2009 -C FUNÉRAILLES D'UNE JEUNE ADULTE DE 24 ANS - Jn 6, 35-40

Accueil lors des funérailles d’une jeune adulte de 24 ans

La mort, c’est la vie qui se recueille, recueillons-nous pour accueillir en nous la Parole de Dieu… (silence)

Amis de Dieu, salut

Salut ! C’est le langage usuel de vous les jeunes quand  vous vous rencontrez. Un langage qui ouvre sur une communication entre vous. Sur la joie de vous retrouvez ensemble.

Salut ! C’est aussi le langage de Dieu qui vient dans ce Noël qui approche nous offrir une Parole « salutaire ». Dieu est venu nous dire salut. Voici je viens vous sauver. Nous n’en finirons jamais d’entrer dans ces mots tant ils sont d’une profondeur infranchissable.

Salut Marie Pier ! Dieu maintenant fait entendre à Marie Pier sa voix. Il lui dit simplement ces mêmes mots que vous avez partagés avec elle : Salut. Marie Pier vient seulement de changer d’adresse. Elle arrive chez Dieu qui la  salue avec tendresse.

Nous portons en nous une douleur, une tristesse devant ce départ à l’âge 24 ans. N’étouffons pas notre peine. Nous sommes ici, dans cette église, en chrétien, pour saluer dans la foi non la fin d’une vie mais le commencement d’une autre vie : Dieu veut notre bonheur pour toujours.

Devenons recueillement pour cette vie qui s’achève. Que cette eucharistie soit maintenant notre dernier salut que nous lui offrons, nous qui l’avons aimé, apprécié sa voix chantante, son dynamisme malgré une vie vécue en forme de maladie permanente.

Demandons à Dieu maintenant de lui offrir son salut miséricordieux et son pardon en sachant qu’il nous est plus facile de nous sauver que de nous perdre tant est grande, disait le Curé d’Ars,  la miséricorde de Dieu.

HOMÉLIE 

Que Salomon le très sage se taise ; qu’il ne dise plus : il n’y a rien de nouveau sous le soleil. (Saint Jean de Damas 7e siècle). Ce qui est nouveau, toujours nouveau, toujours à redécouvrir, c’est qu’un Dieu vient nous sauver. Un Dieu nous fait « créature nouvelle »,  créature qui jaillit du cœur d’un Père soucieux de nous réintroduire, nous humains moins qu’humains, dans la chambre nuptiale de son Royaume. 

Ce qui est nouveau, c’est qu’un Dieu est venu nous redonner notre beauté première, notre immortalité première. Nous étions sorti du paradis, par sa naissance, Dieu est sorti de son Paradis à notre recherche. Avec Adam et Ève, la mort a fait son entrée (Sg2,24; Rm 5,12) avec Jésus la vie –je dis le mot avec crainte tant il est incompris – éternelle nous est accessible. Aujourd’hui dans nos ténèbres, le Christ brille. Aujourd’hui dans notre mort a paru la vie. Aujourd’hui dans notre monde chante les 1ières de Noel, le Verbe est né. Aujourd’hui dans notre mort est semée la vie. Aujourd’hui dans notre chair humaine est entré le Vie.  Si nous entrons dans la Parole de Dieu plutôt que la recevoir de l’extérieur, nous saisirons que l’histoire du grain de blé est celle d’un Dieu – et c’est le sens de Noël que nous célébrerons bientôt -  qui en s’abaissant devient chemin de vie.

Parce que Jésus, le centre de l’histoire, Fils de Dieu a connu la mort, cela a transformé notre mort en un « bien » précieux, une sorte de perle rare. C’est un grand malheur qui d’ignorer cela affirme le Starets Silouane. Dieu est venu, s’est fait l’un de nous, est entré dans notre histoire pour allonger nos jours, les prolonger en les faisant entrer dans le Sien (Dom Augustin). Il est venu nous dire que nous ne connaîtrons pas la mort : nous sommes sauvés. Il s’est fait homme pour que nous soyons divins. Devant cette beauté de la mort, François d’assise a terminé son cantique de la création en disant : loué sois-tu pour notre sœur la mort !

Nous ne finirons jamais de comprendre, de saisir ses paroles, ce grand mystère de foi. Jésus s’est fait l’un de nous pour que nous devenions éternels chante la préface de Pâques. Je suis la résurrection et la vie. Si le grain de blé ne meurt.  Venant du grand jour de l’éternité, Jésus introduit dans notre temporel un grand jour éternel (Saint Augustin). Dieu  nous a faits la grâce de devenir ses préférés, ses épousés disent les mystiques. Nous étions loin de lui et nous sommes devenus proches de Lui et Lui de nous dans le mystère de sa mort.

Et nous sommes ici devant Lui, en sa Présence, pour célébrer la rencontre de Marie Pier avec ce Dieu qui est notre unique salut.  Dieu est ce qu’il dit. Nous sommes ici pour entendre Dieu frapper à la porte de Marie Pier et l’inviter à faire entendre maintenant  sa belle voix chantante aux habitants de sa maison éternelle.  Et c’est cela la « nouveauté » qui révolutionne nos vies.  Sa voix chantante ne se tait pas. Elle s’adresse désormais aux habitants du Ciel.

Devant nos yeux, une tombe qui cache une espèce de vie nouvelle. Marie Pier a été pour les siens une lettre écrite de la main de Dieu. Une lettre chantante. Dieu maintenant reprend cette lettre. Reprends cette belle voix. J’en conviens ce sont des mots mystère. Des mots mystères, ce sont des mots qui se laissent découvrir qu’après un long travail de recherche. Au début nous ne voyons que des lettres dans un carré, puis à force de travail, nous découvrons des mots cachés. Il nous est demandé maintenant d’entendre qu’il est grand ce mystère de foi.

Amis de Marie Pier, nous vivons ensemble des heures de grand sens parce que dans la mort, la victoire est certaine (Bonhoeffer). De grand sens parce que Marie Pier vient de passer d’une vie en forme de souffrance permanente à une vie en forme de vie bienheureuse.  Notre foi nous invite à projeter sur cette mort un regard qui sauve et qui nous sauve dde maintenir en nous une "triste" tristesse. Notre foi nous pousse à nous donner un regard qui voit au-delà du visible. L’Évangélise Marc nous dit que souvent nous avons des yeux et que nous ne voyons pas.

Rendons grâce à Dieu par ce que nous avons vécu avec Marie Pier. Pour elle maintenant, pour cette courte de vie qui s’achève, devenons eucharistie. Puisse Dieu l’accueillir à la table de son eucharistie sans fin. AMEN