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2011-A-Jn 8, 1-11- Lundi 5e semaine carême - Misère et miséricorde, la femme adultère

Année A: Lundi 5e semaine du Carême (litac05l.11)
Jn 8, 1-11 : Misère et miséricorde, la femme adultère 
 
  Nous venons d'entendre le double récit de la misère et de la miséricorde (saint Augustin). Le récit dramatique d'une humanité - c'est cela que représente la femme - otage de toutes les séductions que nous offre notre monde.  Et l'autre non moins dramatique d'un Dieu,  et je cite Paul VI dans une audience du 14 avril 1976,[qui] est venu au secours de notre humanité tombée en ruines après la rupture du premier anneau qui la rattachait à la vie même de Dieu. 

Le mot «misère» exprime notre condition, notre fatale anthropologie, précisait Paul VI. Le mot «miséricorde»  chante la bienveillance de Dieu qui vient à notre secours. Ces deux mots nous plongent, l'un dans la profondeur de notre humanité blessée que nous voyons tous les jours dans les événements dramatiques du Moyen Orient présentement, et l'autre nous élève au sommet de la révélation de Dieu dont le mystère pascal se déroule maintenant devant nos yeux. Ce matin, se présentent une prodigieuse révélation de notre état de créature entrainée vers le toujours moins qu'humain et celle non moins mystérieuse d'un Dieu qui se prescrit à lui-même jusqu'à la perfection, la miséricorde pour nous entraîner vers le toujours plus qu'humain.
 
Là où le péché abonde, la grâce a surabondé (Rm 5, 20). Dieu est riche en miséricorde (Ep 2, 4), dit Paul qui en a fait l'expérience sur la route de Damas. Dieu a tant aimé le monde (Jn 3, 16), répond saint Jean, qu'il y a laissé sa vie. Christian de Chergé, prieur de Tibhirine, répétait souvent ce verset du Coran (39,53): Vous qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu (L'invincible espérance, Bayard, 2010, p.101). La miséricorde est la plus grande des perfections de Dieu qui nous permet - et je paraphrase l'encyclique Dieu est miséricorde - de laisser Dieu nous juger dignes d'être sauvés jusqu'à contempler le roi dans sa beauté. Tes yeux, dit Isaïe, contempleront le roi dans sa beauté, ils verront un pays qui s'étend au loin (Is 33, 17).Cette page confirme que notre Dieu a  refondu le jugement des humains - elle est coupable- en salut... Je ne te condamne pas.  Dit autrement : devant nous, il n'y a plus de jugement, il n'y a qu'un salut réalisé.

La loi nouvelle qui pousse Jésus à clamer : va ne pèche plus le conduit à la mort. La loi, qui a autorisé scribes et pharisiens à condamner ce flagrant délit, les pousse en commençant par les plus âgés, précise l'évangile, à se retirer honteux d'être, eux aussi, pris en flagrant délit de leur aveuglement : En jugeant autrui, tu juges contre toi-même (Rm 2, 1). Notre humanité est de la même pâte, pétrie de la même fragilité que cette femme.

C'est à ce geste d'écrire sur le sol que nous connaissons désormais la grande compassion de Dieu. Dieu, et notre entrée dans la semaine sainte nous fera vivre cela, nous regarde comme un époux bafoué, qui malgré sa douleur, revient vers son épouse et veut reprendre vie commune avec elle pour rebâtir une alliance nouvelle.

Saintetés, aucune accusation ne peut vaincre la miséricorde. Aucune faute ne suffit à condamner l'humanité. Un jour du temps, Dieu s'est déclaré pour nous et pour notre salut et non contre nous. Il n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont dans le Christ (Rm 8, 1).La miséricorde est un baiser d'amour, un toucher d'amour (Dm, #8), précise Jean-Paul II, sur les blessures les plus douloureuses de notre humanité.

               Ce regard de Jésus sur nous, encore faut-il qu'il nous atteigne, nous blesse, dirait Jean de la Croix. Entendons Jésus nous dire, redire à toute l'humanité blessée : va ne pèche plus. Ce qui a fait dire à Augustin: j'ai détruit ce que tu as fait, observe ce que je te commande, tu trouveras ce que j'ai promis.

               À votre contemplation: à quelques jours de notre entrée dans la semaine sainte, la liturgie nous présente cette femme pour nous faire comprendre qu'être chrétien n'est pas une affaire de vertu mais bien celle d'une rencontre de deux solitudes : celle de la misère et de la miséricorde.  Nous le savons, Jésus est miséricorde mais la décrire est impossible tant elle n'est pas de ce monde. AMEN. 

 

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Date: 
Mardi, 1 mars, 2011

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