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2012-B- Mtt.25,14-21- funérailles d'une mère très croyante- le fil de la merveille

MATTHIEU 25,14-21

De ses mains d’artistes, Dieu a créé une toile qui ne cesse d’émerveiller ceux et celles qui la regardent, l’admirent. Sous un ciel étoilé, il traça la lumière qui donne à la toile un effet de beauté éclatante. Le peintre-Dieu y plaça des montagnes jalonnées de cours d’eau, de la verdure qui offre des abris fruitiers aux êtres vivants, bêtes et bestiaux selon leur espèce.

Au centre de sa toile, Dieu dont la nature même est d'être regard de beauté et d'émerveillement, a peint un autre lui-même. Nous sommes à son image dit le livre de la genèse. Maurice Zundel, mystique du siècle dernier, ne cessait de redire qu'au centre de sa toile, Dieu inscrivit cette prodigieuse équation: l'homme=Dieu.

Nous sommes créés non pas de rien mais de l'émerveillement de Dieu sur nous. Au premier matin du monde, Dieu est sorti de lui-même afin de nous faire exister comme lui-même. La Bible est le récit ininterrompu d'un Dieu qui s'émerveille de la vie, de sa vie, qu'il a déposée en chacun d'entre nous. Nous humains, sommes créatures créatrices de sa Beauté (Bergson).

Voilà qui dit toute la vie de celle qui nous rassemble maintenant. Dans son carnet derniers fragments d'un long voyage (2007), Christiane Singer écrit et M....aurait pu signer cette affirmation qui me semble un autoportrait de sa vie :  notre devoir le plus impérieux est de garder le fil de la merveille. Grâce à lui, je sortirai vivante du plus sombre des labyrinthes.

Devant nos yeux, une femme dont la vie n'a été qu'émerveillement, même au milieu des épreuves dont celle de vivre auprès d'un époux qui supportait mal sa douleur permanente. Pour elle, la vie était belle, j'ajoute qu'elle était très belle. Il était tragique à ses yeux de vivre sans dépasser les noirceurs inhérentes à toute vie. Elle m'écrivait : Ma vie sera belle jusqu’au bout parce que c’est ainsi que je veux la vivre.  J’aurai besoin de LUI de plus en plus mais IL ne me laissera pas en plan. ....

M... n'opposait jamais l'émerveillement à l'épreuve. Pour elle, la vie était tellement belle que rien n'en entamait sa profondeur. Elle trouvait la vie partout. Des raisons de bien vivre partout et dans tout. Son émerveillement lui était nécessaire pour se maintenir en vie et pour éviter cette culture de la banalité, pourquoi pas cette dictature de la banalité que nous offre notre culture. Pour elle, c'était déjà merveilleux d'exister. Je veux vivre intensément jusqu’au bout, malgré ma maladie, ma relation avec cet Époux intérieur et si exigeant parfois. J’espère être capable de descendre vers Lui qui habite en moi, de descendre vers le Dieu Très Bas pour faire monter ceux qui m’ont été confiés.   

Un sage chrétien du X11e siècle Hésychius, disait émerveille-toi et tu comprendras. C'est parce qu'elle savait s'émerveiller sur les petites choses qu'elle a évité la dictature de la tristesse et son refus de mener une vie blasée.  Que d’heures elle a passé à ramasser ce que j’appelais ces « cochonneries » qu’étaient une brindille morte, une pétale de fleur, mais qui, transformée par ses mains, devenaient des petits chef d’œuvre de cartes personnalisées.

À l’image du Dieu Artiste, M....a fait de sa vie une œuvre d’art de toute beauté. Elle a fait sien ce chemin de s'oublier pour devenir, et je la cite encore, femme, épouse, ergothérapeute, physiothérapeute, consolatrice des affligés, infirmière, préposée aux malades, soutien psychologique et j’en passe. Sa vie nous dit en acte qu’aimer c’est mourir à soi-même, à ses besoins. Elle aurait pu signer ces mots de Jeanne Smith-Rouly, une mère de famille dont on a découvert ses notes intimes après sa mort que c’est quand je n’existe plus que le mot aimer prend tout son sens.
 

Artiste dans l’âme, artiste dans sa belle manière de vivre sa nuptialité avec son époux, dans sa nuptialité avec son Époux intérieur,­ artiste dans l’art de conserver sérénité et limpidité, artiste dans la joie qui dérangeait. J’ai réalisé hier à la messe m'écrivait-elle que ce que je perdrais en forces physiques, je pourrai le compenser par une plus grande sérénité, un abandon limpide, une joie de vivre les petits détails de la vie.  Ce sera ma façon discrète de témoigner de Sa présence. C’est quand je suis faible que je suis forte de SA présence.  Dans ma tête et dans mon coeur, il n’est pas question que je meure de peur de vivre.
 
  M... a maintenu la lampe de l'émerveillement allumée. Femme de passion, de générosité, de feu, de foi : J’ai le sentiment  que c’est à travers cette maladie stupide et insidieuse que je devrai porter témoignage. Témoignage de sérénité surtout. Témoignage de limpidité intérieure. Témoignage de tendresse. Femme amoureuse de la langue, trop vivante pour s'enfermer dans une vie sans vie, sans âme. Son combat fut de refuser la maladie de notre société, celle de vivre sans vie dont le leitmotiv se traduit par le fameux « à quoi bon». Toute sa vie, elle a gardé le fil de la merveille.

Puisse-t-elle maintenant entendre la voix de son Époux intérieur lui dire: Entre dans la joie de ton maître et viens t'asseoir à la table de l'eucharistie sans fin. AMEN
 

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Samedi, 1 septembre, 2012

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