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2008-A -J Jn 6, 60-69 -ubilé de vie religieuse -Magnificat

JUBILÉ DE VIE RELIGIEUSE: 75, ANS, 70 ANS, 60 ANS ET 50 ANS (2008)

 

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Mon premier mot, saintetés jubilaires, Laurette (75), Alice (70), Germaine, Thérèse, Aline (60), Claire, Éliane (50) est « laissez-vous célébrer ». Laissez Dieu Lui-même vous célébrer. Laissez Dieu se réjouir de ce que vous êtes à ses yeux. Laissez Dieu « baisser les yeux » (Maurice Zundel) vers chacune de vous, jubilaires, pour vous dire que vous avez « du prix à ses yeux ». Entendez Dieu vous dire : «Heureux les invités au repas du Seigneur ». Heureuses êtes-vous, jubilaires, d’accepter, non sans émotions réelles et saines, l’invitation à « monter plus haut » - « Mon ami, monte plus haut  »(Lc 14,10) pour prendre « les premières places », pour « sortir de l’ombre », ces places d’honneur que l’Époux Jésus a réservées pour vous, près de Lui, à sa Table.

Dieu – pas n’importe qui - vous invite pour célébrer vos 75, 70, 60 et 50 ans à son service, à la suite de Mère Marie-Rose, dans cette inestimable mission de l’éducation et de l’enseignement de foi.

Pour vous dire, jubilaires, toute la beauté de cette fête, toute la beauté de ce que vous êtes à nos yeux, voici ces fleurs. Vous êtes de la beauté de ces fleurs. Vous êtes aussi habillées de leurs fragilités.

Voici ces fleurs, voici le merci de Dieu pour ce que vous êtes pour Lui.
Voici Sa reconnaissance pour ces longues années à Le servir dans l’enseignement, public ou privé, à la cuisine, dans le chant, l’aide et le soutien à vos consoeurs, - «jusqu’à être mon propre chef » – ou encore en terre éloignée ; en vivant, comme Lui, une vie trinitaire, en communauté.
  
Voici le merci de vos consoeurs, leur joie
d’humer au quotidien le parfum de votre sagesse…
de respirer « la bonne odeur du Christ » que vous dégagez….
  de s’émerveiller de l’arôme de votre foi tranquille au milieu de tant de restructurations qui déstabilisent.

Voici le merci de l’Église de Dieu,
pour ces nombreuses heures consacrées, avec patience et tendresse,
             à l’éducation….
pour vos labeurs à transmettre l’intransmissible vie de foi dans le cœur des jeunes que vous avez tant aimés….
pour l’avoir portée dans vos prières aux heures de gloire comme aux heures de grande perturbation….     
Jubilaires, recevez ces fleurs,
Recevez notre merci sincère et notre joie de vous célébrer
et je signe

JÉSUS-CHRIST.  

 

HOMÉLIE :               MAGNIFICAT !
Jn 6, 60-69
 
Tout au long de cette semaine – c’est crucifiant pour les homélistes – Jean nous a présenté, à partir de la multiplication des pains, sa lecture du mystère de Pâques. Mystère d’un Dieu venu nous dire que nous avons tellement de prix à ses yeux que, pour éviter que nous tombions de faim sur la route du retour, il nous fait asseoir à sa Table. Chaque eucharistie, c’est Dieu qui nous célèbre, nous ressuscite, nous donne du tonus en nous invitant à une table « cinq étoiles ».

« Il n’a pas suffi à Dieu de naître. Il n’a pas suffi à Dieu de passer pour un pauvre menuisier. Il a voulu davantage. Quand l’entourage de Jésus­,comme l’anticipe ce chapitre 6 de saint Jean, préparait sa mort, Jésus se préparait à devenir nourriture. Un Dieu nourriture. N’est-ce pas nous faire mourir d’amour ? »  Ces mots de Saint Thérèse des Andes (carmélite morte à l’âge de 20 ans, canonisée en 1993) sont admirables. Stupéfiants. Insensés. Étourdissants. Ce sont des mots qui ressuscitent. 

Nous sommes des invités à la Table de Quelqu’un qui, comme plat principal,  nous offre « la plus belle œuvre de sa vie» s’exclame Jean de la Croix. Un Dieu nourriture, c’était inconcevable hier. Ce l’est encore aujourd’hui.  Guillaume de Saint Thierry a bien compris cela quand il fait dire à Jésus : « Si tu as faim, si tu as soif et que tu n’aies pas mieux à portée de la main, prends-moi, je suis prêt à être immolé pour que tu manges ma chair et boives mon sang. N’aie pas peur de perdre les services de ton serviteur car en mangeant mon corps et buvant mon sang, tu ne me feras pas mourir ».  Des « mots qui me sont inconnus » (Ps). Des mots qui sont au centre de cette fête qui nous rassemble.

