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2018-B-Mc 3, 20-21- samedi 2e semaine ordinaire- une vie «carambolage»

Année B : samedi de la 2e semaine  ordinaire (litbo02s.18)

Mc 3, 20-21 : Une vie «carambolage» 

Vous connaissez le mot carambolage. Il peut signifier télescopage, échauffourée, commotion, secousse, ébranlement  ou encore collusion. En ouvrant son évangile, Marc profile à travers l’exemple des gens de chez lui qui s’inquiétaient déjà des comportements de Jésus, une vie «carambolage».

Chaque page de l’évangile en est une d’échauffourée entre Jésus et son entourage. On dirait qu’il est suicidaire tant il est maladroit et peu diplomate. Tout ce qui blesse l’humain fait réagir Jésus. Il n’a pas froid aux yeux en prenant son repas aux tables des victimes de la société; il atteste que sa priorité est de rejoindre, jusqu’à faire alliance avec eux, les mal aimés, les insignifiants, et non avec les bien-pensants, les érudits de la société. Il refuse la tentation du pouvoir que lui présentait dans le désert son adversaire et qu’il repousse à chaque étape de sa vie.

Jésus ne prêche pas sur Dieu, il prêche sur l’humain. Il n’est pas venu «sauver» Dieu, mais libérer l’humain. Sa  parole n’est pas de restauration, mais de libération. Quand on lui reproche de se tenir avec des gens qui ne pratiquent  pas la religion, qu’on ne voit pas dans le temple, il répond qu’ils pratiquent l’entraide, la solidarité.  

Marc nous présente un Jésus qui soulève le peuple, qui ne respecte pas la lettre de la Loi en travaillant le jour du sabbat, en relativisant l’importance du Temple, en critiquant les bien-pensants, ridiculisant les docteurs, les détenteurs du savoir et du pouvoir. Faut-il s’étonner d’entendre dire que c’est un ivrogne et un glouton (Mt 11, 19), un hérétique et un samaritain (Lc 10, 25-37), qui agit sous l’impulsion de Belzébuth. Ce Jésus qui a perdu  la tête sait orienter les cœurs désorientés de ceux qui ne savent pas où aller et qui vivent dans les sous-sols de l’humanité (Carlos Mesters). Il est soleil levant qui éclaire ceux qui vivent à l’ombre de la mort et dirige les pas sur le chemin de la paix (Lc 1, 78). 

Des exemples. Soleil levant pour le centurion romain (Mt 8,5-13). Soleil levant pour les prostituées; et les traitres seront premiers dans le Royaume de Dieu (Mt 21, 30). Soleil levant par la femme adultère (Jn 8, 1-11) qui se voit délivrée de la lapidation. Soleil levant pour les lépreux qu’il touche (Mc 1, 41). Comment s’étonner d’un tel «carambolage» qui ouvre sur un chemin de paix?  Je m'étonne que nos représentations actuelles défigurent ce Jésus.  On le désincarne. 

 Pourquoi me direz-vous, cette longue observation des comportements de Jésus ? Pour revenir à imiter Jésus de Nazareth qui n’hésitait pas à questionner la religion de son temps. N’est-il pas légitime de nous demander si notre Église a perdu la tête ? Oui, quand elle se tient sur les parvis. Allez-vous-en sur les places et sur les parvis y chercher mes amis […] qui vivent dans la nuit.

Jésus a perdu la tête parce qu’il a regardé toutes les nuits de son temps, nuits des femmes rejetées, nuits des lépreux poussés hors des villes, nuits des publicains comme Lévi, assoiffés d’un souffle à leur vie.  Cette Église qui a perdu la tête, nous la retrouvons aujourd’hui; elle est bien vivante quand elle se tient dans les sous-sols de l’humanité. Elle est là dans ces milliers de petits gestes anodins pour venir en aide à tant de détresses. Elle est là quand elle ouvre ses presbytères aux migrants et leur assure un minimum de soutien. Elle est là avec sa voix frêle qui crie au milieu des déserts de notre monde; ne l’apercevez-vous pas? (Is 43,18-19). Elle est là quand elle ouvre ses deux oreilles, l’une, pour écouter le peuple et l’autre, pour entendre l’évangile, exprimait Mgr Angelleli, compatriote du pape François, assassiné parce qu’il dénonçait l’écrasement de son peuple.

Ce matin, rendons grâce à Dieu pour tous ceux et celles accusés d’avoir perdu la tête au nom de l’Évangile. Faisons mémoire de ces chrétiens engagés avec peu de ressource et beaucoup d’audace, d’espérance et de foi pour une terre sans paradis fiscaux. Faisons mémoire de ces chrétiens qui passent d’un vivre ensemble à un faire ensemble. Ces chrétiens n’ont d’autres volontés que celle de Jésus en se tenant en zone dangereuse, dans toutes les périphéries du monde. AMEN.

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Date: 
Vendredi, 1 décembre, 2017

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