Année A : Vendredi 11e semaine ORDINAIRE (litao11v.08)
Mtt 6 19-23 trésor et mite
« Si tu as trouvé quelque part, le trésor d’Évangile, ne passe pas ton chemin, retiens-le. S’y attachera ton cœur (Lc12, 34). Si tu as trouvé quelque part, une perle précieuse, ne passe pas ton chemin, saisis-le. Tu seras ravi de joie » (Mtt13, 45). Ces mots extraits du CD « au secret du jardin » (Raymonde Pelletier et Yolaine Pépin) sont un appel à fixer nos yeux sur cet essentiel invisible, à veiller sur ce trésor d’Évangile afin d’être riche intérieurement. « Là où est ton trésor là aussi est ton cœur ». « Si ton œil est clair ».
Habituellement, quand nous voulons quelque chose, la question surgit : c’est combien ? Quand nous voulons ce trésor dont parle l’Évangile, il n’est plus question de nous demander, c’est combien, mais d’entendre en nous une voix qui nous dit « mon enfant, donne-moi ton cœur » (Pr23, 26). Pour posséder toujours plus, nous dépensons. Pour nous enrichir de ce trésor, il faut non plus dépenser, non plus acheter mais savoir perdre pour ne rien perdre. Savoir nous détacher de toutes ces futilités qui nous séduisent tant, nous sécurisent aussi parce que « nous attacher au transitoire, c’est nous détacher du permanent » (Grégoire le Grand V1e siècle).
Cette perle, ce trésor à coûter à Pierre et André de quitter barques et filets. Elle a coûté à la veuve dont le geste a tellement fasciné Jésus, deux piécettes d’argent (Lc21, 2), à celle de Sarepta « la poignée de farine et le peu d’huile qui lui restait » (1 Roi 10, 12), à un autre « un simple verre d’eau fraîche » (Mtt 10,42). C’est en refusant de perdre que nous sommes perdants. Nous accrocher à des biens transitoires, c’est vivre sur des fondations posées dans un fort courant d’eau. (L’image remonte à saint Grégoire le Grand). Nous risquons d’être emportés dans la dérive du courant, ballottés par le vent de la nouveauté.
Contemplatives, contemplatifs, étonnement, cette perle, ce trésor, ce Royaume de Dieu sont faciles à acquérir. Il s’agit de donner ce que nous sommes plutôt que de nous attacher à ce que nous avons, ces mites qui finissent par nous dévorer. Aux yeux de Dieu, nous pouvons toujours donner même si nous n’avons rien (comme la veuve) qiand nos cœurs sont remplis de Lui. Nous sommes souvent comme le pharisien en prière : ni voleur, ni injuste, ni négligent à faire pénitence. Mais il était vide de lui-même, « enflé » dit saint Bernard. Dieu semble plus chercher des pauvres dont les cœurs cachent un trésor de générosité, de détachement du peu qu’ils ont, que des riches qui veulent bien partager leur superflu. Voilà le Trésor à comprendre, à faire nôtre.
À votre contemplation, comme l’écrit Jean Cassien –et ces paroles prennent ici sur cette montagne tout leur sens - « plusieurs, qui pour suivre le Christ avaient méprisé des fortunes considérables, sommes énormes d'or et d'argent et domaines magnifiques, se sont laissés, par après, émouvoir pour un grattoir, pour un poinçon, pour une aiguille, pour un roseau à écrire… ». Vous comprenez que vivre de ces attachements – une aiguille, un ciseau- s’est nous tenir loin du privilège de la pauvreté, véritable trésor que Madame Claire vous a laissé.
Paul avait anticipé ce comportement humain quand il écrivait aux Corinthiens « J’aurai beau distribuer mes biens aux pauvres, si je n’ai pas la charité, cela ne sert à rien » (1 Co 13,3). Le chant du CD dont je mentionnais tantôt se termine ainsi : « Si tu vois surgir quelque part, une source d’eau vive, ne passe pas ton chemin, reçois-là. S’y abreuvera la vie (Is 12,3). Si tu as brûlé certain jour au feu de sa flamme (eucharistique), ce feu que tu prends en tes mains, nourris-le. Il consumera ton cœur ». AMEN
Accueil : Unissons-nous à ces chercheurs de Dieu, assemblés à Québec pour ce 49e congrès eucharistique international, avec eux prions Dieu de nous donner « un œil vraiment clair pour être tout entier dans la lumière » de la beauté de cette table de Vie.
Ajouter un commentaire