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2018-C-Lc 1, 46-56 -samedi 3e semaine AVENT- mener une vie a l'envers

Année C : samedi de la 3e semaine de l’avent (litca03s.18)  

Lc 1, 46-56 : magnificat, une convocation à vivre à l’envers 

Le Magnificat pourrait avoir comme sous-titre : l’éloge de la crise. Nous lisons  le Magnificat dans la perspective d'une fin heureuse. Dieu va venir, il va remettre de l'ordre et tout ira bien. Le Magnificat ne dit pas cela. Luc annonce par la bouche de Marie que l’humanité est en situation de crise. 

Il nous convoque à regarder en face la vraie vie. La vie n’est pas toujours une vie en rose. Des riches connaissent des ruptures affectives, sentimentales, des pertes gigantesques à la bourse. Des pauvres peuvent être  bénéficiaires d'événements très heureux qui leur donnent des ailes.  

Dans un monde à l’envers, Marie présente un monde à l’endroit. Son chant fait sauter les verrous de tout ce qui est anti-évangélique : rechercher les  premières places ou tout ce qui flatte et accroît l’ego ; privilégier une couleur plutôt qu’une autre ; se faire couvrir de titre de docteur. Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations commandent en maîtres et que les grands font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous se fera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous se fera l’esclave de tous (Mc 10, 42-43). Chacun peut se positionner contre les honneurs, ça paraît bien, mais s’en réjouissent lorsqu’ils en sont comblés.

Écoutons bien ce chant. C’est un chant d’espérance pour les oubliés, les marcheurs vers un avenir meilleur. Dans son projet, Dieu veut que les pauvres soient comblés et que les affamés aient du pain. Marie conteste  un monde basé sur la recherche éhontée de son seul bien-être, sur un libéralisme qui privilégie les mieux nantis. Son chant fait sauter les verrous de la déprime. Elle chante pour un temps de crise un chemin de résolution de conflits.

À partir du moment où elle est enceinte, Marie a l’intuition que son enfant sera la cause d’une série de changements sociaux, économiques, qu’il provoquera de grands bouleversements. Elle trace un programme sur la gérance des conflits. Voilà l’invraisemblable : Dieu l’a choisi, il nous choisit par grâce, pour être aux premières loges de ceux qui inversent les situations. C’est dans notre incapacité, notre petitesse que se trouve la solution pour gérer les conflits.

Il renverse les puissants de leur trône, élève les humbles, comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Jésus signe ce chant de contestation de l’ordre établi quand il déclare dans le temple : il m'a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer la délivrance aux captifs, rendre la vue aux aveugles et la liberté aux opprimés.

Marie exprime et chante ce que doit être le quotidien de tout chrétien. Ne pas se mettre au centre,  faire place à Dieu rencontré dans la prière et le service. Elle précise que toute grandeur n’est pas de se rendre grand, mais de rendre grand «le petit Jésus».

Avec subtilité, ce chant démasque la mondanité si peu prisée par le pape. Il tire à bout portant sur ceux qui pensent au fond d’eux-mêmes sans l’exprimer clairement par peur d’être rabroués, que les moins que rien sont des riens, qu’ils sont des nuisances publiques qui empêchent le progrès. C’est en prenant le  chemin qui sera aussi celui de son fils qu’arrive la grande nouvelle : l’actualisation d’une terre neuve. 

À quelques jours de Noël, le Magnificat nous invite à revisiter notre héritage. Quel évangile voulons-nous ? Quelle Église voulons-nous ? Une Église qui s'ouvre aux délaissés,  qui se replie sur elle-même ou une Église soucieuse d’effacement ou qui  maintient  le pouvoir hérité  d’une autre époque ?  Ce chant fait émerger une nouvelle identité chrétienne, celle d’être avec les délaissés plutôt que pour les délaissés.  François d’Assise a chanté par sa vie ce Magnificat. 

En ce temps de crise, de déprime, nous sommes bien placés pour comprendre et chanter le Magnificat. AMEN.

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Date: 
Jeudi, 1 novembre, 2018

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