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2015-B-Jn 13, 21-33.36-38-mardi saint- Judas, est-ce nous ?:

Année B: Mardi semaine sainte (litbc06m.15)

Jean 13, 21-33.36-38 :  au milieu d'eux, il y avait aussi Judas

Il faut bien lire ce texte relatif à Judas. Le lire sans arrière pensée. Le lire sans sauter trop vite aux conclusions. Oui, Judas a trahi Jésus. Oui, Judas a été «trahi» par l'argent, ce vrai concurrent de Dieu, vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent (Mt 6, 24), dont il avait la responsabilité dans l'équipe apostolique. Oui, le parfum de Béthanie (Jn 12, 6) l'a révolté. Oui, il y a ce fameux que voulez-vous me donner, si je vous le livre (Mt 26, 15). Et ce Judas n'est-il pas le prototype de chacun d'entre nous ? Atténuons notre regard sévère sur notre «frère Judas». Au fond de moi, au fond de chacun d'entre nous, il y a un Judas qui a tout moment risque de se réveiller.

En insérant son nom dans la liste des apôtres, l’évangéliste Luc écrit quelque chose de très beau : Judas Iscariote celui qui devint un traître (Lc 6, 16). Judas n’est donc pas né traître. Il ne l’est pas au moment où Jésus l’a choisi. Il le devint. Nous sommes devant un des drames les plus sombres de la liberté humaine.

Pourquoi le devint-il ? Il y a eu l'attrait de l'argent. Il y a aussi chez lui, une grande déception. Jésus n'est pas celui qu'il attend. En appelant des disciples à le suivre, Jésus a pris les risques que son appel ne soit pas total, mais plutôt à condition que cela ne s'oppose pas à ma volonté.  Jésus a été trahi par un de ses proches. C'est ça l'humain.

Me vient en mémoire le récit de la Passion selon saint Matthieu de J.S. Bach qui me fait sursauter. À l’annonce de la trahison de Judas, tous les apôtres demandent à Jésus : Serait-ce moi, Seigneur ? Et le chœur répond:   C’est moi, c’est moi le traître ! Je dois faire pénitence !  Tout est dit, n'est-ce pas ?

Trahir, c'est l'expérience que nous faisons tous et toutes quand nous suivons Jésus à condition qu'il n'exige rien de nous, surtout pas l'abandon de notre sainte volonté. Cela se produit chaque fois que je passe outre près du samaritain tombé sur la route (cf. Lc 10, 25-37). Chaque fois que je trouve toutes sortes d'excuses, de circonstances atténuantes  pour m'éviter des gestes courageux pour favoriser la réconciliation, promouvoir des expériences de partage, jeter des ponts de dialogue, servir les plus faibles et les exclusCela s'appelle la culture de la rencontre dont parle le pape François dans son message du carême.

Pour bien entrer dans les sentiments de Jésus, de sa compassion jusqu'à interpeller Judas par ce mot bouleversant à entendre à l'heure de la trahison ami, contemplons le «trahi» Jésus. Demandons-nous comment nous réagissons quand nos meilleurs amis nous font mal ?  Les appelons-nous ami ? Et que dire du baiser que Jésus a donné à Judas en réponse au sien et qui n'était rien d'autre qu'un geste de tendresse à son endroit. Ce geste, le posons-nous quand nous sommes trahis ?

À l'heure où nous célébrons ces jours qui viennent comme des jours saints, Jésus nous montre ce qu'est l'inviolable amitié. À celui qui le conduit à la mort, il ne refuse pas son baiser de glace. Il ne lui retire pas cette marque ultime de sa douceur allant même jusqu'à l'appeler ami (Mt 26, 50). Par ce mot ami,  comme par ce baiser, Jésus annonce ainsi l'arrivée de notre bien, dit saint Augustin. Nos trahisons ne sont qu'un chemin pour entendre Jésus nous dire ami....je ne te condamne pas et de nous offrir un baiser de paix.

Dans l’histoire de Judas, ce qui importe le plus, ce n’est pas sa trahison, mais la réponse que Jésus lui donne et le baiser de paix qu'il lui offre. De même que Jésus chercha le visage de Pierre après son reniement pour lui donner son regard de pardon, Jésus a sans doute cherché Judas sur son chemin de croix, pour lui offrir ce même regard. Et quand sur la croix il prie: Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font (Lc 23, 34), il n’exclut certainement pas Judas qui avait exprimé son repentir en déclarant : j'ai péché en livrant un innocent (Mt 27,4). Ne serait-ce pas notre propre aveu en entrant dans ces jours saints. AMEN.

 

 

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Dimanche, 1 mars, 2015

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