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2016-C-Mc 11, 27-33- samedi 8e semaine ordinaire- autorité en mode mineure :

Année C: samedi de la 8e semaine ordinaire (litco08.16)
Marc 11, 27-33 : autorité en mode mineur

Une observation de départ. Habituellement, le mot autorité laisse entendre un pouvoir détenu par quelqu'un d'autre. On parle de l'autorité d'un autre. Il y a un autre regard. L'autorité repose aussi sur la capacité d'entrer en relation avec les autres et non n’émanant d'un pouvoir décisionnel ni d'une domination tyrannique. L'expérience démontre qu'a de l'autorité quelqu'un qui ne s'impose pas, a une forte personnalité, maintient un style de vie effacée, a un charisme certain à valoriser l'autre. Mais qu'est-ce qu'avoir de l'autorité ? 
 
Vous en conviendrez, ce serait plutôt audacieux ce matin, de répondre à une question à laquelle Jésus lui-même refuse de répondre. Chez Marc, la question inaugure cette décharge à fond de train pour le faire périr. Il vient d'expulser les marchands du temple, de jeter la malédiction sur un figuier sans fruit pourtant hors saison (11, 12-14)  et qu'il trouvera asséché (11, 20-25).  Trop, c'est trop.

Les leaders religieux,  les notables et la foule voient Jésus comme quelqu'un de tout petit au milieu de tous (1 Th 2, 7). On connait ses parents. Il est de basse lignée. Il ne détient ni titre, ni prestige, ni aucun pouvoir. Jésus n'endort personne quand il prend la parole. On ne s'ennuie pas à l'écouter. Il ressuscite tellement de monde, les énergise tellement, dérange tellement qu'on veut sa mort. Il accomplit des gestes hors de l'ordinaire.

D'où lui vient tout cela ? Je risque une réponse. Jésus sait entrer dans les maisons, partager la table des mé-créants, les écouter. Il donne de la crédibilité au vécu des autres. Il manifeste qu'il aime tout le monde, qu'il est aimable envers tout le monde, agréable dans ses relations aux autres (cf. Joie de l'amour, #99). Il laisse beaucoup de place à la compassion. Il refuse de juger les gens et offre une parole qui rejoint leur vécu.

Bref, Jésus promeut une autorité en mode mineur. Cela signifie prendre soin des autres, savoir se remettre en cause, sortir de soi pour aller vers les plus petits, faire chaque jour l'expérience qu'on a plus d'intelligence à plusieurs que tout seul (cf. Cahiers spiritualité franciscaine, avril 2016, p.55). Une autorité en mode mineur nous montre un Jésus plus soucieux des autres que de ses propres intérêts. Cela donne de l'autorité à nos paroles.  Bon pasteur, il éveille le désir de quitter un enclos pollué pour vivre dans les grands espaces de Dieu.

Ce style Jésus nous indique un chemin: entrer dans les inquiétudes et peurs des gens ordinaires que semblent éviter les leaders religieux ; être touchés par leurs déceptions, leurs questions, leurs échecs, leurs doutes; donner de l'importance à leur expérience en apprenant leur langage. Ce style, celui de François, est dangereux. Ça risque d'être mal compris, de nous voir accusés de nous compromettre avec des gens douteux.

Paul VI, lors d'une audience, le 9 octobre 1968, disait que Jésus a mis en évidence un mot ancien chargé d'un sens nouveau: le mot « service ». L'effet Jésus part de là. L'autorité de Jésus passe par ce mot: je suis venu non pas pour être servi, mais pour servir (Mt 20, 28).  Le pape cite les célèbres paroles de Manzoni : il n'y a pas de juste supériorité d'un homme sur d'autres hommes, sinon pour les servir  (Prom. Sposi, chap. 22).

Questions : nos prises de parole aujourd'hui ont-elles tendance à endormir les vivants ? Sommes-nous capables, comme le pasteur Jésus, d'inviter les gens à sortir de leur enclos pollué pour celui des vastes espaces où règne la joie de l'amour ? Véhiculons-nous un message de proximité ou de jugement ? Réalisons nous que fermer les yeux devant les besoins du prochain nous rend aussi aveugles devant Dieu (cf. Dieu est amour, # 16).

À votre contemplation: nous n'aurons aucune oreille attentive tant notre autorité ne s'exercera pas en mode mineur, tant que nos paroles ne surgiront pas d'une écoute en profondeur des autres. Un rabbin, Abraham Joshua Herchel, disait qu'il demandait non pas le succès, mais la capacité d'étonner dans ses prises de parole. Ce pourrait être une belle demande à faire. AMEN.

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Dimanche, 1 mai, 2016

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