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2020-A-Jn 14, 7-14- samedi 4e semaine de Pâques- expérimenter et non dire Dieu

Année A : samedi de la 4e semaine de Pâques (litap04s.20)  

Jn 14, 7-14 ; Ac 13, 44-52 : expérimenter plutôt que de dire Dieu.

Ai-je bien lu ? Entendu ? Quelqu’un, un être de chair, un humain comme moi, me montre quelqu’un d’autre. Chaque fois que je lis et relis ce passage de Jean, une compréhension nouvelle émerge en moi. J’ai beau lire, relire, lire à nouveau, j'ai toujours la même impression : quelqu’un m’apparait différent et chaque fois une forte impression surgit en moi comme si je suis devant un Dieu surgissant (Maurice Bellet).

Et cette impression semble ineffaçable vu que je ne peux saisir ce visage que Jésus me montre. La question de   Philippe est une bonne question. Comment voir quelqu’un d’autre en quelqu’un? Une affirmation du pape François me réconforte : un chrétien pour qui tout est clair et sûr ne va pas rencontrer Dieu. Augustin répète : si tu comprends, il n’est pas Dieu.  Le théologien Bonhöffer écrivait que Dieu est insaisissable. Dieu n’est rien de ce qui existe.  Le Père que je m’imagine n’existe pas.

Pour nous montrer le Père, Jésus, pourtant si peu expressif sur sa vie spirituelle, montre son identité. Il nous partage son expérience d’intense intimité avec le Père. Il éprouve qu’il est dans le Père, que le Père est en lui, qu’il verbalise sa pensée, son projet inouï d’une terre fraternelle.  Jésus répond à Philippe que définir le Père est impossible parce qu’il ne serait plus le Père. Tout ce que tu fais et penses sur Dieu est plus sur toi que sur lui, enseigne Maître Eckhart.

Tant et aussi longtemps que je me représenterai ce visage du Père comme hors du monde, hors de mon monde, séparé de mon monde, de mon champ de vision, je me crée un faux visage de ce Père. Le Père ne s’explique pas avec des mots humains, ne se voit pas avec nos yeux humains. Jésus présente un Père qu’il expérimente. Je suis dans le Père et le Père est en moi (v.11). Le Père peut être expérimenté, jamais défini.

Une parabole de Jésus, celle du jugement dernier  (Mt 25, 31-36) le confirme.  Si vous ne pouvez voir et ne voyez pas ce Père dans le visage des affamés, des assoiffés, des sans-logis, des malades et des prisonniers, vous ne pouvez pas le voir. L’évangéliste Jean va dans la même direction en posant la question qui est Dieu. Il est amour. Qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu (1 Jn 4,16)Aussi bien dire que le divin et l’humain se pénètrent l’un l’autre. Impossible d’atteindre Dieu, de voir le Père en dehors de l’humain.

Au début de son poème sur le Cantique spirituel B, Jean de la Croix saisit cette invisibilité: où t'es-tu caché?   […] montre-moi le lieu où tu t'es retiré […]. Il répond : tu es toi-même la demeure où il habite, la retraite et le lieu secret où il est caché. C’est en pénétrant au plus intime de soi-même que Dieu se rencontre et s’expérimente.

Il faut aller plus loin que de nous représenter ce Père et de le visualiser. Il faut dépasser notre mentalité dualiste. On ne voit pas Dieu; il s’expérimente. Jésus nous présente un Père non comme quelqu’un en face de lui, non différent de lui, mais un Père qu’il expérimente à ce point que lui et le Père ne sont pas deux, mais un.  Le Père apparait dans et à travers l’humain Jésus. Aucune dualité entre Jésus et le Père, mais un mystère de relation. Voilà qui est le Père de Jésus. Voilà qui est Jésus. Mystère de relation.

La question se pose alors : si je ne peux voir le Père, comment l’expérimenter?  Le chemin est différent pour chacun d’entre nous parce que nos regards sur Jésus le sont. Mais tous les chemins se rejoignent en accomplissant des œuvres toutes simples : soulager la souffrance, soigner la vie, ouvrir un horizon d’espérance pour les pauvres, se réjouir du sourire d’un bébé, s’émerveiller devant l’oiseau qui chante, rendre la vie digne et joyeuse pour tous, réduire en autant que possible les limites et les barrières entre nous, ne rejeter personne. Autant d’œuvres qui attestent que nous expérimentons le Père de Jésus. Que nous sommes dans le Père comme Jésus qui est dans le Père. Mystère de foi et d’intimité, de relation entre le Père et moi.

À votre contemplation : nous pouvons tous, croyants et incroyants, expérimenter ce Père quand nous ne cadenassons pas, ne rapetissons pas, ne clôturons pas nos vies. Tel est le Père que Jésus a expérimenté. Comme l’exprime la première lecture, que cette réponse  à Philippe se répande par toute la terre.   AMEN.

 Autres réflexions sur le même passage :

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https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2018-b-jn-14-7-14-samedi-4e-semaine-de-paques-magnifier-le-pere

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Année: 
Pérode: 
Date: 
Jeudi, 30 avril, 2020

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