Jubilaires, nous célébrons aujourd’hui des « vies nourritures ». Des vies « données » en nourriture. Voilà ce que j’ai saisi en vous écoutant l’autre jour partager vos itinéraires. Que ce soit la joie à « rester dans l’ombre »du Père, le ravissement à faire découvrir à des associées le livre de l’Évangile, le plaisir de cuisiner, jusqu’à être « repas » nourrissant, que ce soit à travers l’accueil et l’écoute dans un camp de jeunes ou cette présence si importante comme technicienne en laboratoire où « j’étais mon propre chef », que ce soit comme enseignante ou musicienne, toute votre vie – je l’ai savouré l’autre jour, - dégageait la joie d’être des Mère Marie-Rose, d’être des « Jésus » « Marie » pour notre peuple.
 
La beauté de ce que j’ai entendu est inexprimable. Vous m’avez montré que votre vie apostolique a consisté moins à « FAIRE » qu’à « ÊTRE » – et c’est le plus puissant outil d’évangélisation - des « lettres écrites de la main de Dieu » (2 Cor 3, 3) que pouvaient lire ceux et celles que vous rencontriez. Paraphrasant Guillaume de Saint Thierry, je vous dis, une telle manière de vie –d’être « lettre écrite de la main de Dieu » - ça ne fait pas mourir – regardez vos âges -, même si c’est une sorte de mort à nous-mêmes. 

Jubilaires, cette célébration ce matin, nous ressuscite. Elle nous fait du bien. Elle nous donne des yeux de Pâques alors que nos yeux humains n’ont pour horizon, que nuages et ténèbres. 

Avec vous, vos consoeurs, je rends grâce à Dieu :

1) Vous êtes à nos yeux cette pauvre femme de l’évangile qui sans honte, sans pudeur, a versé ses deux piécettes dans le tronc, geste qui a tellement fasciné Jésus (Mc12, 41-44). Ce geste révèle le secret de vos cœurs, de vos vies. Vous avez tout donné.  Ce petit geste discret de cette femme déposant son obole, n’a pas été flamboyant. Sans la présence de Jésus, il aurait passé inaperçu. Il n’a pas fait de bruit mais du bien.  Il est bon d’humer à travers tous vos petits gestes - sourire, regard, parole anodine- « l’odeur de vos parfums »(Cantique), « la bonne odeur du Christ ». « Dieu n’a pas besoin » disait Cassien, « de notre force. Il a besoin de nos riens ».

2) Je rends grâce à Dieu pour ces heures que vous avez passées dans « la tente de la rencontre» (Ex33),  heures de grande intimité avec Dieu où vous avez comme Moïse, comme Mère Marie-Rose écouter sa Voix pour en ressortir – et Moïse ne le savait pas – avec un visage tellement rayonnant que vous avez donné le goût à d’autres d’entendre Sa voix.

3) Je rends grâce à Dieu pour ce que vous êtes dans votre Communauté : Beauté. Vivre ensemble est une « ordination » au service de la beauté mutuelle. C’est ça la charité. Pour vous, cette  «ordination» à une vie trinitaire, une vie en communauté, ne se réduisait pas aux choses matérielles. Vous avez appris à vivre « d’un seul cœur »(AA2, 46). Vous nous avez montré que vivre le ciel sur la terre est désormais possible.

4) Je rends grâce à Dieu pour ces années s’ajoutant aux années. Vous êtes demeurées. Vous avez durées. Vous avez tenu bon ou plutôt Il vous a donné la grâce de tenir bon. Vous réalisez maintenant que votre « oui » n’était pas le vôtre mais le «Sien ». Magnificat. « Mon âme exalte le Seigneur ». « Il s’est penché sur vos humbles personnes ». Magnificat. Vous êtes des chefs d’œuvre de sa miséricorde. Vous avez été aussi dans les mots de Catherine de Sienne, des « administratrices de Sa miséricorde ».

Simplement Merci. Vos vies, à travers et malgré vos fragilités, furent un délicieux, immense et parfumé jardin de la beauté et de la bonté de Dieu. Merci d’avoir jeté dans le champ de l’Église l’obole dont je parlais tantôt. Avec vous, je rends grâce à Dieu. Pour vous, je deviens « Fils de Dieu » qui vous célèbre en vous disant « mon ami(e), monte plus haut »(Lc14, 10), viens près de moi à ma Table pour y goûter mon Pain. AMEN.

 

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Dimanche, 1 juin, 2008

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