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2006-B-Jn 10, 31-42- Vendredi 5e semaine carême -en marche vers le service des services

Année B : vendredi de la 5e semaine du carême (litbc05v.06)
Jn 10, 31-42 : en marche vers le service des services

Nous sommes « tirés », « nés » du mystère de Dieu. Nous sommes non un «portrait», mais bien une «image» vivante de son propre mystère. Il y a en nous un ADN de Dieu. «Il est écrit : vous êtes des dieux». L’article premier du catéchisme clame que «Dieu nous a créés pour participer à sa vie». «Celui qui t’a modelé t’a aussitôt doté, par nature, d’une aptitude à voir Dieu» (Grégoire de Nysse) qui ajoute «mais le mal s’est répandu sur l’empreinte divine. Il a rendu ce bien inutilisable pour toi en le cachant sous des voiles souillés».

Pour effacer ce «mal répandu sur notre empreinte divine», pour que resplendisse à nouveau notre beauté initiale, tout l’effort de l’action de Jésus fut de mener une vie en accord constant de volonté entre lui et son Père. Cette «œuvre-là» a nécessité un détachement, un arrachement tellement douloureux que l’épître aux Hébreux précisait dimanche dernier «que le Fils de Dieu apprit à servir – le texte dit l’obéissance – par les souffrances de sa Passion».  Cet accomplissement des «œuvres de son Père» ne se fit pas sans déchirement intérieur. «Mon âme est troublée.»

Contemplatives, contemplatifs, aucune créature raisonnable ne fut-elle angélique, ne peut être sauvé sans renoncer à sa volonté propre pour la conformer à celle de Dieu. Nous sommes ici d’emblé situé au cœur du Mystère de cette semaine sainte qui nous fera voir ou plutôt contempler ce qu’est une vie offrande au Père dans ce qu’elle est de plus essentielle et de plus scandaleux aussi. «Celui qui perd sa vie la donne » « Si le grain de blé ne meurt. »

Cette semaine sera sainte si elle imprime en nous ce point d’orgue qui sous-tend toute cette page de Jean. Si elle burine en nous l’image d’un Jésus en état d’Exode, de Pâques qui consiste à ne plus vivre que pour Lui et non pour nous. Elle sera sainte si nous savons – et j’utilise ici une expression familière de François – porter les souffrances de notre monde parce que nous sommes «les frères et sœurs de Jésus (lettre aux fidèles)». Si nous savons porter «avec la force de Dieu (1 Pi 4,10)» le mal qui dépasse les limites de l’humain en le suppléant par le bien qui manque. Elle deviendra sainte si nous devenons «une seule volonté avec la volonté de Dieu de sorte qu’il ne soit plus possible ni loisible de vouloir autre chose que Dieu et ce qu’il veut. (Ruysbroeck)».  «Le service fondamental de l’Église est de porter pour guérir» (Benoît XV1 3 mars dernier à des évêques africains en visite Ad Limina) 

Nous sommes constamment écartelés entre cet empressement de voir Jésus « porter » nos reniements pour nous «re-introduire dans le Père », à s’abaisser devant la femme adultère jusqu’à écrire sur le sol et nos pesanteurs qui nous attirent vers le bas.  Ce qui faisait dire au théologien Hans Van Balthasar « que cette liberté de choisir lui faisait peur ». Il ajoutait cette demande qui est la nôtre : «donne-moi Seigneur de me tourner vers Toi et la force de me détourner de moi.»

Notre époque est marquée par le refus de cette manière de servir. Nous dépensons une énergie   incroyable, des efforts inimaginables pour nous détourner de ce que nous sommes : image d’un Dieu «service». D’un Dieu qui n’existe que pour disparaître dans l’autre. Qui pour demeurer en état permanent d’accueil va jusqu’à s’agenouiller devant la femme pécheresse.  «Ne vouloir que ce que Dieu veut» ne sera jamais un chemin d’anéantissement, mais l’unique moyen pour «être dans le Père et le Père en nous ».

À votre contemplation : ces mots de la légende major (14,1) qui fait dire à François  «Commençons à servir, car nous n’avons pas fait grand-chose jusqu’ici». S’il est doux de nous associer à «l’œuvre du Père», mais en regard d’en devenir Évangile, «nous n’avons pas fait grand-chose jusqu’ici». Nous sommes convoqués à la contemplation adorante d’un Dieu, grain de blé, nourriture. «Que cette eucharistie écarte de nous tout ce qui pourrait nous perdre» (Oraison finale) AMEN 
 

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Date: 
Mercredi, 1 mars, 2006

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