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2019-C-Mt 5, 17-19- mercredi 3e semaine carême- amendement constitutionnel

Année C : mercredi de la 3e semaine du carême (litcc03me.19)
Mt 5, 17-19 : un amendement constitutionnel
 
Aujourd’hui, Jésus nous invite au dépassement qui inscrit l’infini du désir de Dieu dans le quotidien de nos vies1 pour citer Daniel Marguerat, un exégète protestant. Respecter une loi, mettre en pratique ces ordonnances, les garder [pour qu’elles soient] votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples (Dt 4, 5), c’est en soi tout un défi. Mais Jésus en rajoute. Il appelle à un changement radical, non à un changement de la loi, mais à un changement de notre relation à la loi. Il faut que la loi entre dans nos coeurs plutôt que de s’arrêter au paraître. Il faut plus que de vivre une religion du maquillage (pape François).
 
Dieu désire nous voir vivre une nouvelle relation avec la loi ; avec lui qui est dans sa personne, loi nouvelle. Il accomplit la loi. L’amour est l'accomplissement de la loi (Rm 13. 10). Ce n’est pas anodin d’observer que dans sa première prédication qui s’adressait à une foule et dans un contexte où se vivaient de virulentes interprétations de la loi, opposant esséniens, zélotes, pharisiens, Jésus révèle, c’est une véritable révélation, que l’accomplissement de la loi passe par l’attention à porter aux autres. Désormais, Dieu n’est plus à trouver dans le sacré, il se laisse trouver dans l’humain. C’est la qualité de notre relation aux autres qui atteste de la profon-deur de notre pratique de la religion, de son accomplissement. Révolution copernicienne et qui le demeure.
 
Pour nous aider à donner de la profondeur, pour accomplir, dit l’évangile, Jésus apporte des amendements à la constitution des croyants. Il réécrit, rafraichit, nous dirions aujourd’hui, le droit canon. Elle [la loi] a besoin d’une nouvelle interprétation (catéchèse, 2/01/19). Jésus nous place en présence d’un nouveau buisson argent qu’il nomme son Père (ibid, 2/01/19). La nouveauté qui résume la totalité de la révélation (Joseph Moingt), c’est d’aimer Dieu et d’aimer tout le monde en qui Dieu se cache. Nous sommes toujours tentés de réduire notre foi à une série de beaux principes désincarnés.
 
Jésus propose un nouveau culte centré non sur le sacré, mais sur la personne et ses besoins. En aidant les autres, on propage l’esprit de la bonne nouvelle, l’esprit de l’évangile. Voilà le culte qu’inaugure Jésus et qui fait grandir en nous un levain de vie plutôt que de nous réduire à faire du surplace.
 
Dans l’exhortation sur la sainteté (no 63), le pape François écrit qu’il est facile de mutiler l’évangile. Qu’il est facile de transformer la vie de l’Église en pièce de musée. Certains chrétiens consacrent leurs énergies et leur temps à tout justifier par la loi [….], au lieu de se laisser porter par l’Esprit sur le chemin de l’amour, de brûler du désir de communiquer la beauté et la joie de l’Évangile, et de chercher ceux qui sont perdus parmi ces immenses multitudes assoiffées du Christ.
 
Le changement radical qu’apporte Jésus dans son premier discours sur la montagne est un appel à ne plus adorer Dieu dans un culte, mais d’aimer le prochain en qui se trouve désormais l’absolu de Dieu (Joseph Moingt). Mine de rien, ce passage de Matthieu, je suis venu accomplir la loi, libère les auditeurs de la montagne d’un poids écrasant, celui d’une loi qui intervenait dans tous les coins et racoins de la vie quotidienne.
 
L’accomplissement de la loi souhaité par Jésus passe du visible à l’invisible, en adoration en esprit et en vérité (Jn 4, 24). Pensons à cette scène sur le Mont-Carmel, quand le prophète Élie défia les prêtres de Baal. Ils criaient, dansaient, demandaient beaucoup de choses pour que leur dieu les écoute. Et Élie, lui, se taisait et le Seigneur se révéla à Élie (1 R. 18, 40). Le visible s’exprime sur le terrain de notre proximité avec les petits, les migrants. La loi nouvelle est celle qui fait vivre Dieu dans l’action du chrétien.
 
Tantôt, la lecture disait : qu’elle est grande cette nation dont les décrets et les ordonnances soient aussi justes que cette Loi que je vous donne aujourd’hui […]; ne la laisse pas sortir de ton coeur un seul jour. (Dt 4, 8-9). Jésus, sur la montagne, l’actualise, l’accomplit dans sa personne. Puisse ce temps du carême nous faire comprendre que changer nos mentalités est plus difficile que de réécrire une loi. AMEN.
 
1 Marguerat, Daniel, Paul de Tarse, Éd. du Moulin, 1999, p. 98
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Date: 
Vendredi, 1 mars, 2019

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