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2020-A-Jn 3, 16-21- mercredi 2e semaine de Pâques- Dieu a envoyé son fils

Année A : mercredi de la 2e semaine du Temps Pascal —

Jn 3, 16-21 ; Ac 5, 17-26 : Dieu a envoyé son fils.

Dieu a envoyé son fils dans le monde. Réfléchissons un peu. Quand je suis envoyé, j’accepte de délaisser, de me distancer de quelque chose, d'une personne, pour m’approcher d’une autre chose ou de quelqu’un d'autre. Je délaisse un milieu, je quitte une situation pour quelque chose d’autre, temporairement ou en permanence. Le mot implique deux mouvements : celui de sortir et celui d’arriver ailleurs. C’est une sortie de quelque chose pour entrer dans quelque chose. Tout envoyé délaisse une situation ou prend une distance face à quelqu’un. Envoyer quelqu’un ou être envoyé  c’est accepter de changer de situation, de sortir d’une situation précise pour aller vers une autre situation. 

Dieu a envoyé son fils; comprenons que Dieu est sorti de lui-même, qu’il s’écarte de lui-même pour «apparaître» ailleurs, advenir ailleurs. C’est un mouvement de séparation, une logique de décoïncidence,[1] pour citer François Julien, qui ouvre sur le partage d’autre chose. L’auteur, philosophe et non-croyant, tire la conclusion que ne pas sortir de soi est finalement un mouvement de mort, d’étouffement, de repliement, de fermeture aux autres. 

Pour lui, Dieu ne serait pas un Dieu vivant s’il n’acceptait pas d’être un Dieu en sortie, un logos fait chair qui quitte quelque chose pour aller vers le monde non pour le juger, mais pour que le monde vive. Jean nous présente   un Dieu salutaire, un Dieu qui en sa personne même est sauveur parce qu'il refuse de vivre replié sur lui-même, en vase clos. En sortant de lui-même, Dieu engendre un processus qui donne la vie.

Dans la perspective de Jean, Jésus n’est pas envoyé pour réparer le péché. Il est envoyé pour ensemencer la vie en sortant de la sienne. La vie se donne quand elle se détache de la vie. La mère donne la vie quand elle fait sortir la vie d’elle-même. Sans ce mouvement de sortie, c’est la mort de la vie. La vie s’étouffe quand elle n’est pas en sortie. Sans ce mouvement, le verbe fait chair serait semblable aux autres dieux, incapable de donner la vie. Il ressemblerait à Narcisse de la mythologie grecque.

Dieu a envoyé son fils. Il ne s’agit pas de croire en n’importe quel Dieu. La foi authentique est libération de nos fausses images de Dieu. Dieu n’est jamais celui que nous créons par nos images. Dieu n’est pas une entité à croire. Il est l’Être inimaginable dans nos concepts humains. Dans cette affirmation, il y a l’essentiel du visage de Dieu qui surprend en faisant irruption dans notre monde et en s’autorévélant comme un Dieu en sortie, en mouvement. Il a surpris Adam, Noé, Moïse, Jonas. Jésus est allé de surprise en surprise en s’adressant à la Samaritaine, Zachée, en s’assoyant aux tables des hors-la-loi. À chaque fois, ce Dieu en sortie faisait jaillir du neuf. 

L’essentiel de notre foi est justement de repenser le visage de ce Dieu qui a envoyé son fils. Ce Dieu est tellement vivant qu’il donne la vie en abondance. Il démontre qu’en lui il n’y a aucun souci de s’autopréserver, de proclamer sa puissance, ni de sauvegarder sa réputation. Il n’est que vie, attentif à entrer en relation avec le monde, avec chacun d’entre nous. Son amour, dépossédé de lui-même, est un amour vrai, agapè, dit-on, par opposition à un amour possessif. Ce verbe fait chair ne se possède pas. Il n’est que sortie vers l'autre. Il n’est que vie donnée. C’est ce que Jean veut dire quand il affirme que Dieu a envoyé son fils.                                    

Croire en ce Dieu implique un engagement complet de soi-même à vivre la vie de Jésus, à vivre en sortie de soi-même; c’est mille fois différent que d’avoir pour modèle Jésus. Personne, nous disent les Actes des apôtres, ne peut emprisonner cette vie. Tôt ou tard, elle fait sortir les croyants pour qu’ils puissent dire, en autant que possible, que ce Dieu est  notre intimité la plus intime. C’est dans la mesure que nous accédons à notre être le plus intime que nous sommes en sortie vers Dieu. AMEN.

Autres réflexions sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2019-c-jn-3-16-21-mercredi-2e-semaine-de-paques-vous-devriez-etre-jour-et-vous

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Date: 
Lundi, 20 avril, 2020

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