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2012-B : Lundi 5e semaine Pâques - Jn 14, 21-26 Nous portons en nous le Paradis

Année B : Lundi 5e semaine de Pâques (litbp05l.12)
Jn 14, 21-26  Nous portons en nous le Paradis

Pour définir Pâques, le théologien jésuite Joseph Moingt dit que quelque chose est arrivé à Jésus, quelque chose d'inexprimable, d'indéfinissable tant il dépasse nos mots humains. Quelque chose de vraiment nouveau qui change la condition de l’homme et du monde, disait Benoît XVI dans son message pascal. Ce quelque chose, c'est l'humain qui atteint sa plénitude.

Au matin de Pâques, Jésus est tellement habillé de la beauté de l'humain, de la plénitude de l'humain, tellement créature nouvelle, qu'il est méconnaissable. C'est un humain tellement accompli qu'il est divinisé.

Mais ce quelque chose qui est arrivé à Jésus, nous est aussi arrivé. Vous êtes ressuscités avec le Christ, clamait Paul qui ajoutait : votre vie reste cachée en Dieu (Col 3, 1). Notre existence ne dépend pas du jugement des médias sur nous, sur notre Église, mais repose sur ce que l'œil de nos caméras ne peut voir. Notre existence repose sur ce quelque chose arrivé à Jésus et qu'il nous transmet.

Et ce que Jésus nous transmet, nous le verrons durant ces «jours saints», n'est pas autre chose qu'être pleinement humain (Moingt. J. ; Burdelot, Y).  Ce n'est pas humain que de se détruire, de s'entredéchirer. Ce n'est pas humain de voir sans cesse la paille qui est dans l'autre. Ce n'est pas humain de ne voir que les ténèbres autour de nous.

Ce quelque chose, ce devenir pleinement humain, Jean vient de nous le décrire par des mots qui donnent le vertige si nous entrons dans la Parole. Si quelqu'un m'aime. Jean ne dit pas si quelqu'un est parfait et sans péché, mais bien si quelqu'un m'aime, si quelqu'un accueille ma parole, si quelqu'un se comporte envers autrui à la mode de Jésus,  alors mon Père l'aimera et nous habiterons en lui. Cette bonne nouvelle a fait dégringoler Zachée de son arbre (Lc 19, 1-10). Inimaginable mais vrai, le Père porte sur nous  le même regard de beauté qu'il porte sur son Fils au matin de Pâques.

Depuis le premier acte créateur et le second plus merveilleux encore, chante la liturgie de la nuit de Pâques, Dieu nous trouve beaux parce qu'il voit ce qu'il est. Son regard sur nous donne tellement de la dignité qu'il fait en nous sa demeure. Nous portons en nous le Paradis, écrit le carme Wilfrid Stinissen, o.c.d. Dieu, dit saint Irénée, s'est faitfils d'homme pour habituer l'homme à recevoir Dieu et pour habituer Dieu à habiter en nous. Jésus ne nous voit pas sortis du paradis (Gn) mais nous considère comme son paradis aujourd'hui. Sa demeure.

Dans son dernier livre Le paradis à la porte, l'auteur Fabrice Hadjadj écrit qu'étant incapables de porter une telle beauté d'être le paradis de Dieu, nous l'avons mis à la porte de nos vies. Que serait, se demande-t-il, un gracié ­ (c'est ce que nous sommes depuis le matin de Pâques) si nous ne portons pas sur nous-mêmes (et sur les autres) ce même regard (p.185). Le théologien jésuite Joseph Moingt dans son livre testament Croire quand même et qui se veut, à l'âge de 95 ans, un résumé de toute de son œuvre, affirme que parce que nous sommes incapables de nous laisser déranger par la beauté du regard de Dieu, de sa miséricorde, nous avons opté pour une religion toute extérieure, toute centrée sur la parure extérieure. Sur le faire.

Ce regard pascal de Dieu qui fait en nous son Royaume est souvent une épreuve (1ière lecture)tant il bouscule, interpelle notre propre regard sur nous. Nous avons été éduqués à examiner ce qui n'est pas beau en nous (examen de conscience), mais jamais à examiner ce qui est beau, par peur de nos enfler la tête.

Saints hommes, durant ces jours de retraite, n'évacuons pas ce regard de Dieu et sa beauté qui est indélogeable de nous. Nous sommes des images de son Image. Marie de la Trinité, dans l'un de ses épanchements mystiques, entend le Père lui dire : Tu es mon lieu et Je suis ta demeure  (Entre dans ma gloire, carnet 1942-46. Arfuyen, p. 119).

Notre beauté, celle qui se voit au delà de nos visages ridés, de nos déplacements avec nos marchettes, est une beauté évangélisatrice, qui ressuscite autour de nous une joie qui dérange.  À Marie, il est demandé de croire en la parole de l'ange : Toute est toute belle Marie. À nous, il est demandé de croire que nous sommes des beautés aux yeux de Dieu quand nos vies deviennent eucharisties vivantes, ce cinquième évangile que nos contemporains peuvent lire jusqu'en s'en délecter. AMEN.

 

Accueil :

Réjouis-toi, voici je viens, j'habiterai au milieu de toi. Le Seigneur se réveille et il sort de sa demeure (Za 2, 17).Et Paul nous dit: Vous êtes la maison que Dieu construit, n’oubliez pas que vous êtes le Temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous (1 Co 3, 9-17; Ep 2, 21). Devant une telle beauté humainement inimaginable, saint Bernard se pose et nous pose au début de cette retraite, cette question : Qui sommes-nous? Et il y donne cette réponse : je ne peux le dire qu'avec respect et crainte : sa demeure.

 

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Date: 
Mardi, 1 mai, 2012

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