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2013-C- Lc 13, 18-21 Mardi 30e semaine ordinaire- la minorité comme force

Année C : Mardi 30e semaine ordinaire (litco30m.13)

Lc 13, 18-21 : graine de moutarde

Le journaliste Eugenio Scalfari, dans son entretien avec François, lui fait observer que [vous] les chrétiens, vous êtes désormais en minorité. Et François lui répond : Nous l’avons toujours été, mais la question d’aujourd’hui n’est pas celle-là. Personnellement, je pense qu’être une minorité est en fait une force. Nous devons être un levain de vie et d’amour et le levain est une quantité infiniment plus petite que la masse des fruits, des fleurs et des arbres qui naissent de ce levain.

Le mal le plus pernicieux qui nous affecte est celui d'être obnubilé par ce qui est grand, puissant. Nous avons un travail de déconstruction à entreprendre. Dieu n'est pas ce que nous croyons. Notre Église, et c'est une grâce de notre temps, n'est pas dans la place d'exception (Joseph Moingt) qui fut la sienne durant des siècles. La première place ne lui est pas réservée ni celle d'être un simple patrimoine de notre terre d'ici, d'ailleurs.

Il y a actuellement des chrétiens éteints tant toute leur foi reposait sur une structure de puissance. Le pape François affirmait qu'il y a des chrétiens qui n'éclairent plus, des chrétiens fatigués qui vivent leur foi sous le lampadaire. Si le sel perd de sa saveur avec quoi va-t-on le saler ? (Mt 5, 13)

Faire mémoire de cette graine de moutarde de nos origines ne signifie pas seulement d'en avoir le souvenir. Il faut nous efforcer à comprendre quel est le message qu’il représente aujourd’hui pour que la mémoire du passé puisse enseigner au présent et devenir lumière qui illumine le chemin du futur. Ces mots, François les écrivait pour souligner le 70e anniversaire de la déportation des juifs de Rome (Octobre 1943). Ils peuvent devenir pierres d'assise pour reconstruire autrement nos regards.

La graine de moutarde est une mémoire de notre futur, un appel à ne pas être enfermé par [ce qui est] le plus grand, disait François dans son entretien aux jésuites. C'est la base et le fondement de nos vies de foi. De l'Évangile. Notre douleur présentement vient d'un regard à partir d'un passé qui avait toutes les allures d'un éloignement de nos origines. Notre regard aujourd'hui n'est-il pas celui de la religion publisac ?

 

De nombreuses communautés chrétiennes existent dans le monde. Des gestes de solidarité, de mise en commun se multiplient au centuple dans notre monde; la presse n'en parle pas parce qu'elles n'ont pas d'apparences. Par peur aussi de prosélytisme. Ces gestes ne sont que des graines de moutarde qui portent l'avenir de notre présent. L'ascèse de la petitesse, l'ascèse de la faiblesse comme en parlait si bien Dom André Louf, c'est le cœur de l'Évangile. C'est le grain qui pousse sans qu'on le voie, le jour comme la nuit. Il nous faut réinterpréter en plus petit l'héritage qu'est l'Évangile pour qu'il soit crédible. 

La question de Dieu posée à Jérémie est d'une grande actualité. Que vois-tu, Jérémie ? Le prophète lui répond : Je vois une branche de veilleur. Dieu reprit : Tu as bien vu, car je veille sur ma parole pour l'accomplir.  Disons-le sans détour. C'est une révélation du mystère de Dieu. De sa manière d'agir. Dieu ne fait pas de bruit. Il n'en a pas besoin pour promouvoir sa Présence. Saint Bernard l’a dit et redit : L’amour ne connaît qu’une mesure, celle d’être au delà de toute mesure. Tel est l'histoire de cette graine de moutarde.

Notre Dieu est un Dieu faible sans autre lieu pour naître que les entrailles d'une femme, la plus dépouillée qui soit dans l'histoire d'Israël et dans la nôtre. À quoi bon rêver de grandeur quand la puissance de Dieu est dans sa faiblesse. Notre Dieu a un faible, c'est son péché mignon, pour ce qui est sans valeur. Paul dit qu'il est descendu de sa gloire, s'est anéanti pour nous redonner de retrouver notre propre grandeur. O homme qui es-tu ? Et le psaume huit répond : Tu l'as voulu un peu moindre qu'un Dieu, le couronnant de gloire et d'honneur.

Nous ne sommes qu’au début d’une longue marche vers une mutation à peine inaugurée. Comme elle est profonde cette affirmation du prêtre-écrivain de l'intériorité, Jean Sullivan : Quand une cause commence à triompher il est temps de prendre ses distances et de s’insurger contre ce qui ressemble en elle à ce qui fut vaincu.  Il y a toute l'eucharistie que nous rassemble maintenant là-dedans. AMEN.

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Mardi, 1 octobre, 2013

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