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2014-A-Mc 5, 21-43 mardi 4e semaine ordinaire- Il a épousé notre souffrance.

Année A : mardi 4e semaine ordinaire (litao4m.14)

Marc 5, 21-43 : Il a épousé notre souffrance.

Savoir reconnaître la douleur de l'autre est une science peu partagée. Presque spontanément, lorsque quelqu'un nous fait part de sa souffrance, nous lui répondons que ce n'est pas si grave que cela, que ça ne va pas durer. Cela cache nos propres malaises devant la souffrance. Comme il nous est difficile de recevoir les confidences de quelqu'un qui souffre !

Devant la souffrance, Jésus ne parle pas. Les mots sont inutiles. Il n'offre pas non plus des réponses «diplomatiques». Il manifeste seulement sa proximité, mot cher à François, qui confirme qu'il n'est pas insensible à ces situations. Lorsque pour Dieu, dit le mystique Ruysbroeck (1293-1381), le temps semblait venu de prendre en pitié la souffrance de l'humanité, sa bien-aimée, il a envoyé son Fils sur terre […] il a épousé notre nature et l'a unie à sa personne.

Jésus a fait équipe avec elle lorsque, nous dit Marc, il la rencontre dans un père qui voit son enfant âgé seulement de douze ans à l'article de la mort, et dans cette femme dont les ressources de la médecine s'avéraient depuis douze ans, impuissantes à la soulager. Dans ces deux gestes, il y a un même message. Autant l'imploration de ce chef de la synagogue, homme publique respecté dont les avis sont recherchés, que la confiance de cette femme, anonyme de surcroît, indiquent qu'ils étaient dépourvus, n'en pouvaient plus de supporter leur situation. 

Une femme est guérie parce qu'elle a touché le manteau de Jésus avec toute sa foi. Une fille de douze ans revient de la mort parce que son père a été à la recherche de Jésus sur la route. C'est cela une foi à transporter les montagnes. Une foi qui sauve. Notons que ces deux personnes avaient une même caractéristique : elles se sentaient indignes de s'approcher de Jésus.

Ces personnes ont ouvert, dans leur vie, une brèche à Jésus. Elles ont refusé de vivre recroquevillées sur elles mêmes, de devenir des plaintifs compulsifs pour accepter de s'en remettre à un Autre. C'est ce que Francis Deniau dans son livre Chemins de vie, chemins de Dieu, (DDB 2014) appelle cette désappropriation personnalisante dont la confiance est le socle. Et la confiance ouvre sur l'espérance que quelqu'un peut nous aider.

Un homme puissant, une femme démunie confient leur destin à un autre. Ils se montrent à nu devant Jésus qui se laisse toucher. Affecter. Il leur dit : je suis de votre bord, vous êtes proche de mon cœur. Marc dit autrement cela: Va-ta foi t'a sauvée. Ne crains pas, crois seulement. Ailleurs, Jésus avait dit à Marthe devant le tombeau de son frère mort depuis trois jours déjà : si tu crois, tu verras.   

On rapporte qu'un jour, sainte Marguerite-Marie avait dit à Jésus dans sa prière : Je ne suis pas digne de toutes ces révélations, tu n'aurais pas dû me choisir, je me sens si pauvre!  Réponse de Jésus : Si j'en avais trouvé une plus pauvre que toi, c'est elle que j'aurais choisie. Le chef de la synagogue, la femme perdue au milieu de la foule se savaient parmi les plus indignes des indignes.  Ce sont  eux que Jésus a choisis pour leur manifester sa vraie nature de fils qui ressuscite et redonne l'espoir.

 Dans toute vie, il y a la traversée plus ou moins longue de la région de la souffrance. C'est durant cette traversée qu'émerge en nous, dans la foi, ce «sentir» Dieu, sa présence, sa proximité. De sentir ce besoin de toucher la frange de son vêtement.  Réalisons-le. C'est parce que nous, aussi, éprouvons ce besoin de toucher Dieu  que chaque jour nous le recevons dans nos mains. Saint Jean Chrysostome au IVe siècle a cette très belle réflexion : mais nous, malheureux que nous sommes, chaque jour nous touchons et nous prenons le corps du Seigneur, et pourtant tes blessures ne guérissent pas .Ce n’est pas le Christ qui nous manque, c’est la foi.

Que se réalise pour nous cette prière du psaume: écoute, Seigneur, réponds-moi, car je suis pauvre et malheureux. Dit autrement, entre dans mon cœur pour porter ma souffrance et fais que ce ne soit plus moi qui souffre mais toi en moi. AMEN.

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Date: 
Samedi, 1 février, 2014

Commentaires

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Comme il est doux de pouvoir mettre des mots sur la souffrance, comme c'est le cas dans cet exposé.
Merci pour cette belle réflexion.

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