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2015-B-Mt 8, 5-17- samedi 12e semaine ordinaire- Une indignité qui attire Jésus

Année B: Samedi 12e semaine ordinaire (litbo12s.15)

Matthieu  8, 5-17 :  ce qui attire Jésus, c'est le sentiment de sa propre indignité

Vous en conviendrez, il y a des choses belles en dehors de Jésus. Il y a des choses belles en dehors de la foi.  Les chrétiens ne sont pas seuls à trouver qu'il y a du beau dans le monde. On peut être heureux, réussir sa vie, sans croire.  Dieu nous a fait tel que la vie, sans la foi chrétienne, peut être accomplissement. On n'a pas besoin de la foi pour vivre en humain, vraiment humain. Elle n'est pas essentielle. Elle est radicalement précieuse et permet de vivre de manière radicalement neuve (Fossion André, Dieu indésirable, Novalis, 2010, p.25). De cela, nous sommes tous les jours témoins.

Ce que la foi apporte, ce qu'amène avec lui le centurion, païen de surcroît, et qui a tellement séduit Jésus, est malgré sa renommée, son sentiment de n'être rien. Je ne suis pas digne. Il en a assez de se faire prendre pour un autre. Il en a assez de son ego. Du sien, de celui des autres. Voilà quelqu'un de grand qui reconnaît que sa grandeur, c'est d'être impuissant. Dépourvu. Sans ressource.  

La foi de cet homme est une porte qui donne accès à son être profond. Ce fonctionnaire royal nous oblige à affirmer que son sentiment d'indignité est un chemin d'accomplissement. L'indignité conduit à cette révélation qu'en nous, il y a plus que nous. Dieu est ton être et non toi, le Sien, reconnaît l'auteur du Nuage de l'Inconnaissance.

L'attitude presque émotive de Jésus devant ce personnage important qui se perçoit impuissant, confirme sa propre expérience. Jésus retrouve en cet homme ce qu'il vit lui-même, un échec appréhendé de sa mission. Il se sent dépourvu devant ce qui lui arrive. D'où son penchant naturel envers ceux qui reconnaissent éprouver un sentiment d'impuissance devant ce qu'ils vivent. Ce fut l'histoire d'Isaïe (6,1-2a.3-8), celle de Pierre devant l'ordre reçu de jeter à nouveau les filets (Lc 5, 1-11). Paul en parle comme une écharde dans la chair (2 Co 12, 7).

Celui qui prie cette page se sent atteint par la joie profonde de Jésus envers ceux qui ne vivent pas de l'hystérie de tout contrôler. Marc dessine ici dans cette rencontre de Jésus avec le centurion sur la route de sa passion, une sorte d'itinéraire du disciple, de tout disciple. Un immense sentiment d'impuissance. 

Itinéraire du disciple que celui de croire en ce Jésus qui nous déclare: va, que tout se passe pour toi selon ta foi. Que de croire que tout s'accomplit, mais seulement après avoir mis sa confiance en une parole. Itinéraire du disciple que de crier toujours plus fort comme l'a fait Bartimée (cf. Mc 10, 46-52), malgré les nombreuses voix intérieures et extérieures qui nous disent que la mission est impossible. Plus nos tumultes intérieurs nous éloignent de Jésus, plus nous devons rendre notre prière insistante. Plus la voix de notre cœur est couverte, plus elle doit insister vigoureusement jusqu'à couvrir le tumulte de nos pensées envahissantes [...] en persistant vigoureusement dans la prière, nous arrêtons en notre esprit Jésus qui passait (Grégoire le Grand, v.540-604, pape et docteur de l'Église, homélies, cité dans Évangile au quotidien).

Itinéraire du disciple que d'accueillir comme Abraham (Gn 18, 1-15) tous ces inconnus qui s'arrêtent dans notre tente jusqu'à entendre à travers eux la voix du Seigneur. Abraham partage son «chez soi» sans le savoir avec Dieu. Et nous, expérimentons-nous cela dans notre accueil ?

Dans notre accueil, il n'est aucunement question de bon sentiment ou de générosité, mais de notre propre humanité. Nous sommes nous aussi des étrangers. L’étranger qui réside chez vous sera pour vous comme un compatriote, et tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers au pays d’Égypte (Lv 19, 34; cf. aussi Mt 25, 35). Vous en conviendrez, pas nécessairement facile. Plutôt dérangeant d'accueillir une figure nouvelle chez soi. Chez nous.  

Observons enfin que c'est le serviteur malade qui a conduit à Jésus son maître. C'est souvent la maladie d'un proche qui nous conduit vers Jésus et qui nous fait entendre ce même appel qu'hier: va, que tout se passe pour toi selon ta foi. Ainsi se perpétue l'Évangile. AMEN.

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Vendredi, 1 mai, 2015

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