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2016-C-Lc 15, 1-3,11-32 -samedi 2e semaine carême - oser la bienveillance

Année C, Samedi, 2e semaine du carême (litbc02s.16)
Luc 15, 1-3-11-32 : oser la bienveillance

N'oubliez jamais ce que vous venez d'entendre. Ces paroles sont du grand écrivain Dostoïevski qui, mourant,  s'adressait à ses enfants après avoir entendu ce passage du père prodigue. Cette parabole nous montre un Dieu qui ose la bienveillance à notre endroit.  

Luc nous présente l'histoire de l'action de Dieu devant les déchéances humaines, celle des premiers habitants du monde, celle de David qui après son péché, préférait ne pas tomber entre les mains des hommes, mais plutôt tomber entre les mains du Seigneur, car sa tendresse est inépuisable (2 Sm 24, 14), celle de ce fils cadet qui en prenant la décision de revenir chez son père a dû pressentir sa joie de le revoir jusqu'à oublier sa fugue, celle de chacun d'entre nous.

Le Père refuse de regarder les méchancetés de son fils comme étant sa nature première. Alors que nous ris-quons de ne voir que les dérapages du fils, la réaction du Père nous montre que son fils est meilleur que mau-vais. Le Père court à la rencontre de son fils pour lui montrer en acte, par la remise d'un anneau au doigt, qu'il est fondamentalement bon malgré ses dérapages. Qu'il porte l'empreinte de l'image de Dieu. La miséricorde signifie selon son étymologie, avoir un coeur pour la misère de son fils. Ses dérapages. Reconnaissons-le, le regard de notre société, notre regard, sur l'humain est à cet égard terriblement négatif.

Jésus est audacieux; il pose un diagnostic de bienveillance à notre endroit, il privilégie un regard positif en accueillant avec bienveillance les  pécheurs jusqu'à manger avec eux; il était inacceptable, voire scandaleux, pour les chefs religieux. Ils n'en revenaient tout simplement pas. La parabole confirme et atteste qu'être pécheur est un privilège qui dans l'Évangile, séduit Jésus.

Ce matin, regardons, contemplons moins le fils cadet qui revient, moins le fils ainé qui n'a jamais goûté à la bonté de son Père, mais l'empressement de Dieu à prendre les devants (Péguy), à sortir vers nous. Contemplons le Père qui ose un regard de bienveillance à notre endroit. Contemplons son amour pour nous avant même que nous lui manifestions le nôtre pour lui. Contemplons ce Dieu qui le premier nous choisit sans égard à nos comportements. Quand nous contemplons cet amour jusque sur la croix, comme Claire d'Assise l'a fait, il nous est impossible d'avoir peur de Dieu.

Les paraboles de la miséricorde chez Luc, profilent sur chacun de nous un regard de bienveillance éternelle, comme l'écrit la théologienne Lytta Basset (Oser la bienveillance, Ed Alban Michel, 2014). Dès nos origines, nous sommes des bénis par Dieu et nous le resterons toujours. Nos regards humains sont conditionnés, depuis la faute , écrit la théologienne, par une perception négative de l'être humain. Jésus renverse ce regard d'un pessimisme radical que nous portons viscéralement en nous. Y a-t-il un Dieu comme toi ? Tu ne t'obstines pas dans ta colère, mais tu prends plaisir à faire grâce (Mi 7, 15). Avant de nous voir mauvais, Jésus nous voit bons. Notre méchanceté n'est pas notre nature première.

Dans une homélie, le père Gaumont, prêtre de l'Oratoire, offrait cette réflexion très révélatrice du Père de cette parabole. On dit souvent que les gens ne croient plus en Dieu parce qu'ils ont perdu le sens du péché. C'est l'inverse. Nous avons perdu le sens du péché, car nous ne savons plus qui est Dieu. 

À travers ce Père prodigue, nous côtoyons non le Dieu qui a terrorisé nos ancêtres, non le Dieu débonnaire qui permet tout, mais un Dieu qui ose la bienveillance. L'Écriture nous présente Dieu comme miséricorde infinie, mais aussi comme justice parfaite...La miséricorde de Dieu porte la vraie justice à on achèvement (Audience de François,  le 3 février). Ce Père courant vers son fils est l'acte sublime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre (VM #2).

L'Église vit d'une vie authentique, écrit saint Jean-Paul II, lorsqu'elle professe et proclame ce regard de miséricor-de aujourd'hui ( cf. Dives in misericordia, # 13) AMEN.

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Date: 
Lundi, 1 février, 2016

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