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2019-C-Mt 16, 13-19- Pierre et Paul- que faut-il pour construire l'Église?

Année C : saint Pierre et saint Paul

Mt 16, 13-19 : que faut-il pour construire l’Église ?

Mon regard, ce matin, ne se porte pas sur la contribution de Pierre et Paul dans l’Église naissante. Il se porte plutôt sur les moyens que Dieu choisit pour inaugurer son Église.  Et ces moyens, nous les vivons de plein fouet aujourd’hui.

Quand Pierre entendit Jésus lui déclarer tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église, il fut sans doute envahi d’une grande fierté.  Qui suis-je, se demandait-il, pour recevoir un tel honneur ? Aussitôt, propulsé comme un nouveau-né par cet honneur, il s’est mis au travail pour bâtir, construire et édifier un projet qui lui tenait à cœur. Il a parcouru mer et monde. Pierre savait qu’il lui fallait trouver des matériaux qui résisteraient aux intempéries des siècles. Il fait affaire avec les meilleurs architectes de son temps, des experts en maître dans leur art, en maître de beauté architecturale. Il rêvait d’un chantier bien animé, bien mené où rien ne serait laissé au hasard. Pierre vivait une fierté intérieure tout humaine, d’une gloire non négligeable. Une grande fébrilité l’habitait. 

Mais Pierre avait oublié une chose essentielle que rapporte la première lecture quand il fait l’expérience de la manière déroutante que Jésus choisit pour diffuser son Évangile. Après avoir fait des miracles, guéri Énéas, relevé Tabitha de la mort (Ac 9, 34,36), conquis des foules, affronté sans peur le sanhédrin, alors que tout lui réussit, que rien ne semble pouvoir lui résister, l’apôtre se trouve brutalement emprisonné.

Et c’est là, en prison gardée par de nombreux soldats, alors qu’il est pris au piège et que tout semble perdu, que Pierre fait l’expérience de l’œuvre de Dieu dans sa vie, dans la vie de l’Église. Les chaînes tombent et les portes s’ouvrent, sans qu’il s’en rende tout à fait compte. C’est seulement dehors qu’il prend conscience de ce qui s’est passé. Vraiment, je me rends compte que le Seigneur m’a envoyé son ange, m’a arraché aux mains d’Hérode.

Même chemin pour Paul. Paul, l’apôtre plein de fougue, dévoré par le zèle de la Parole de Dieu, ce n’est plus en prêchant sur tous les chemins du monde, en séduisant des foules pleines d’admiration, mais c’est aussi derrière les barreaux d’une prison, abandonné de tous, trahi par les siens, condamné à mourir pour l’évangile, qu’il va saisir cette manière singulière que le Seigneur a de bâtir son Église. Tous m’ont abandonné : le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l’Évangile s’accomplisse […] et que toutes les nations l’entendent. Au milieu de ses tourments, Paul laisse jaillir un chant de louange et d’action de grâce. Je me réjouis, j’ai combattu le bon combat (2 Tm 4, 7).

Pour Paul, comme pour Pierre, il a fallu l’épreuve du doute, de la solitude, de l’abandon, de la décomposition de leur rêve, pour découvrir que l’Église n’est pas fondée sur l’art de la parole et de la discussion, sur la capacité et la renommée, ou encore sur des gestes merveilleux qui séduisent des foules. Ce n’est pas lorsqu’ils triomphaient de leurs adversaires, adulés par les foules subjuguées, qu’ils sont devenus les pierres de fondation de l’Église. C’est du fond de leur prison, alors qu’ils ne pouvaient plus rien, sinon prier le maître de la moisson, qu’ils sont devenus les rocs de l’Église du Christ.

C'est la même réalité pour nous, à l’heure d’une profonde réflexion sur l’avenir des paroisses. Le dépouillement de Pierre et de Paul est le nôtre. Nous ne pouvons plus compter sur un environnement qui élevait l’Église et ses ministres jusqu’aux premières loges. Il faut tout repenser.

Aujourd’hui, avec notre aide, Jésus continue à construire son Église, sa maison, sur des fondations solides, mais les fissures ne manquent pas et ont continuellement besoin d’être réparées, comme au temps de François d’Assise. C’est dans l’abandon et la remise de nos désirs entre les mains de Dieu que repose le socle de l’Église.

Sans doute, nous ne nous percevons pas comme des rocs, seulement comme de petites pierres.  Aucune petite pierre n’est inutile. Entre les mains de Jésus, elle devient précieuse, parce que prise, regardée avec une grande tendresse, cette petite pierre, travaillée par son Esprit, placée au bon endroit devient une pierre vivante, indispensable pour parachever la construction.   

Faisons nôtre cette extraordinaire expérience de Pierre et Paul, cette expérience de la force de Dieu dans notre pauvreté. Entrons à notre tour dans le mystère des moyens que Dieu choisit pour diffuser son évangile. AMEN.

  

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Date: 
Samedi, 1 juin, 2019

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