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2015-B-Jn 15, 18-21-samedi 5e semaine de Pâques- le monde a de la haine contre vous:

Année B: Samedi 5e semaine de Pâques (litbp05s.15)

Jean 15, 18-21 : le monde a de la haine contre vous

Si le monde a de la haine contre vous. L'apôtre Paul a écrit aux chrétiens d’Éphèse : Le Christ a détruit le mur de la haine… Par le moyen de la croix, il a tué la haine  (Ep 2, 14-16). Jean vient d'ajouter: rappelez-vous la parole que je vous ai dite : le serviteur n’est pas plus grand que son maître, s’ils m’ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront… (Jn 15, 19-20). Jésus nous a prévenus ...vous serez persécutés. Il ajoute ces mots presque impossibles à entendre devant ces scènes d'horreur : priez pour ceux qui vous persécutent (Mt 5, 44).

Qu'il est difficile devant cette liste d'horreurs qui s'allonge chaque jour où des chrétiens et pas seulement eux, sont victimes d'une idéologie totalitaire qui sème la terreur, de ne pas laisser nos cœurs ronger par la haine !  Devant tous ces intérêts personnels de pouvoir que laissent voir ces actes de barbaries, la colère, oui. Les psaumes sont remplis de ce cri de colère contre le mal. Mais la haine, jamais. Nous sommes des héritiers de celui qui a tué la haine. Nous ne pouvons pas laisser la haine faire ses ravages en nous.

Devant ce silence, celui de nos dirigeants, le nôtre, le pape François pose cette question difficile à entendre: sommes-nous, par notre silence, complice de Caïn qui s'exclame suis-je le gardien de mon frère (Gn 4, 9)? Dans l'homélie des premières vêpres du dimanche de la miséricorde, il disait que ce n'est pas le temps de nous laisser distraire [par ces horreurs] mais de rester vigilants et réveiller en nous la capacité de regarder l'essentiel.  L'essentiel, et c'est ça la bonne nouvelle, Dieu a déposé en nous des germes non de haine mais de sa bonté. La manière de vivre de Jésus au milieu de la haine qu'on lui portait, nous indique le chemin. En Jésus se trouve la visibilité de notre manière d'être au milieu de notre société.

En janvier dernier, la planète entière s'est mobilisée pour dire non à la violence qui avait tué journalistes et juifs. Un cri a retenti,  «tous Charlie», même si plusieurs ne partageaient pas l'orientation de cette publication. Mais sommes-nous capables devant ces chrétiens et ces ethnies déportés qui subissent une violence inouïe, même la mort, d'être «tous chrétiens », tous pour les chrétiens d'Orient même si nous ne partageons pas cette option de foi ?

À ce cri d'être tous pour les chrétiens, l'Évangile ajoute un autre cri : tous ensemble contre la haine. Tous, croyants ou pas, chrétiens, juifs, musulmans, nous sommes des associés à un projet d'une terre sans haine, d'une terre neuve. En ouverture des premières vêpres annonçant la bulle de l'année de la miséricorde, François exprimait que la paix demeure comme le désir de nombreuses populations qui subissent la violence inouïe de la discrimination et de la mort, seulement parce qu’elles portent le nom de chrétiens. Ce temps pascal fait résonner je vous laisse la paix. Il fait retentir l'importance en ces heures où l'inhumain explose, de fixer notre regard sur le Père, dit la lettre Le visage de la miséricorde, afin de devenir signe efficace de [son] agir.

Le risque est grand présentement devant les horreurs actuelles de tomber dans la tentation du repli sur soi, du communautariste ou d'une communauté alternative (cf. Gagey Jérome, Les ressources de la foi, Éd. Salvator, 2015, chapitre 3) qui prône une sorte de «sortie du monde,» une sorte d'isolat (Cardinal Vingt trois). L'heure n'est plus à désirer plus de pouvoir sur l'autre au nom d'un Dieu ni, dit la Lettre aux catholiques de France  (nov. 1996), de proposer une contre-culture mais d'habiter ce monde et d'y proposer la bonne nouvelle qui appelle tout humain à remonter à la source. Je vous laisse la paix.  Un appel pascal à bâtir ensemble, mieux, à inventer, à engendrer ensemble, un milieu respectueux de nos différences.  Je vous laisse la paix.

Ce matin, cette page de Jean nous réveille. Nous éveille à la nouveauté de la bonne nouvelle à annoncer. Évangéliser n'est pas un mandat de convertir à notre façon de voir le monde, mais à annoncer cette bonne nouvelle, j'ai tué la haine. Demain, l'évangile précisera que cela nous conduit à un comportement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés... Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. AMEN.

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Mercredi, 1 avril, 2015

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