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2010-C-Lc 18, 35-43-Lundi 33e semaine ordinaire- mendiant aie pitié de moi que je vois

Lundi de la trente-troisième semaine du Temps ordinaire (litco33l.10)
Lc 18, 35-43 : mendiant aie pitié de moi que je voie
 
Nous savons bien que le Christ est venu illuminer ceux qui sont assis dans les ténèbres (Lc 1,79). Mais devant le geste que Jésus vient de poser- à moins de nous habituer à entendre cette Parole «vois» - nous demeurons stupéfaits, sans paroles. Jésus nous fait admirer quelque chose qui dépasse tout entendement humain. Il s'agit d'une merveille étrange, impossible à traduire dans nos mots humains sans en trahir le mystère. Je ne voyais pas, maintenait je vois (Jn 9, 24). Le paradoxe, c'est que ceux qui voient - peut-être sommes-nous de ceux-là ! - ne voient pas ce qui vient de se passer.

Nous voyons bien que Jésus, par ses gestes, continue de soulever l'ire des notables. Nous soupçonnons bien la joie de l'aveugle. Mais nous sommes tellement estomaqués que nous oublions de voir qu'un tel geste présupposait que Dieu brillait déjà dans le cœur de l'aveugle. Qu'il était déjà bien vivant en lui. D'où son cri : aie pitié de moi. 
 
C'est parce que Jésus - et cela traverse tout l'évangile - percevait la foi qui habitait les cœurs qu'Il pouvait agir ainsi. La foi en Jésus, la confiance en Lui, est le point de départ et d'arrivé des gestes merveilleux que Jésus posent. Souvent nous nous arrêtons à voir ce que Jésus fait sans voir la foi qui «oblige» Jésus a agir ainsi.

Devant notre foi en ce Dieu qui dort en nous  et qui nous pousse comme l'aveugle à crier, et qui «pousse» Jésus à intervenir, le questionnement de Syméon le Nouveau Théologien (Xe siècle) est le nôtre : Comment pénètres-tu, Dieu, à l'intérieur de ma cellule fermée de toute part? Ceci dépasse ma parole et mes pensées. Que tu viennes en moi...que tu le laisses voir ... [par la foi], cela me laisse sans pensée, sans voix, mon Dieu!

Ce matin, nous sommes en présence du mystère d'un Dieu plein de compassion - vois - qui nous habite, d'un Dieu qui dresse sa tente en nous, - et c'est cela la foi- et qui malgré nos aveuglements -trouvera-t-il la foi sur la terre (Lc 18, 8)-, nos poids d'être, nous pousse vers Lui. Mais une question surgit, celle du mystique Maître Eckhart : comment ce Dieu qui par définition est au-delà de tout, en dehors de tout de ce qui est créé parce que non crée, peut-il vouloir en même temps s'engendrer dans les ténèbres de nos cœurs ? C'est l'Esprit de Dieu qui parce qu'il est divin, parce que lui seul partage la nature de Dieu, (Syméon le Nouveau Théologien), c'est Lui et Lui seul qui permet à Dieu de venir en nous, qui permet à l'aveugle et qui nous permet de crier vers Jésus qui passe sur nos chemins.  

Saintetés, quelle merveille étrange, en dépit de failles de ce monde (de nos failles),  Dieu est en nous (Bienheureux John Newman). Quelle merveille étrange, c'est à travers nos failles, nos aveuglements, notre peu de foi, que brille le mieux sa présence en nous. Quelle merveille étrange, ce Dieu qui habite en nous, que nous laissons souvent seul au fond de nous-mêmes (prière d'Élisabeth de la Trinité); nous ne pouvons rien faire pour le mériter. Il se reçoit comme notre foi se reçoit. Simple?  Il ne faut pas d'effort pour croire, pour aller à Jésus. Il faut seulement bondir vers Lui avec cette ferme assurance (Héb 11, 1), cette totale certitudeque si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l'a ressuscité, tu seras sauvés (Rm 10,9).

C’est trop simple pour être vrai! Il n’y a pas assez de conditions à remplir!  Nous sommes souvent trop compliqués - pas encore entrés dans cette spiritualité des petits enfants - pour comprendre la beauté des paroles et gestes de Jésus en présence de l'aveugle et que nous présente autrement l'Apocalypse.
 
L'Esprit de Dieu en nous, sa présence en nous, nous fait anticiper cette promesse de bonheur dont l'Apocalypse - livre du dévoilement de l'Aujourd'hui de Dieu- nous fait entrevoir. Heureux celui qui lit, heureux ceux qui écoutent les paroles de cette prophétie ... qu'un fleuve de vie limpide comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l'Agneau (Ap 22, 1-7) coule en nous. Allusion, vous l'avez compris, au coté droit transpercé de Jésus.

Une eucharistie pour entendre ces mots rassurants de l'Apocalypse: parce que je connais ta conduite, ton labeur, ta persévérance... [parce que] tu ne manques pas de persévérance, [que] tu as beaucoup supporté pour mon nom... vois, ta foi t'a sauvé.  AMEN.

 

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Date: 
Lundi, 1 novembre, 2010

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