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2018-B-Mc 9, 38-43,45 - dimanche vingt sixième - certificat de conformité

Année B : vingt-six e dimanche ordinaire (litbo26d.18)  

Marc 9, 38-43,45 : Prisonnier  de certificats de conformité ?

Maître, nous avons vu quelqu’un chasser des esprits mauvais en ton nom (Mc 9,38). Si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le (9,47). L’Évangile de ce jour commence par le regard et se termine par le regard. D’abord un regard de jugement, puis un regard de convoitise.

La question que pose saint Marc est simple : quel regard avons-nous sur les autres ? Jusqu’où va notre ouverture aux autres ? Notre acceptabilité des autres ? Ressemblons-nous à Jésus pour qui la valeur de chaque personne ne fait aucun doute ? Quand Jésus s’offusque du regard étroit de ses disciples qui se sentent menacés parce que d’autres parlent au nom de Dieu sans pour autant être de leur équipe, il soulève LA question de notre capacité de nous convertir à penser comme Dieu et non comme les hommes. Il appelle à l’émerveillement que d’autres sont capables de vivre et dire Dieu. La réaction des disciples en est une de carriériste, celle qui fait tellement réagir le pape François. 

Jésus dérange en refusant d’exclure ceux qui ne sont pas avec lui. Il évoque le danger d’un mauvais regard de convoitise, de jalousie. Il dessine un beau projet de société, celui de ne  pas partir en guerre au nom de Dieu. Ce projet requiert de renoncer à cette tendance protectionniste ou communautariste. Les disciples ont renoncé à beaucoup pour suivre Jésus. Leur attitude de main mise sur le message démontre avec effroi qu’ils demeurent dans leur profondeur, prisonniers de certificats de conformité. Ils ont encore à apprendre à se convertir à penser comme Dieu.

Beau projet. Dangereux projet. Regardons nos réactions devant l’arrivée massive des migrants. Quel regard portons-nous sur eux ?  Avons-nous envers eux, au-delà des lois régissant l’immigration, un cœur ouvert, une attitude respectueuse surtout quand l’autre est une menace à notre identité ?  J’aime beaucoup cette réflexion de Jean Sullivan, grand écrivain et priant d’aujourd’hui, qui écrit ce qui a été dit, reste encore à dire.

Le merveilleux de cette page est d’éviter de construire des murs. On se dit chrétiens de gauche, de droite avant d'être de Jésus. On clame d’être des gardiens inflexibles du passé en refusant la diversité ou des avant-gardistes de l’avenir ouvert à tout vent de nouveauté.  Dans son homélie de la Pentecôte 2017, le pape François parlait de deux tentations en nous, celle de chercher l'unité sans la diversité et celle de la diversité sans unité.

Dans la première lecture, Josué était fier d’appartenir à Moïse, mais il refusait de voir l’Esprit de Dieu habiter le cœur d’Anciens qui n’étaient pas présents au rassemblement. Moïse, mon maître, arrête-les!(Nb 11,28).

L'évangile va dans le même sens. Il nous rejoint quand nous voulons régenter qui est de notre bord ou pas. Jésus appelle à une conversion radicale : ne pas exclure. Les mandats pastoraux, nos tâches comme chrétiens ne sont pas de contrôler l’Esprit, de diriger l’Esprit saint, de couper ou d’arracher, mais de le reconnaître et de l’authentifier pour la communauté. Nous ne sommes pas propriétaires de l’évangile.

Jésus veut des constructeurs de ponts, «des ouvreurs» de portes pour ne pas éteindre l'Esprit (1 Th 5, 19). Il refuse de voir ses disciples appartenir à un club sélect. Il rejette toute polarisation, celle d'être pour Paul ou Apollon (1 Co 3, 4), celle de la toute-puissance incompatible avec la «direction» qu’il souhaite.  Jésus brise cette mentalité d’exclusivité, d’esprit de clocher, de protectionniste de notre égo si désireux de grandir. Paul traduit cela quand il écrit : nous appartenons au Christ (Rm 14, 8).

Jésus nous appelle à innover en soutenant que ce que nous avons en commun est plus important que ce qui nous divise. On dit que l’argent (deuxième lecture) est la source de tous les maux. On devrait ajouter que l’envie de domination est aussi la source de toutes nos tensions.

Quel est l'esprit de ce passage ?

L’évangile nous appelle à renoncer aux ambitions dévastatrices, à l'obsession de nous-mêmes, à se laisser déranger par les événements, les personnes. Il nous appelle à entrer dans une nouvelle «économie», celle d'une diversité réconciliée. Le dialogue est toujours préférable au bavardage. Sur ce terrain, l’évangile ne fait que commencer. Sommes-nous comme chrétiens, des innovateurs de relation harmonieuse dans le respect de nos différences ?

Un beau projet d'Église

Il faut aller plus loin que la simple reconnaissance de l’autre. Il faut couper nos désirs de tout monopoliser, d’arracher de nos yeux tout regard imposant. Quelle amputation salvatrice ce serait si on pouvait réussir à couper, à arracher, à tuer en nous l’hégémonie d’être maître de tout! Laissons l’Esprit de Jésus couper en nous tout ce qui n’est pas évangile. AMEN.

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Samedi, 1 septembre, 2018

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