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2018-B-Mt 23, 1-12- samedi 20e semaine ordinaire - ne pas être des comédiens de la Parole

Année B : samedi de la 20e semaine ordinaire (litbo20s.18) 

Mt 23, 1-12 : ne soyons pas des comédiens de la parole de Dieu

Être beau parleur soit pour se faire  remarquer, soit par intérêt personnel en faisant de belles promesses, sans  s’engager à les réaliser, voilà le danger qui mine notre vie, celle de notre Église, de nos gouvernants. Qu’il est fréquent de rencontrer des gens qui se contentent de dire haut et fort ce qu’il faut faire pour se donner bonne conscience puis ils ne font rien ou si peu, observait le pape dans son entretien avec le journaliste Dominique Wolton (Politique et société, p. 73).  

L’évangile opte pour parler moins, mais agir plus. Il appelle à une vie incommode. Non nécessairement confortable. Jésus fut vraiment un nouveau Moïse puisque sa parole sortait un peuple de son Égypte sans avenir. Il avait une saine et sainte méfiance des honneurs, de se prendre pour un autre. Il refusait cette tentation récurrente de suivre le rang des puissants, de rechercher les privilèges, de s’éloigner d’une vie facile, comme il nous arrive souvent.  

Jésus n’a pas discouru sur les pauvres et les délaissés, il s’est fait proche d’eux. Il n’a pas théorisé sur les honneurs, il s’est dépossédé de lui-même de riche qu’il était (2 Co 8, 9). Il n’a jamais craint de manquer d’argent pour la route, il envoyait travailler à sa vigne à la dernière heure du jour (Mt 20, 1-16). Il se tenait en habit de service plutôt qu’en vêtements somptueux, préférait le titre de serviteur plutôt que celui de maître. Jésus ne souhaitait pas sauver sa peau, il privilégiait une vraie rencontre avec ses concitoyens. 

Jésus touchait les cœurs parce que la foule le sentait vrai, honnête, transparent et d’une grande simplicité. Il voyait toutes les inégalités sociales ; il était vu comme une fenêtre d’espérance qui invitait les foules à se tenir debout, toujours  en marche et non à demeurer assises sur des sièges qui donnent l’illusion de l’autorité. Jésus remettait en route et encourageait son auditoire; il n'endormait pas ses auditeurs ; sa parole réveillait et ressuscitait. Ce n’est pas d’aujourd’hui que des prédicateurs ont cette tendance à endormir leurs auditeurs. Saint Paul a tellement endormi le jeune Eutychès assis sur le bord de la fenêtre qu’il a fait une chute mortelle (cf. Ac 20, 9).  Ce ne m’est pas encore arrivé.

Le dictionnaire Webster, rapporte le Père Radcliffe, définit la prédication comme le fait de donner un avis moral ou religieux […] de manière ennuyeuse. Jésus n’ennuyait personne parce que sa parole engagée fascinait. Son oui était un oui engagé. Celui qui suit Jésus opte pour le chemin de Jésus.

Songeons à nos oui, ce matin. Sont-ils des oui en santé ou ont-ils des airs malades ? Nous font-ils vieillir prématurément alors qu'ils nous renferment sur nos propres désirs ? Plutôt, ressemblent-ils à un non semblable à celui du premier non de l’histoire que décrit le livre de la Genèse où Adam s’est préféré à lui-même, a choisi de se suffire à lui-même. Son oui était si malade qu’il s’est caché (cf. Gn 3, 10-12). Il avait peur. Ce qui pousse tant de monde à faire un  détour jusqu’ici, c’est que vous êtes une fenêtre qui laisse passer la lumière. Ici, votre oui à la parole de Dieu décompose tout le moi pour créer un nouveau nous[1], disait un jeune théologien dans les années soixante-dix, devenu le pape Benoît XVI.

Dans une homélie du XIIIe siècle, un chancelier de l’université de Paris, Guiard de Laon, présentait François d Assisse comme un légat de Dieu et non du diable parce qu'il s’appliquait déjà son testament (no 14) : personne ne me montrait ce que je devais faire. Le Très-Haut lui-même me révéla que je devais vivre sous la forme du saint évangile[2].  Je conclus en citant approximativement son admonition (VI, 3) : c’est une grande honte pour nous serviteurs de Dieu […] de désirer avoir gloire et honneur. Ne soyons pas des comédiens de la Parole de Dieu et la gloire du Seigneur habitera notre terre (Ps 84, 10b). AMEN.

 

[1] Joseph Ratzinger cité par Augustin George dans  Appelés à la joie. Oser être prêtre, Éd. Médiaspaul, p. 188

[2] Forthomme, Bernard, Histoire théologique franciscaine,  Éd. Franciscaines, p. 64

 

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Date: 
Mercredi, 1 août, 2018

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