Année B : Dimanche 16e dimanche ordinaire (2006)
Mc 6, 30-34
« Venez à l’écart. Reposez-vous un peu. ».
Pour bien faire comprendre combien il est nécessaire d’accorder du repos aux disciples qui revenaient de « leur première mission », pour bien faire comprendre qu’un pause désert leur était incontournable pour leur éviter d’être « des misérables bergers », Marc poursuit en disant : « de fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu’on n’avait même pas le temps de manger ».
Malgré la foule sans bergers, Jésus refuse de se voir entourer de disciples crevés parce qu’il sait que « la qualité du disciple ne vient pas de ses actions, même les plus belles mais de la contemplation qui les a précédés et suivis (Gilles Vigneault) ». Quelle sagesse il y a la dedans pour notre aujourd’hui ecclésial!
Cette page est d’une grande actualité non pas parce que nous vivons une période de vacances mais bien parce qu’aujourd’hui comme au temps de Jésus, de celui de Jérémie (1ière lecture), les chercheurs de Dieu se font nombreux. Aujourd’hui comme au temps de Jésus, il y a une démesure entre cette soif spirituelle de la foule et le nombre de bergers. Depuis la lointaine antiquité, il y a chez les humains une grande soif de sens. Un grand besoin de rencontrer Dieu. Malgré les apparences, notre peuple « désire Dieu ». Saint Augustin disait « que tout humain n’est que désir de Dieu ».
Devant cette situation, cette tension entre le peu de disciples, leur besoin de repos et la foule qui n’a personne pour la guider, Jésus ne donne pas l’impression d’être pressé. Marc précise simplement qu’il « fut saisi de pitié parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger». Il ajoute : « Jésus lui-même se mit à les instruire ».
À l’heure où nous vivons comme Église ce manque de pasteurs, à l’heure où aussi un temps de repos a l’écart autour de Jésus, dans son intimité est un incontournable pour éviter d’avoir « de misérables bergers », il nous faut entendre « Jésus lui-même se mit à les instruire ». Le psaume disait tantôt : « le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer. Il nous mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre. »
Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est un manque de bergers. Ce que nous décrions aujourd’hui, ce que l’œil habile de nos journaux nous montre, ce sont de « misérables bergers». Ce que nous devrions voir aussi, et ils ne manquent pas dans l’Église, ce sont ces pasteurs, ces bons pasteurs, qui donnent silencieusement leur vie pour ceux qui leur sont confiés, et qui préfèrent la rudesse de l’Evangile du Christ au discours creux de la sagesse du monde.
Ce que nous devrions voir, c’est que Jésus est là « au milieu des chercheurs de Dieu de notre monde sans berger et qu’il se « met à les instruire. » Comment voir cela ? Paul nous a dit tantôt que la manière dont Dieu a choisi pour combler les chercheurs de Dieu, ce fut de leur « offrir le sang e son Fils ». C’est aussi notre manière.
C’est dans l’épreuve de la Croix que Jésus est devenu proche de la foule. kPar ce chemin, il est devenu berger de son Peuple. Il est aussi devenu modèle de tous les bergers à travers les âges. Pour nourrir cette foule en recherche de Dieu, pour éliminer « le mur de la haine » et « créer en Lui l’Homme nouveau » Jésus continue à « nous offrir son sang ».
Et nous sommes, nous ici ce matin à l’écart, par choix pour trouver le repos, pour nous re-poser en Dieu. Nous sommes aussi ici pour développer le regard de Jésus et voir au milieu des foules désorientés, des croyants inquiets pour l’avenir de leur Communauté chrétienne qu’il est ému pour elles. Il nous faut dépasser nos regards superficiels pour « voir » qu’aujourd’hui comme hier, Jésus rejoint des hommes et femmes pour les conduire, à sa manière, sur « des prés d’herbe fraîche et le faire reposer » (Ps 22). Pour porter sur eux ce même regard de compassion et d’espérance.
C’est pour cette foule que Jésus est venu et vient « annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix à ceux qui sont loin et à ceux qui sont proches et leur donner accès auprès du Père ».
« Dieu très bon, reste auprès de ton peuple, car sans toi notre vie tombe en ruine : fais passer à une vie nouvelle chacun de nous qui participe maintenant au sacrement de ton Royaume qu’est cette eucharistie. AMEN
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