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2006-B -Ascension- Mc, 16, 15- 20 : que ma renommée vous accompagne

Année B : Dimanche de l’Ascension (2006)
Mc, 16, 15- 20 : QUE MA RENOMMÉE VOUS ACCOMPAGNE

« Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » En m’adressant  à vous en ce matin de l’Ascension, en rompant pour vous dans cette homélie, selon la belle expression d’Origène, un Père de l’Église, la « lettre de l’Écriture » que je viens de proclamer, je fais de ma parole humaine, un sacrement de sa Parole. J’actualise le Pain de sa Parole. Ce mystère de dire Jésus est grand.  Il présuppose beaucoup de temps consacré à le Regarder, un long travail de contemplation pour Le laisser naître en nous.

Ce travail de faire naître la Parole, de proclamer la Bonne Nouvelle, de la diffuser n’est pas seulement la mienne mais la nôtre comme Église. L’ascension, c’est Jésus qui remet entre nos mains, les miennes, les vôtres comme grands-parents, parents, son pouvoir d’annoncer la Bonne Nouvelle. L’ascension  c’est le mystère  d’un Dieu qui se «  LIVRE ENTRE NOS MAINS ».

Jésus ne s’est pas seulement livré une fois pour toute sur la Croix de l’Histoire.  Il se livre entre les mains de l’exégète, de l’historien, du théologien, du critique, du scénariste comme on le voit dans le Film DE VINCI CODE, du baptisé.  Jésus « se livre », s’en remet à nous comme moi je me livre entre vos mains à toutes sortes d’interprétation. D’impression. C’est ça être humain. S’il s’était dérobé à cette remise de son Histoire, de son Identité de fils de Marie et de Dieu entre nos mains, il « n’eût point été un homme comme les autres » précise PÉGUY. (Péguy, œuvres complètes, 111 La Pléiade, p.1400).  Son Incarnation aurait été incomplète.

Jésus nous confie sa mémoire. Il la confie à notre « critique », à notre foi.  Jésus nous quitte pour ne plus être en dehors de nous comme il l’était sur les routes de la Palestine mais pour entrer en nous. Il nous quitte pour prendre possession de son héritage qu’il s’est acquis au prix de son sang. Il nous quitte pour prendre possession de nos vies, pour faire de nous son corps, ses membres afin que nous devenions sa Présence pour les siècles à venir.  Dieu nous confie son histoire à raconter.

« Me voici » est le premier mot pour en continuer sa diffusion. « L’heure est venue d’entreprendre une nouvelle évangélisation et vous ne pouvez vous retirer de cette tâche » (Jean-Paul 11 aux jeunes en 1989)  Désormais qui nous voit Le voit. Qui nous touche Le touche. Il nous quitte pour mieux nous investir de son sacerdoce. Pour que nos vies deviennent non pas des similitudes avec la sienne  mais une vie d’union à la Sienne tant la Sienne est devenue nôtre. Il nous quitte pour que nous «parvenions ensemble à la connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ »(2e lecture). Jésus remet entre nous mains son pouvoir de faire des chrétiens.  De faire de l’humanité une « créature nouvelle » ou la convivialité débouche sur l’extase mutuelle, où la paix confirme que nous sommes marqués du sceau de son Esprit.

Jésus nous confie la tâche de l’annoncer non pas de convaincre. De dire non pas d’imposer. L’annoncer, le dire avec autorité. Nous souffrons aujourd’hui d’une crise d’autorité. A l’heure ou nous sommes anesthésiés par le fracas de l’information et publicité non sollicitée, à l’heure ou les informations nous éveillent à une « culture de guerre plutôt que de communion » comme le souligne Benoît XV1 dans son message pour la journée mondiale des communications sociales (aujourd’hui) nos mots non plus de poids. Nos mots ne passent plus. Il faut les dépasser.  Dépasser nos mots pour qu’ils prennent sens, pour qu’ils fassent « autorité ». Dépasser nos mots pour parler « en connaissance de cause » de Jésus. 

Le défit de l’Ascension dépasse largement la question de savoir comment faire pour ne pas vous ennuyer quand je parle de Dieu. Le défi est de retrouver des mots qui font « autorité », des mots prononcés en connaissance de cause parce que nous les avons ruminés, contemplés. Cela passe comme Moïse par notre rencontre personnel avec le Dieu du Buisson Ardent. Moïse en descendant de la Montagne ne savait pas que son visage était brillant de Lumière. Le Buisson ardent  peut nous attirer jusqu’à faire un détour pour le voir. Il peut aussi nous  brûler. En jouant avec le feu, on se brûle.

Nous sommes ici pour nous laisser atteindre dans tout notre être pour notre plus grand bonheur par le virus de la Bonne Nouvelle, qu’est Jésus-Christ. «L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont témoins (Paul V1 Evangelii Nuntiandi #41). Nous avons mission de dépasser les mots, de porter les mots jusqu’à ce qu’ils se transforment et nous transforment en Parole de Dieu.  Et pour vous indiquer le chemin du comment relever le défi d’offrir des mots qui parlent, je vous suggère cet échange merveilleux du rituel de passation des pouvoirs d’un père brahman mourant à son fils :

 

« Je dépose en toi ma parole » dit le père. « Je reçois en moi ta parole » répond le fils. «  Je dépose en toi mon souffle » ajoute le père. « Je reçois de toi mon souffle » dit le fils. Et l’échange se poursuit ainsi : « Je dépose en toi ma vision, mon ouïe, mes actions, ma félicité, ma capacité d’engendrer, ma connaissance, mon cœur. » Chaque fois le fils réponds : « Je reçois de toi ta vision, ton ouïe, tes actions, ta connaissance, ton cœur. » Et le père termine son échange avec son fils par ces mots « que ma renommée t’accompagne » (extrait du livre des sagesses p.1557)

L’évangile vient de nous dire la même chose : « en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais, ils parleront un langage nouveau, ils imposeront les mains aux malades qui s’en trouveront mieux. Le Seigneur s’éleva au ciel et eux s’en allèrent proclamer la nouvelle ».

À votre contemplation, je vous laisse ces mots de Paul aux Éphésiens : « nous sommes ce don de Dieu fait aux hommes ». Et pour le devenir chaque jour davantage, la 1e lecture nous disait : «réunis autour de Lui, nous allons recevoir une force, celle de l’Esprit saint ». Le Christ s’éloigne s’en s’éloigner « parce que nous sommes Lui » «  jusqu’aux extrémités de la terre ». Honneur au Fils de l’homme qui nous introduit non seulement près de Dieu mais nous « introduit » au cœur de notre monde en disant à chacun de nous en qui il a déposé son cœur, sa connaissance, sa vision, son action sa félicité «que ma renommée vous accompagne ». AMEN

 

 

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Date: 
Jeudi, 1 juin, 2006

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