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2017-A- Mt 5, 43-48 - samedi 1ière semaine carême- une perle amère

Année A : samedi de la 1re semaine Carême (litac01s.17)  
Matthieu  5, 43-48 : une perle amère  

Aimez ses ennemis. Mais comment cela va-t-il se faire (Lc 1, 34)? Comment mettre en pratique ces décrets (Dt 26, 16) ? Ce matin, surgit en moi cette même question de Marie: comment est-ce possible d’aimer quelqu’un qui risque de demeurer notre ennemi ? Comment est-ce possible d’en faire un ami ou seulement cesser de le voir comme ennemi ? Entendons la réponse que reçoit Marie : L’Esprit saint viendra sur toi (Lc 1, 35).

Devant cet appel totalement incompatible avec le Coran [et qui] montre bien que les chrétiens sont des faibles et sont méprisables, écrit Movhammed Moussaoui dans son récit de conversion (Joseph Fadelle, Le prix à payer, Éd. Œuvres,  2010, p. 192), devant ce comportement nouveau, difficile à envisager et plus difficile encore à mettre en pratique, une seule avenue s’ouvre : celle de recevoir l’Esprit qui viendra changer nos cœurs.

On ne le dira jamais assez, toute vie spirituelle commence par un mouvement de Dieu vers nous. De son Esprit vers nous. Convertis-nous, Seigneur, et nous nous convertirons (Jr 31,18). Fais-nous revenir, que ton visage s’éclaire et nous serons sauvés (Ps 80, 4).

Grégoire de Narek, docteur de l’Église, un grand témoin et un artisan de la paix du Christ, reconnu comme docteur de la paix, écrit, et je cite le pape lors de son voyage œcuménique en Arménie : Souviens-toi, [Seigneur], de ceux aussi qui, parmi la race humaine, sont nos ennemis, mais pour leur faire du bien : accorde-leur pardon et miséricorde […]. N’extermine pas ceux qui me mordent, mais change-les ; arrache-leur la mauvaise conduite terrestre, enracine la bonne en  moi et en eux (26/06/16).  0

Quand nous laissons notre  ennemi nous affecter dans nos profondeurs plutôt que de l'accepter comme il est, de l'aimer comme il est, nous le laissons contrôler nos vies. Nous oublions aussi qu’il est plus facile de dompter un lion que de réussir à dompter un moustique. Ce qui est gros, énorme, est paradoxalement «facile» à maîtriser. Ce qui est minuscule, l’est beaucoup moins,  parce qu’on y accorde moins d’importance. Nos confessions portent sur des choses si minuscules qu'on ne peut le dompter. Vu sous cet angle, quel gros bon sens que cette demande de Jésus, accompagnée de l’assurance que son Esprit ne nous fait pas défaut.

Le défi n’est pas, au moment où l’ennemi, cette consœur qui  empoisonne ma tranquillité, engendre tension et agitation intérieures, de chercher comment rétablir la paix et l’harmonie, mais de sentir la présence de Dieu à nos côtés. Plus l’ennemi prend de la place, plus le «lion» obstrue mon regard, moins la présence de Dieu devient sensible. Il nous faut alors réveiller Jésus parce que nous périssons.

Ce que Jésus attend de nous, c’est de prendre acte que l’ennemi ouvre devant moi un chemin «trésor» pour apprendre à aimer. Jésus ne nous dit pas  que c'est facile. Il nous assure qu’il est avec nous dans cette traversée et qu’il a pris ce chemin avant nous. Pour nous.

Mais attention. Cette demande de Jésus ne vise pas à changer l’autre, mais à changer notre regard sur l’autre.   Il souhaite nous voir regarder l’autre avec un regard nouveau sans l’enfermer dans ce qu’il a fait. C'est autre chose que d'oublier ce qui souvent est impossible, même après des années. Toute sa vie, Jésus s’est refusé de regarder l’autre à partir de ce qu’il fait. Il a cherché à découvrir le trésor caché dans un champ (Mt 13, 44), dans son cœur, en prenant le temps de le rencontrer. 

Jean Vanier offre un bel exemple de cela quand il rapporte qu’un accompagnateur entendit quelqu’un mourant d’une overdose, lui dire : vous avez toujours voulu me changer. Vous ne m’avez jamais accepté comme je suis. Voilà le sommet de l’amour que nous propose Jésus : aimer non pour changer notre ennemi en ami, mais pour l’accepter comme il est.

Dans le projet de Jésus, il y a plus urgent que de changer l’autre. C’est de prendre le temps d’une rencontre vraie. Il s’agit moins de le «guérir» que d’en prendre soin en refusant de l’enfermer dans ce qu’il a  fait. Oui, heureux ceux qui marchent suivant la loi du Seigneur. (Ps).  AMEN.
 

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Date: 
Mercredi, 1 mars, 2017

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