Vous êtes ici

Recherche dans les textes de "À lire pour vivre"

2012 -B-Mtt 6,7 à 6,15 Mardi 1ière semaine Carême - dites «Père» sans en faucher sa beauté

Année B: Mardi de la 1ière semaine du CARÊME (litbc01m.12)
Matthieu 6,7 à 6,15 : dites «Père» sans en faucher sa beauté

Texte fondateur, s'il en est un, que celui de prier avec les mots de Jésus. Texte libérateur que t'entendre Jésus nous montrer que sa prière, sa relation avec le Père n'en est pas une de fuite de notre quotidien, qu'elle n'ouvre pas sur une sorte de mysticisme désincarné. Cette prière de Jésus rejoint cette invitation de Gaudium et Spes : C’est l’homme qu’il s’agit de sauver, c’est la société humaine qu’il faut renouveler.

Texte audacieux, voire subversif, tant la nouveauté de cette manière de prier n'était pas qu'«élévation» vers «son» Père mais engagement à vivre une démarche d'humanité, d'humanisation, à devenir davantage humain. Pardonne... donne du pain... évite le mal, de faire mal...Quoi de plus humain que cela! Texte béatitude tant il fait de nous d'«autre Christ», des «corps du Christ».  Texte terrien aussi, parce que Dieu ne se prie qu'avec des mots d'ici au risque d'en appauvrir sa richesse. 

Cette prière nous fait vivre comme Jésus. Elle nous fait chrétiens. Elle nous fait exister dans un esprit d'une double solidarité : solidaire du Père et du monde. Dans son livre Le souffle de vie, l'auteur Guy Aurenche (Éd. Albin Michel, 2011) affirme que Dieu, le Dieu-Père des chrétiens, n'est pas à chercher dans les cieux. Il est de peu d'importance de savoir où il demeure mais ce qui est premier est de vivre comme Jésus. Et Jésus a vécu les deux pieds sur terre avec le souci constant de combattre le mal-développement tout en vivant en permanence dans le cœur de son Père.

Tous les textes entendus depuis ce mercredi des Cendres sont des appels à demeurer les deux pieds sur terre. Ce temps trois fois saint réoriente nos regards vers la volonté de Dieu : donner du pain, offrir un pardon, ne pas contribuer de quelques façons que ce soit à la promotion du mal. Voilà le carême que j'aime, dit Dieu.

Saintetés, quand nous prions le Notre Père, Jésus nous indique qu'il faut penser non seulement à nous mais à tout le peuple. Le Dieu qui nous a enseigné la paix veut que notre prière embrasse tous nos frères (Saint Cyprien). Pourquoi Jésus a-t-il pris le temps de nous dévoiler sa manière de prier sinon pour voir unifier en nous notre union mystique avec le Père et le monde. L’unique question qui nous taraude est celle-ci : comment pouvons-nous vivre cette prière sans engagement à développer la primitive tendresse de Dieu (Maurice Bellet) qui nous l'a enseignée ? En ouvrant ce carême, les textes liturgiques disaient que le jeûne que j'aime est de faire tomber les chaînes injustes, délier, briser les attaches du joug, de partager ton pain (Is 58, 6-7).

Cette manière de prier de Jésus, si nous la comprenons dans toute sa profondeur, risque de nous scandaliser tant le sommet de toute prière est de changer nos manières de vivre entre nous.  Je suis venu  apporter le feu sur la terre (Lc 12, 49).  Dire «Père», c'est nous mettre au service d'une terre neuve à édifier, d'une terre où rayonne une joie indélogeable malgré ses incontournables détresses. Comment dire «Père», si en même temps, nous entretenons une concurrence sauvage qui appauvrit les pauvres et enrichit les riches ? Dans sa prière, Jésus confirme qu'il est impossible de «faire son salut» sans tenter par tous les moyens de sauver les «indignés», ces victimes de toutes les injustices. Impossible de nous tourner vers le Père sans devenir des «sauveteurs».

La seule quête de l’absolu représente une des pires tentations quand nos manières de vivre vont à l'encontre d'une terre de pardon, de solidarité, de justice. Cela s'appelle étouffer la  foi. En nous montrant comment prier, Jésus nous montre aussi comment vivre. Il nous fait passer d'une prière «rituelle» à une prière «engagée», capable de transfigurer notre terre en une terre solidaire. Faire carême - j'utilise l'expression de Jean-Paul II- c'est sortir de nos sacristies sécurisantes pour vivre notre foi en plein vent.
 
Nous rendons méconnaissable Jésus si nos temps de prière «élévation» à l'écart ne s'accompagnent pas de nos «sorties» qui montrent le Père et son grand projet de faire de notre terre son ciel.  Le Père, son Père et notre Père, signerait sans hésiter cette première réaction de Thérèse d'Avila entrant dans son nouveau monastère saint Joseph : Cette maison est mon Ciel. AMEN.
   

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Jeudi, 1 mars, 2012

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.