirer avoir gloire et honneur (Admonitions de saint François,  V1-3) que nous propose le château extérieur qui nous attire tant. AMEN.

 

Évangile: 
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Date: 
Lundi, 24 août, 2020

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