Année B: Mercredi 23e semaine ordinaire (litbo23m.15)
Luc 6, 20-26; Col 3, 1-11 : désirable le bonheur ?
Comment, aujourd’hui, rendre les béatitudes désirables? L’Évangile désirable ? Le christianisme désirable ? La réponse qui nous vient spontanément est d’être ou de continuer à être une Église qui maintient son option d’être empêcheuse de vivre heureux en imposant un chapelet d’interdits aux autres (cf. Monique Hébrard, pour une Église au visage d’Évangile Ed. Fidélité 2014). Ce qui est premier pour Jésus, ce n’est pas le système religieux, c’est de voir des cœurs épanouis, heureux. Le pape François réussira-t-il à nous convaincre de cela ? Surtout réussira-t-il à faire changer notre langage ?
Nous sommes marqués au fer rouge du langage du décalogue. Pourtant le décalogue, écrit le pape François dans l’encyclique Lumière de la foi (# 46) et cela s’applique aux béatitudes, ce «décalogue» du Nouveau Tes-tament, n’est pas un ensemble de préceptes négatifs, mais des indications concrètes afin de sortir du désert du moi autoréférentiel, renfermé sur lui-même, et d’entrer en dialogue avec Dieu et se laissant embrasser par sa miséricorde.
Le défi actuel est justement de démontrer que désirer une vie béatitude, c’est autre chose que de se priver de richesse, d’orgueil, de puissance. C’est choisir la manière de vivre de Jésus. Quand on est trop attaché aux choses d’en bas, déclare Paul (1ière lecture), on se trompe de chemin de bonheur. Faîtes mourir en vous ce qui appartient à la terre. L’adoration de l’antique veau d’or (cf. Ex 32, 1-35) que le pape nomme du mot esclavage, se poursuit.
Il urge présentement de démontrer que la rencontre de Dieu rend heureux et libre. Aujourd’hui, il semble difficile d’attester que l’Évangile soit chemin d’épanouissement et de réalisation de soi tant domine dans les esprits une liste interminable d’exhortations à «ne pas faire». Tant ne cesse d’émerger des profondeurs des cœurs des blessures profondes dues à des paroles de condamnation sévère prononcées par un représentant de l’Église.
Dans son magnifique livre sur Jésus , l’auteur, le père Antonio Pagola (Jésus, approches historiques, Paris, Cerf 2013) laisse voir toute son indignation quand il écrit que ce qui est intolérable, c’est qu’une loi empêche les gens de ressentir la bonté et la miséricorde de Dieu. Pour reprendre une expression d’André Fossion, jésuite, il est urgent aujourd’hui de rendre le christia-nisme désirable. La condamnation n’a jamais été le langage de Jésus.
Nous faisons tous l’expérience que lorsque nous osons entrer en conversation vraie au sujet de la foi émerge alors chez l’autre une forte perception que l’évangile ou plus précisément l’Église-institution est une entrave au plaisir, au bonheur. Autour de nous, on en a assez de ces donneurs de leçons qui font porter aux autres de lourds fardeaux (Cf. Mt 23, 4).
Oui, bienheureux, dit Jésus, celui qui n’est pas encombré de richesses à gérer, d’une réputation à entretenir, d’un ego qui prend toute la place. Nos vies sont tellement occupées à s’occuper de nos mois que nous ratons la cible du bonheur, celui de rencontrer Dieu. Nos vies sont souvent comme ce prêtre ou ce lévite qui passent près des cœurs blessés sans même s’arrêter (cf. Lc 10, 25-37).
Nous avons besoin chaque jour de nous convertir jusqu’à exprimer en actes et en paroles que la bonté du Seigneur est pour tous. AMEN.
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