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2007 -C-Mt 25, 31-46 - mort tragique d'une religieuse tuée en habit deservice -

 MORT TRAGIQUE DE  SŒUR ESTELLE. S.P.
(15 août 2007)
Matthieu 25, 31-46


Questionné sur le sens de la mort, un enfant qui suivait les cours de catéchèse de sa paroisse, a donné cette réponse inouïe : « la mort, c’est ce qui nous reste à donner quand on a tout donné ». Il y a tout l’Évangile là-dedans. Elle résume toute la vie de Jésus qui a passé sa vie à tout donner jusqu’à donner ce qu’il avait de plus précieux : sa vie.  Avant de retourner vers son Père, Jésus a vécu pour les autres.

Avant de nous quitter, de « partir pour le Ciel » « de tomber entre les bras de Celui qu’Il a aimé » (Élisabeth de la Trinité), Sœur Estelle a vécu pour les autres.  Elle a tout donnée. Une telle manière de vivre, son héritage, ne peut mourir dans les cœurs de ceux et celles qu’elle laisse derrière elle. Sa manière de servir connaît maintenant son plein épanouissement dans la contemplation de Dieu. Celui qu’elle a contemplé en servant, «  j’étais malade, j’avais faim, j’étais en panne d’ordinateur… », elle Le sert maintenant sans intermédiaire. Mystère de foi. Mystère de la beauté de la Vie, d’une vie vécue en « forme de Dieu ». En forme d’Évangile.

Maurice Zundel écrivait que « la mort n’a rien de terrible (même si sa fin s’est produite dans des circonstances qui provoquent de la colère en nous) quand la vie n’a pas cessé d’être une rencontre avec Dieu ».  Réconfortons nous mutuellement pas ses Paroles !

Devant nos yeux, une « colombe s’est envolée dans la gloire. Elle a trouvé où reposer ses pieds et s’est établie dans la terre sans tache de l’héritage d’en haut. Que les cieux se réjouissent, que les anges applaudissent ». Ces mots que Jean Damascène appliquait à l’assomption de Marie sont les miens pour dire la beauté de cette vie donnée, livrée qui s’achève. Devant nos yeux, une incendiaire du feu que Jésus est venu allumer sur la terre. Sa manière de servir réchauffait les cœurs, allumait des feux dans les cœurs. (Lc 12, 49-53)

Quelle est belle cette manière de vivre « en habit de service » que nous lègue Sœur Estelle ! Quelle est belle sa passion d’incendiaire du feu que Jésus est venu allumer sur la terre ! Qu’il est beau ce feu de son baptême qui l’a consommée toute sa vie en brasier d’amour !  Qu’il est beau son FIAT « quand Dieu nous choisit, (son) FIAT quand il nous martyrise, (son)  FIAT quand il nous mène au sommet du Thabor ou dans les bras de la Croix. » (Marthe Robin) Magnificat !

Comme chacune d’entre nous, sa vie de foi fut éprouvée au-delà de tout ce qu’on peut imaginer. Malgré les croix, toutes les sortes de croix qui se sont intéressées à elle, qui lui ont souvent donnée rendez-vous, les siennes comme celles de notre monde, sœur Estelle s’est « tenue debout ». Elle s’est tenue debout aussi dans l’espérance. Elle n’a pas craint, malgré des échardes dans son corps, de prendre la route comme Marie pour aller saluer tous et toutes les personnes qui étaient, sans le savoir, « enceintes de Dieu » (saint Augustin). 

Toute sa vie, elle est allée saluer Dieu qu’elle voyait dans ses « amis » les mal-aimés de notre société. Elle n’a pas craint, au risque de sa vie, d’allumer par sa présence le feu de la joie, le feu de l’espoir auprès des estropiés de nos cités. Pour elle, être Évangile de Dieu, Parole vivante de Dieu, voilà ce qu’elle voulait, ce qu’elle recherchait aussi. Aujourd’hui dans la mort, cette femme, signe et qui fait signe, nous demande de porter un regard de compassion sur son meurtrier « car il ne savait pas ce qu’il faisait ».

Parce que toute la vie de Sœur Estelle fut de regarder « vers les réalités d’en haut », la foi nous dit qu’elle a maintenant revêtue l’éclat de la beauté d’une vie transformée.

Durant 81 ans, la vie de Sœur Estelle – et je paraphrase le Bienheureux Brandsma – « a  consisté en quelque sorte à devenir une autre Mère de Dieu  afin que Dieu soit conçu en nous et naisse »­ dans les cœurs. Saint François aimait redire que « la profondeur d’une vie se lit dans la puissance d’accueil ».  «  J’étais malade et vous m’avez visité, j’étais en prison, vous êtes venus jusqu’à moi, pauvre et vous m’avez habillé » (Mtt25)  La dureté ni la longueur du chemin n’ont pas arrêté son zèle, tellement elle était désireuse de rendre service, d’être « providence » auprès des tombés le long de la route.

A l’heure où se termine pour sœur Estelle une longue journée de travail, à l’heure où se tourne une page du grand livre de sa vie, entendons la liturgie nous redire « La vie n’est pas détruite elle est transformée ».  Recevons dans la foi ces mots de la préface de Pâques. « En mourant il a détruit notre mort, en ressuscitant il nous a rendu la vie. »

Jésus, ce « premier né de toute créature », Jésus dont saint Jean a écrit « que sans Lui, rien ne fut » (Jn 1, 3) nous donne à comprendre que cette fin d’une vie amorce un commencement. Comme j’aimerais durant ces heures de grandes douleurs que nous soyons en état de foi, en état d’espérance capable d’humer dans les très beaux mots de Claire d’assise  « ce parfum du Ressuscité qui fera revivre les morts.»

Je conclue par ces mots que sans doute sœur Estelle ajoutait quelque fois à la fin d’une lettre : « respectueusement vôtre. » Nous sommes loin d’une banale formule de politesse. Sœur Estelle fut une «lettre de Dieu» (Cor) pour nous. Une vie «respectueusement vôtre » s’achève pour nous. Une vie « respectueusement vôtre » commence en rendant notre sœur disponible à plein temps pour chanter la Gloire de Dieu. Sœur Estelle arrive à « la lumière, à l’Amour, à la Vie (Élisabeth de la trinité) ».  Ajoute un couvert à ta Table.  « Respectueusement vôtre », c’est la signature de cette vie qui s’achève et qui se métamorphose en eucharistie sans fin. AMEN

 

Je signe :

Jésus Christ par Gérald CHAPUT

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Samedi, 1 septembre, 2007

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