2025-A- 1er dimanche de l’Avent
Mt 24, 37-44 : de l’obscur jailli l’avenir.
Si nous dépassons le style apocalyptique de cette vision de Matthieu, nous percevons l’invitation à un grand jubilé, à une grande fête où est convié tout le monde. S’il en manque un seul, ce n’est pas pour tout le monde. Quand j’invite à une fête, j’ouvre mon carnet d’adresses, j’y retrouve des gens que je connais, des gens plus ou moins proches de moi, des amis. Mais ce n’est pas tout le monde. Nous ne penserions pas inviter un voisin dérangeant, un sans-abri croisé au hasard, un migrant terrorisé en attente d’être accueilli.
Tout le monde. La liste d’adresse de Jésus contenait les noms de tout le monde, incluant des Zachée (Lc 19, 1-10), des Lévi (Mc 2, 13-17), des femmes de mauvaise réputation (Lc 7, 37s), des Lazare (Lc 16, 19-31), des Larron (Lc 23,43), la pauvre veuve et sa piécette (Lc 21, 1-4). Ces gens sont tellement des amis proches de Jésus que Matthieu - et ce n’est pas anodin d’observer cela – n’a pas senti le be-soin de les mentionner quand il énumère les personnes touchées par les « intempéries ». Voici que je fais toute chose nouvelle.
Matthieu mentionne que ceux qui sont touchés par les « intempéries » sont ceux qui possèdent des terres à labourer, un moulin pour moudre le grain. Ils vivent insouciants, tournés vers eux-mêmes. On mangeait, on buvait. Ils n’ont qu’un seul souci : le désir de valoir, de se faire valoir.
Les « oubliés », ceux qui vivent dans les crèches du monde, écrasés par les injustices, les inégalités, ceux qui sont en attente de retrouver leur dignité bafouée, qui espèrent sortir d’une situation malheu-reuse, d’être regardé, entendu, attendent vraiment que quelque chose se passe dans leur vie.
Ils vivent éveillés, aux aguets d’une bonne nouvelle. Ils sont loin des temples, mais leur cœur est plein d’espérance. Ils sont cette pierre rejetée (Ac 4, 11) qui a visage aujourd’hui de ces jeunes de la DPJ ballotés d’une famille à une autre, des sans-abris, victimes d’un système économique qui les forcent à vivre dehors, de ces victimes d’agression de toute sorte et tant d’autres. Les « oubliés » de la liste de Matthieu sont nombreux autour de nous. Ils attendent que quelque chose de beau leur arrive.
En les « oubliant », Matthieu semble dire qu’ils savent veiller, attendre un jour meilleur. Ils savent es-pérer, attendre quelque chose qu’ils ne peuvent se donner, quelque chose qui n’est pas à leur portée, quelque chose comme le jour de Dieu. Ils attendent un petit geste d’attention, un petit cadeau comme un sourire, une invitation : mon ami, monte plus haut (Lc 14,10).
Savoir regarder les « oubliés » pour les placer dans nos cœurs, au haut de notre liste des invités à ce grand jubilé qu’est Noël. C’est le sens de notre Avent. Les « oubliés » sont ouverts, prêt à accueillir une bonne nouvelle. Ils vivent éveillés. Ils ne sont pas comme les gens de la parabole qui ont des yeux, mais ne voient rien, des oreilles, mais n’entendent pas et qui, à la fin des temps, demanderont : Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, ou soif, ou étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne t’avons-nous pas secouru ?
Je termine par un appel. Comprenons bien que les « oubliés » ne sont pas des personnes à aider. Ils ne sont pas des problèmes à régler. Ils sont une présence sacramentelle de Jésus (Dilixi te # 44). Ils sont des épiphanies du visage de Dieu. Des visages de Dieu aujourd’hui. On ne peut pas se préparer à Noël si nous passons à côté des « oubliés » sans les voir. Notre foi est morte, sans saveur évangélique (Dilixi te # 113) si nous ne voyons qu’ils sont comme l’eucharistie, des présences réelles de Dieu parmi nous.
Le moment est venu de sortir de notre sommeil et de revêtir des armes de lumière.
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